Né à Buenos Aires en 1948, Alberto Manguel a vécu tour à tour en France, en Israël, en Grande-Bretagne, en Italie, en Allemagne et à Tahiti. A l’âge de seize ans, alors qu’il travaille dans une librairie, il rencontre le grand écrivain argentin Jorge Luis Borges, rencontre qui marquera son existence toute entière : pendant deux ans, chaque soir, il fera ainsi la lecture au vieux gardien de la Bibliothèque Nationale à Buenos Aires, devenu aveugle. Auprès de lui, il apprend, comme il aime à le raconter, à conjuguer le verbe lire avec le mot plaisir et prend conscience du rapport intime et presque charnel qui peut s’établir entre un texte et son auteur.Essayiste, romancier, critique littéraire, éminent polyglotte et traducteur de réputation internationale, il a publié de nombreux ouvrages. Alberto Manguel est chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres depuis 1996. Devenu citoyen canadien en 1985, il s'est installé en France en 2001.
L'humanisme libéral de Manguel passe à travers le filtre d'une sensibilité hors norme. Juif argentin, père, homosexuel et écrivain qui a choisi d'écrire en anglais mais est entré dans le monde littéraire anglophone par le Canada, Manguel complique son idéal par une foule d'idées contradictoires. Le résultat, c'est un essayiste qui défend Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, face aux accusations de racisme portées par Chinua Achebe; puis offre une interprétation romantique de la carrière révolutionnaire de Che Guevara. Dans les deux cas, il met l'accent sur l'intégrité d'un certain type de littérature.
Manguel le lecteur est aussi Manguel le survivant: il appartient à cette génération de jeunes Argentins dont les grands intellectuels ont disparu en masse sous le régime des généraux. Un essai, dans lequel il raconte son initiation à la littérature et à l'amitié, à l'adolescence, grâce à un professeur passionnant et à la protection informelle de la romancière Marta Lynch, se termine par une succession d'atrocités:«Une autre amie, dont le nom semble aujourd'hui avoir disparu avec elle, si petite que la dernière fois que je l'ai vue elle paraissait âgée de douze ans alors qu'elle en avait seize, fut capturée au cours d'une rafle, enchaînée par les pieds à d'autres prisonniers et jetée d'un avion militaire dans le Río de la Plata. Le frère d'Estela, qui avait à peine quinze ans, disparut un après-midi alors qu'il se rendait au cinéma. Son cadavre fut déposé, dans un sac postal, sur le seuil de la maison de ses parents, si horriblement mutilé qu'il en était pratiquement méconnaissable.»
Manguel apprit par la suite que le professeur qu'il aimait tant - «Il nous connaissait tous si bien» - avait renseigné les escadrons de la mort.
Broché: 163 pages
Editeur : Actes Sud (5 janvier 2009)
Collection : Lettres anglo-américaines
En partant de la question d'un problématique "être-ensemble" contemporain, auquel s'associe le thème de la montée de l'intolérance dans nos sociétés, Alberto Manguel s'interroge sur les conditions qui rendraient possible l'avènement d'une authentique expérience multiculturelle. Et de se tourner vers les visionnaires, les poètes, les romanciers, les essayistes et les cinéastes, forts du commerce que chacun d'entre eux entretient avec l'énigme du coeur humain. Convoquant Döblin, Cervantès, Stevenson, Jack London ou Virgile (entre autres) Alberto Manguel affirme que, parce que les histoires sont notre mémoire, elles peuvent guérir certains de nos maux et nous montrer le chemin en alimentant notre conscience individuelle et collective. Du même auteur : Une histoire de la lecture ; La Bibliothèque, la nuit (ce titre reparaît simultanément en "Babel").
“Pourquoi cherchons-nous des défi nitions d’identités par les mots et quel est, dans une telle quête, le rôle du conteur d’histoires ? Comment le langage peut-il déterminer, limiter et accroître notre imagination du monde ? Comment les histoires que nous racontons nous aident-elles dans notre perception de nous-mêmes et des autres ? De telles histoires peuvent-elles prêter à une société entière une identité, vraie ou fausse ? Et, en conclusion, est-il possible que des histoires nous transforment, nous et le monde dans lequel nous vivons ?”
ALBERTO MANGUEL
(extrait de l’introduction)
Dans cette série de conférences prononcées en 2007 à Toronto dans le cadre des Massey Lectures, tribune annuellement offerte à des penseurs contemporains pour traiter des grandes questions de notre temps, Alberto Manguel, dressant de fascinants parallèles en tre les réalités individuelles et politiques du monde actuel et celles que, de tout temps, ont pris en charge le mythe, la légende et le récit, propose de prêter attention, plutôt qu’au discours d’autorités préten du ment “compétentes”, à ce qu’ont à nous dire, sur la ma nière de bâtir une société, les visionnaires – poètes, romanciers, essayistes ou cinéastes – dont les oeuvres, parce qu’elles acceptent d’assumer l’hu main dans toute sa complexité, montrent la voie de l’ouverture sur la quelle peut se fonder une com munauté plus juste et plus durable.
En France, la majeure partie de l’oeuvre d’Alberto Manguel est publiée par Actes Sud.
L'Iliade et l'Odyssée
de Alberto Manguel
Broché: 254 pages
Editeur : Bayard Centurion (18 septembre 2008)
Collection : La mémoire des oeuvres
L’un des plus grands écrivains contemporains nous raconte l’une des plus grandes oeuvres de l’humanité. Homère reste une énigme et on ignore tout de son existence même.
Il ne s’agira donc pas de faire la biographie de l’auteur mais bien de ce texte qui reçut, à travers les siècles, une infinité de lectures.
Dès l’antiquité et jusqu’à nous, L’iIiade et l’Odyssée fut lu, commenté, traduit, copié. De Platon à Dante, de Montaigne à Diderot, de Nietzsche à Joyce, ce texte a nourri l’humanité.
Au travers de cette longue histoire, c’est aussi sa propre lecture que nous offre Alberto Manguel, s’étonnant de voir dans ce texte si lointain nos vies contemporaines, notre monde moderne, décrits avec une telle précision.
AlbertoManguel réussit à nous faire aimer Homère comme peut-être nul autre avant lui.
" Homère est une énigme. Puisqu'il n'a pas d'identité démontrée et que ses livres ne révèlent aucun indice clair concernant leur composition, il peut supporter, à l'instar de son Iliade et de son Odyssée, un nombre infini de lectures ". C'est cette très longue histoire des lectures et des traductions de l'Iliade et de l'Odyssée que fait revivre pour nous Alberto Manguel, de Platon à Dante, de Montaigne à Diderot, de Nietzsche à Joyce. Ultime lecteur, il s'étonne que ces pages, d'aussi loin qu'elles nous parviennent, semblent avoir " été décrites pour nos propres vies d'aujourd'hui, avec tous nos bonheurs secrets et tous nos péchés enfouis ".
Le Livre des Eloges
de Manguel/Alberto (Auteur)
Broché
Editeur : Escampette
Mot de l'éditeur
J'aime beaucoup l'écriture de Manguel car il n'est pas de ces écrivains qui, dans leurs essais, empruntent la ligne droite parce qu'ils savent où ils vont, mais parce qu'il appartient à cette famille d'essayistes qui prennent les textes comme si c'étaient des promenades erratiques où l'auteur s'égare et ne sait où aller, si du moins il a l'intention d'aller quelque part. Il incite le lecteur à explorer sa propre pensée. Il est vrai que Manguel exige du lecteur un réel effort d'imagination.»Enrique Vila-Matas
Extrait du livre :
(...)
Faisons donc place ici à une histoire : je suis allé à Bâle et j'aurais aimé dialoguer avec Érasme et lui dire le bonheur qu'est la lecture de ce livre d'éloges, de ce livre où l'auteur (dont je crois que s'il devait se définir lui-même, le ferait comme lecteur, et je lui adresse d'ici tous mes éloges) nous dit, entre autres choses, que pour lui un livre offert amène mystérieusement un autre lecteur qui se tient dans l'ombre : la voix, les gestes, le ton, le regard de celui qui a offert ce livre. Cela me conduit à penser, comme préfacier de la première page absente, combien j'aurais aimé être celui qui eût offert ce livre au lecteur qui est en train en ce moment d'en lire la préface. Je le lui aurais offert en connaissant le charme de ces pages d'éloges et par conséquent assuré qu'avec le temps je serais devenu pour lui - comme il est juste, par ailleurs, que tel soit le sort de tout préfacier discret - un lecteur dans l'ombre. Offrir ou préfacer un livre revient à le recommander. Puisque j'arrive trop tard pour l'offrir au lecteur qui est en train de le lire, je le recommande. Il y trouvera nombre des qualités de Manguel écrivain. L'une d'elles est, pour moi, sa conception de l'essai : son idée que l'essai doit signifier de nouveau se risquer à penser différemment, s'aventurer dans des textes où il y a place pour le doute, le commentaire et la nuance narrative qui permettent d'introduire l'essai dans le champ de la fiction.
Le livre des éloges se meut entre la fiction et l'essai, et doit probablement son heureux titre à un livre de poèmes que, sous le même intitulé, publia en 1908 un écrivain argentin très curieux, Enrique Banchs, auteur de quatre ou cinq livres de poèmes qui étonnèrent Borges, lequel en fit grand éloge, surtout La Urna (L'Urne), un livre presque parfait, qui fut publié en 1911 et mérita l'attention enthousiaste de Borges, qui ignorait à ce moment-là que son auteur, malgré ou peut-être à cause de ces éloges, resterait plus de cinquante ans sans rien écrire d'autre.
J'aime beaucoup l'écriture de Manguel car il n'est pas de ces écrivains qui, dans leurs essais, empruntent la ligne droite parce qu'ils savent où ils vont, mais parce qu'il appartient à cette famille d'essayistes qui prennent les textes comme si c'étaient des promenades erratiques où l'auteur s'égare et ne sait où aller, si du moins il a l'intention d'aller quelque part. Il incite le lecteur à explorer sa propre pensée. Il est vrai que Manguel exige du lecteur un réel effort d'imagination. Celui qui le lit de façon purement passive, éduquée et modelée par la tradition, celle par exemple du roman du XIXe, est perdu avec Manguel et peut difficilement devenir son lecteur idéal. Ne sera pas non plus un lecteur idéal celui qui, fuyant la déception de sa propre existence, recherche un monde de substitution. Seul le lecteur qui, quel qu'en soit le motif, ira lui-même à la recherche d'un regard distinct de la réalité conduisant à une vérité (même indéfinie) saura apprécier cet art de Manguel qui abstrait et laisse intact l'essentiel, renouvelle l'essai et transmet le plaisir originel du premier lecteur qu'eut le monde, celui qui commença à lire à la page deux.
Eloge d'Alberto Manguel
par Enrique Vila-Matas
Source: www.fnac.com
Le livre des éloges d'Alberto Manguel (L'Escampette Editions) contient quatorze textes dont la plupart sont des traductions de textes commandés pour le supplément littéraire d'El Pais.Véritables essais (très courts mais riches), il y est toujours question du livre et de la lecture. Cela va de soi pour l'"Eloge de la Bible", l'"Eloge du livre de poche", l'"Eloge du libraire"... cela peut paraître moins évident pour l'"Eloge de l'horreur", l'"Eloge des animaux" ou l'"Eloge de l'impossible".Qui connaît Alberto Manguel - qui a lu, disons, son Histoire de la lecture ou le récent La Bibliothèque la nuit - sait quelle place irréductible a le livre dans sa vie, sait que le livre et la littérature est la matière de ses propres livres et de ses réflexions. J'invite celui qui ne le connaît pas à rentrer dans sa bibliothèque. Ce Livre des éloges en est une porte.Ces éloges, un peu de la même manière que dans Journal d'un lecteur paru chez Actes Sud en 2004, sont le prétexte à sortir de la bibliothèque purement littéraire pour entrer dans une sphère plus intime qu'on aborde avec beaucoup de plaisir et d'intérêt. Chez Manguel, le livre est quelque chose qu'on ne peut pas retrancher à l'éclat de la vie. Le livre est la brique qui lui sert à monter l'édifice de sa mémoire, le couteau qui sert à façonner l'identité et le ciment qui sert à maintenir conjointement les doutes et les certitudes, ce qui constitue, à mon sens, le propre de la curiosité. Le livre contient les réponses qu'on peut espérer toujours mais contient aussi les remises en causes qu'on n'attend jamais. Heureusement, cela ne se fait jamais dans l'ordre : lire est toujours une surprise. Quelque fois par ce qu'on y trouve, souvent par ce que nous révèle la lecture de nous-même. Comme le dit George Steiner, c'est le livre qui nous lit. Comme le dit Manguel dans l'"Eloge du plaisir" où il se rappelle la mort d'un ami : "La lecture ne console pas. En revanche, elle peut mystérieusement servir de miroir."Dans son "Eloge de la foire au livre", on peut lire : "(...) il y a des foires cordiales, conçues semble-t-il pour faire plaisir aux lecteurs, comme la Foire du Livre de Madrid ou de Colmar." Manguel a raison. Je m'en souviens à chaque fois que j'y vais - à la Foire de Colmar, c'était ce week-end - à quel point celle-ci est à taille humaine et l'ambiance y est conviviale. En somme, c'est une foire tout à fait agréable, où l'on peut sincèrement prendre le temps de discuter avec les auteurs, les éditeurs, les libraires présents - ce que je n'ai pas manqué de faire. Et où j'aurais pu certainement discuter avec Alberto Manguel si celui-ci ne s'était pas éclipsé alors que j'arrivais et allait revenir à une heure à laquelle j'aurais déjà quitté les lieux.Enrique Vila-Matas écrit, dans sa préface à ce Livre des éloges : "Il m'est arrivé d'entendre Alberto Manguel dire que la lecture commence par un acte privé qui conduit immédiatement à un dialogue, car lorsque s'achève la lecture d'un livre, on a envie aussitôt d'en parler à quelqu'un." Si je n'ai pas pu voir Manguel hier pour en parler, il est étrangement présent aujourd'hui, comme une ombre amicale qui gambade d'une page à une autre, d'une tranche de livre à une autre, sur les rayonnages de ma bibliothèque. Et étrangement, Vila-Matas lui tient la main, car il a aussi son rôle à jouer dans ce jeu d'amitiés invisibles qui sont nouées dans les communautés secrètes des lecteurs qui ne peuvent se rencontrer qu'au travers des livres-miroirs.
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La Bibliothèque, la nuit
de Alberto Manguel (Auteur), Christine Le Boeuf (Traduction)
Broché: 335 pages
Editeur : Actes Sud (27 septembre 2006)
Collection : Lettres anglo-américaines
Qu'elle soit constituée de quelques livres ou de volumes par milliers, qu'elle obéisse à une classification rigoureuse ou aléatoire, qu'elle soit de Montaigne ou d'Alexandrie, qu'on veuille la détruire (comme, si près de nous, à Sarajevo, à Kaboul, à Bagdad) ou l'ériger, qu'elle soit mentale, comme chez Borges, ou institutionnalisée - avec heures d'ouverture et réglementations -, qu'elle ait pour résidence de vastes bâtiments aux allures de nefs ou de temples ou qu'elle joue les passagères clandestines dans des cartons, entre deux déménagements, que les livres qui la composent soient alignés sur des étagères de bois blanc ou d'acajou massif, qu'est-ce qu'une bibliothèque, sinon l'éternelle compagne de tout lecteur- son rêve le plus cher ? Pourtant, entre les plaisirs offerts par le chaos généreux d'une caverne d'Ali Baba ou ceux; plus austères, que procure le classement, entre infini et rayonnages, faut-il nécessairement choisir ? Et n'y a-t-il pas quelque présomption à vouloir sédentariser, non les livres mais les textes, par définition nomades ? Existe-t-il un ordonnancement idéal du grand thésaurus livresque de l'humanité ? Pour peu que, à l'instar d'Alberto Manguel, on ait affronté en combat singulier, et toute une vie durant, la nature profonde de la bibliothèque, telles sont bien les insondables questions que soulève, in fine, cet espace prétendument banal - voire, pour certains, parfaitement démodé ! Après Une histoire de la lecture, Alberto Manguel offre donc ici un essai " contigu ", au propos lumineusement complémentaire, d'où il appert que construire une bibliothèque, privée ou publique, n'est rien de moins qu'une mise à l'épreuve d'ordre philosophique dont l'avènement annoncé de la bibliothèque électronique ne saurait réduire la portée.Voyage au cœur de nos livres et histoire de leurs demeures, La Bibliothèque, la nuit, en faisant la part belle aux heureuses ténèbres que l'imaginaire de tout lecteur se plaît à hanter, nous rappelle à quel point les livres; réinventant sans fin la " bibliothèque " qui les accueille, sont seuls maîtres de la lumière dans laquelle ils nous apparaissent - ces livres qui en savent décidément sur nous bien davantage que nous sur eux.
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C'est chez lui, entouré de ses 30 000 ouvrages, qu'Alberto Manguel a rédigé La Bibliothèque, la nuit. Une fascinante réflexion sur l'écrit, à la fois personnelle et universelle
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Un retour
de Alberto Manguel (Auteur), Alexandra Carrasco (Traduction)
Broché: 78 pages
Editeur : Actes Sud (3 octobre 2005)
Collection : Lettres latino-américaines
A Rome, Néstor Fabris reçoit une invitation qui vient perturber sa paisible existence d'antiquaire. Taraudé par les démons du passé, il embarque en direction de Buenos Aires pour une brève visite sur les terres de sa jeunesse. L'Enée argentin parcourt, sitôt arrivé, le chemin périlleux qui conduit dans le royaume d'outre-tombe. Tout dans la ville lui est hostile. Ses lieux de prédilection s'évanouissent quand le sort s'obstine à le faire revenir sur ses pas; ses anciens amis, rencontrés au hasard de ses pérégrinations, semblent des spectres prompts à lui rappeler que, lors d'une terrible journée de manifestations sévèrement réprimées par les forces de l'ordre, lui aussi a disparu, mais pas, comme eux, dans les geôles de la police. A bord d'un autobus fantomatique, il gagne alors un terrifiant Luna Park qui retient pour toujours les innocents et les coupables d'un jugement qui n'a jamais été prononcé. Si, pour le protagoniste, le retour vers Rome n'est à présent plus possible, il l'est, en revanche, pour Alberto Manguel, qui revient à la langue de son adolescence pour explorer dans ce roman résolument fantastique les années sombres de l'histoire argentine.
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Cela faisait maintenant trente ans que Néstor Andrés Fabris n’était pas retourné dans la ville qu’il avait précipitamment quittée et, y retourner à présent, pour la simple raison qu’il avait promis d’assister au mariage de son unique filleul que, soit dit en passant, il n’avait jamais vu, lui semblait ridicule. Quitter son appartement, petit mais tellement confortable, avec sa vue imprenable sur Isola Tiberina, laisser son tout aussi petit mais tellement lucratif magasin d’antiquités de la via dell’Orso, déserter sa table de café, le matin, cette routine qu’il ne partageait plus avec Valeria, renoncer à son déjeuner léger à la trattoria du coin, où il y avait toujours un couvert réservé pour lui, abandonner sa petite promenade nocturne sur les quais du Trastevere lui paraissait (surtout en ce moment, coincé dans l’effroyable siège de l’avion) un prix exorbitant à payer pour le plaisir incertain de voir quelqu’un qui n’avait très certainement rien en commun avec sa mère, ni la grâce ni l’intelligence de Marta, ni peut-être même sa couleur de cheveux, si rare, entre chocolat amer et marc de café.
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petit livre hors norme, résolument fantastique qui relate le retour de nestor fabris aprés vingt-cinq ans d'absence, à buenos aires, sa ville natale; là où il a grandi, étudié, aimé, milité.
volontairement noir, alberto manguel nous livre ici, en plus de sa présentation par l'editeur, ce sentiment de culpabilité que nous, exilés, donc à l'abri, ressentons par rapport à la période noire de la dictature militaire ! nous avons laissé nos amis, nos amours, mourir seuls, victimes de l'horreur. chaque argentin exilé a eu un ami palito, une amie liliana, un amour marta, ou un fiancé tonio...... et tous ont disparus, tous ont été torturés, enfermés, ou jettes d'un avion, les pieds lestés de ciment, dans le rio de la plata.
ce court récit, excellement écrit, m'a laissé ce sentiment de culpabilité dont j'ai déjà parlé, mais a aussi ravivé nombreux souvenirs de ce que le passé nous a laissé en memoire et qui n'existe plus. mon argentine n'est plus un pays, mais un rêve ! mon buenos aires est devenu un merveilleux mirage dans lequel, malgré tout, nombreux son les trous qui ne pourront jamais être à nouveau, comblés !!
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Chez Borges
de Alberto Manguel (Auteur), Christine Le Boeuf (Traduction)
Poche: 80 pages
Editeur : Actes Sud (3 mars 2005)
Collection : Babel
Pour Borges, l'essentiel de la réalité se trouvait dans les livres ; lire des livres, écrire des livres, parler de livres.De façon viscérale, il était conscient de poursuivre un dialogue commencé il y avait des milliers d'années et qui, croyait-il, n'aurait jamais de fin. Les livres restauraient le passé. "Avec le temps, disait-il, tout poème se transforme en élégie." Il était sans indulgence pour les théories littéraires capricieuses et reprochait en particulier à la littérature française de se concentrer non sur les livres, mais sur les écoles et des coteries.
Est-il meilleur moyen de rencontrer un auteur, parmi les plus fameux et les plus fascinants du XXe siècle, qu'en lui faisant la lecture ? Durant les dernières années de la vie de J. L. Borges, Alberto Manguel, alors étudiant à Buenos Aires, fut chargé par l'écrivain argentin de lire les pages auxquelles ce dernier, atteint de cécité progressive, n'avait plus accès par lui-même. Au fil de souvenirs, dont on sent l'importance qu'ils ont eue sur l'écriture et la réflexion de Manguel, se dessine un récit empreint de retenue et d'affection qui évoque les affinités littéraires en même temps que le simple quotidien d'un génie ordinaire.
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