Jorge González est né en 1970 en Argentine. Il réside depuis près de 15 ans en Espagne. Son premier album, Hard Story, sur un scénario de Horacio Altuna, a été publié par Norma Editorial.
Durant l'été 2001, il collabore avec le quotidien El País en illustrant une page du supplément "Tentaciones" avec la bande dessinée "Las gaviotas son felices".
Depuis des années, il se consacre également à la publicité en réalisant des illustrations ainsi que des story boards.
En 2004, avec Carlos Jorge, il réalise "Mendigo" qui a été publié en France et en Espagne
En 2005, il participe à l'ouvrage "Lanza en Astillero", un collectif sur Don Quichotte. Toujours avec Horacio Altuna, il publie "Hate Jazz" chez Glénat Benelux et Sins Entido.
Il y a 3 ans, il termina "Jazz Song", un court-métrage d'animation.
En 2008, ont été publiés : "Kinú y la ley de Amarok"(Edebé) et "Fuenteovejuna" ainsi que "La odisea" chez SM. En 2009 "Los Pasos de Lope de Rueda" chez Casals.
Lauréat du prix BD de la FNAC en Espagne pour le projet "Fueye", il publie l'album en 2008 chez l'éditeur madrilène Sins Entido. Les éditions Dupuis qui suivent la réalisation de cet ouvrage depuis les premières pages en propose l'adaptation française pour 2010.
Source : Editions Dupuis
Bandonéon
de Jorge Gonzàlez (Auteur), Thomas Dassance (Traduction)
Relié: 180 pages
Editeur : Dupuis SA (5 mars 2010)
Collection : BANDONEON
Présentation de l'éditeur
1916. Un bateau part d'Italie et navigue pendant 40 jours. À l'intérieur, plusieurs centaines d'européens qui débarqueront finalement à Buenos Aires. Ainsi commence l'histoire d Antonino et de son fils Horacio. Ils vivront le processus de changement social, politique et culturel que l'immigration européenne produisit en Argentine au début du 20e siècle. Bandonéon, c'est l'histoire du tango, de la solitude et de la nostalgie de l'immigrant. Cette oeuvre a gagné le Premier Prix International du Roman Graphique Fnac - Sins entido.
Par Julie Cadilhac - BSCNEWS.FR / Qu'est-ce qui fait de Bandonéon un ouvrage aussi émouvant que délicieusement littéraire? Qu'a bien pu inoculer Jorge Gonzàlez pour laisser à ce point saisi et admiratif le lecteur?
Bandonéon s'extirpe du plus profond des tripes d'un exilé "volontaire" argentin venu chercher en Espagne un sens, une identité, des réponses, une finitude.
Il est divisé en deux parties brillantes: un roman graphique, petit bijou qui fait danser un scénario vacillant de réalité douloureuse et une partie autobiographique intitulée "Juste comme ça", carnet de bord de l'auteur où se mêlent les impressions d'un retour -durant dix jours- en Argentine auprès des siens, les pensées d'un artiste en pleine construction- déconstruction d'une oeuvre, des lettres de ses parents et leurs souvenirs d'immigration.
Il mêle au poids exquis des mots le flouté des images.
Les amoureux d'Histoire y entendront battre le coeur de l'Argentine, les musiciens tressailleront au gré des mélodies qui s'enchâssent dans (presque) toutes les pages et les sentimentaux vibreront aux côtés de personnages en proie à des déchirements indicibles, des doutes intestins, des illusions perdues, des lâchetés pesantes.
De Gênes à Buenos Aires, de La Galice à Ushuaïa, Jorge Gonzalez (admirablement traduit par Thomas Dassance, autre exilé volontaire, français vivant en Argentine) nous entraîne dans l'itinéraire d'un musicien gâté, Horacio, qui gâchera son talent par amour et/ou arrivisme. Bandonéon, c'est aussi l'histoire de la génération précédente, celle de son père Luis, anarchiste qu'Horacio dénoncera par vengeance à sa maturité, et celle de son ami Vicente, surnommé "Gordo" , joueur de bandonéon et coeur pur qui espère revoir sa Catalina de Galice...celles de Maria et d'Agata, belles argentines qui seront toutes deux victimes de la lâcheté d'Horatio...
Des prostituées aimantes autant que virulentes aux tangos aux refrains mélancoliques, du sexe violent aux élans romantiques, Jorge Gonzalez a choisi le sépia pour brosser ses tableaux. L'image, sous ce filtre, prend une dimension volontairement vieillie, un peu désuète. Le trait, brut et vaporeux, utilise le croquis et le surdimensionnement , joue souvent avec le changement de point de vue - ce qui force le lecteur à être actif...
...et le plaisir de ce roman graphique naît aussi dans "l'inconfort" de sa lecture: l'auteur multiplie les époques, pratique "une écriture synecdotique" qui désarçonne l'esprit et contribue à le perdre un peu. Jorge Gonzàlez entremêle des récits de vies tronquées à dessein dont le lecteur ne connaîtra jamais qu'une facette, n'aura récupéré que des bribes. Comme lorsqu'on ouvre un vieil album-photos...
Dans Bandonéon, on devine une vie entre chaque ellipse, entre chaque vignette mais l'on ne fait qu'extrapoler : le silence de la page est le mystère du passé.
Je me tais: dire à quel point une oeuvre est belle finit par être vain. Une belle oeuvre du neuvième art est à regarder et à étreindre de ses yeux, de son souffle, de son âme.
Je ne saurai donc que trop vous conseiller de ne pas passer à côté. Sauf si vous avez le don d'ubiquité et que vous connaissez tout ce qu'a de tragique, de désorganisé, de collectif et d'universel l'Argentine, ce "meilleur endroit au monde" que "personne n'arrangera"!
"La mélancolie se balade sans trêve sur cette partie de la planête, comme s'il existait une jouissance à visiter encore et toujours les images et les sensations vécues, à se délecter de ce qui aurait pu être et ne fut pas. Toujours les promesses qui virevoltent. Toujours l'impossibilité d'accepter de tourner le dos à ces promesses. Le passé est une demeure dans laquelle je me sens à l'aise."( Jorge Gonzàlez)
Titre: Bandonéon
Auteur/Illustrateur: Jorge Gonzalez
Editeur: Dupuis
source: http://bscnews.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=852:-sur-un-air-de-tango-argentin-un-chef-doeuvre-de-roman-graphique&catid=141:bande-dessinee&Itemid=409
Chère Patagonie, Tome 1
Jorge Gonzalez (auteur)
- Album: 300 pages
- Editeur : Editions Dupuis (24 août 2012)
- Collection : CHERE PATAGONIE
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- Un livre-monde graphiquement époustouflant sur la Patagonie. Indiens, colons européens, exilés, campagnards et urbains, et même un réalisateur de films allemand vont voir leurs relations évoluer, changer au fil du temps, mais toujours sous l’influence de l’immensité de ce finistère sud-américain : la Patagonie, le territoire le plus austral de la planète.
On trouvera peu d’exemples d’un ouvrage aussi radical publié chez un grand éditeur. Un album plein d’ambition, d’une forme de générosité, de violence. L’auteur y évoque la Patagonie, une région d’Amérique du Sud ancrée dans l’histoire. Énorme pavé aux choix graphiques peu consensuels, il fait, et fera débat dans notre communauté bédéphile.
Perdue dans le sud de l’Argentine, la Patagonie incarne la nature, les racines, un espace à la foi libre et authentique. Dans son monumental album, Gonzàlez l’illustre avec un esprit totalement personnel. Il semble se moquer de perdre bon nombre de lecteurs dès les premières pages. Car ces épisodes qui se succèdent, dont certains scénarisés avec Altuna, Hernan Gonzàlez, Alejandro Aguado, sont surtout l’occasion d’expérimentation et d’expression directe. Brouillons, croquis, crayonnés, aquarelles tantôt soignées, tantôt massives et uniformes, on ne sait à quoi s’attendre d’une page à l’autre.
Et même si certains thèmes précis se rattachent précisément à l’histoire de l’Argentine, le style enfouit le contenu, le réduit à un matériau réinterprété. Même la façon de placer les phylactères, qui fusionnent presque avec les dessins, impose aux scènes dialoguées un rôle secondaire. Et régulièrement, ces apparitions de ciels aux teintes à peine différentes... Sur le fond, ce chaos organisé parvient peu à créér l’émotion.Mattotti, avec Stigmates, y était lui parvenu, dans un genre certes différents, mais esthétiquement comparable.
Et la Patagonie dans tout ça : une impression, des bribes d’histoire... L’appendice de fin d’ouvrage s’avère ainsi plus qu’instructif...
Jorge Gonzàlez fait de l’art. Il ne se fixe pas de limites. Là ou Bandonéon, son précédent album, gardait une trame, des personnages bien charpentés, Chère Patagonie vise constamment le contre-pied, l’allégorie graphique, l’illustration la plus proche de l’organique, pour tenter toucher au plus profond. Une forme de poésie pour les uns, d’auto-complaisance pour les autres, dont je fais partie.
Notez que l’éditeur annonce une réimpression après épuisement du premier tirage.
source: http://www.actuabd.com/Chere-Patagonie-Par-Jorge-Gonzalez
BD : la flamboyante Patagonie de Jorge González
Submitted by françois mauger on ven, 08/24/2012 - 08:25
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BANDE DESSINÉE - CHRONIQUE
La Patagonie fascine. Le Musée du Quai Branly vient de lui consacrerune exposition marquante, tandis que le marcheur David Lefèvre publie le volumineux récit de sa traversée de la région… Mais c’est un auteur de bande dessinée argentin installé depuis quinze ans à Barcelone qui lui rend l'hommage le plus flamboyant.
Avec Chère Patagonie, Jorge González signe une somme : 288 pages furieusement crayonnées. Cette fresque historique commence en Terre de Feu en 1888 et s’achève de nos jours à Buenos Aires. Au commencement, dans ce paysage de western austral, Gonzálezconstruit son récit comme Sergio Leone à la grande époque : en imbriquant d’énigmatiques bribes de vie. Le dessinateur cadre large. Ses cieux rageurs, ses éléments déchaînés, qui évoquent souvent Turnerou les premiers aventuriers de l’abstraction, soulignent la petitesse de l’homme, l’insignifiance de son existence. Mais, avec le temps, ses silences retentissants laissent la place au bruissement des villes, au bavardage des feuilletons radiodiffusés, puis télévisés. Le dessin se fait lui aussi plus volubile, à mesure que l’histoire devient plus personnelle. L’Argentin esquisse ainsi d’un même trait le destin de six générations et un siècle et demi de techniques de représentation.
Pourtant, ce qui l’obsède, c’est l’irreprésentable. Ce qui le hante, ce sont les fantômes des Yamanas et des Onas, les Amérindiens décimés par les balles et les microbes occidentaux, ou le sort des Tehuelches et des Mapuches, qui tentent de survivre à l’obsession européenne, ici explicitement associée au nazisme, de les effacer, de gommer la plus infime de leurs traces. D’une puissance graphique peu commune, les brèves scènes muettes où il dépeint leurs rites ont également le mérite de les rendre inoubliables.
François Mauger
« Chère Patagonie » : entre western et quête d’identité, une sublime BD venue d’Argentine
Aurélie Champagne | Journaliste
L’auteur de BD argentin Jorge Gonzalez ressemble à son dernier livre, « Chère Patagonie ». Ils ont en commun une sorte de désordre d’où sourdent des sens cachés, des croyances ancestrales et une grande profondeur.
« Avec cette bande dessinée, j’ai essayé de comprendre d’où je viens, ma place en Argentine et l’histoire de mon pays. C’était une urgence personnelle. Ma précédente BD “ Bandonéon ” parlait d’immigration, de tango et des politiques en Argentine au XIXe siècle. »
Chroniques de la conquête du désert
« Chère Patagonie » est l’une des plus belles BD sorties cette année. Ce roman graphique bordélique, aux accents westerns, sillonne les vastes plaines argentines, sur plusieurs générations et exhume une histoire souvent méconnue du lecteur français : la conquête du désert.
« Au début du XIXe siècle, l’Argentine a eu besoin de se créer comme un état politique et elle a fait ça sur le modèle européen, en particulier britannique.
Les colons se sont imposés par la force : ils ont repoussé les peuples indigènes, les ont exploités et donné leurs terres à des propriétaires argentins. »
Extrait de « Chère Patagonie », page 13, de Jorge Gonzalez, éd. Dupuis, 2012
« C’est principalement autour du commerce de la laine que s’est organisée cette conquête. Les nouveaux grands propriétaires terriens engageaient des gens pour tuer les Indiens ou dans le meilleur des cas, les asservir, les envoyer dans des réserves ou des asiles. La plupart du temps, ils y mouraient. Ou mouraient de froid ou de maladie dans les vêtements à l’occidental qu’on leur donnait.
A la fin du XIXe siècle, tout était terminé. Les Indiens étaient sous contrôle. Ceux qui subsistaient avaient l’interdiction de parler leur langue. Les indigènes ont fini par intérioriser leur culture. Puis ils en ont eu honte. Ils se sont mis à cacher leur identité, à la refouler dans l’alcool, puis à l’oublier. »
Un récit à plusieurs voix
JORGE GONZALEZ ET LA BD ARGENTINE
« José Munoz, Horacio Altuna, Juan Gimenez ou l’Uruguayen Alberto Breccia sont des pères, des maîtres visuels pour moi. Ils ont d’ailleurs fait carrière en Europe. L’Argentine fabrique beaucoup d’auteurs mais n’a pas d’industrie.
Il y a des petits éditeurs qui font de gros efforts sans moyen ni visibilité. Tous les grands auteurs argentins travaillent avec la France ou les Etats-Unis. En Argentine, mon travail est peu connu, en dehors d’un petit groupe d’auteurs-amis. Parmi eux se trouventLiniers, Juan Saenz Valiente, Edgar Cariosa ou Tute. »
Des pans entiers du scénario sont parfois délégués à des témoins, des descendants d’indigènes, de colons, amis d’opposants politiques : ces récits en incise et une annexe achèvent d’ancrer la bande dessinée dans le témoignage et le récit historique.
Malgré les pages ultraviolentes qui composent cette histoire, les massacres sont finalement peu représentés dans « Chère Patagonie ».
« La dimension politique et sociale dans cette histoire sont importantes mais pour moi, il s’agissait surtout de raconter la manière dont l’immensité, l’espace, influent sur le destin des indigènes et des colons.
Sur cette image, par exemple, c’est ça : comment la Patagonie confronte l’homme à l’espace. »
Extrait de « Chère Patagonie », page 10, de Jorge Gonzalez, éd. Dupuis, 2012
Peinture et accumulation sur la page
Le dessin puise, dans cette confrontation de l’homme à l’espace, une force sidérante. Il y a, dans les ciels opaques et les ambiances vaporeuses de l’Argentin comme un cousinage avec la peinture romantique allemande du XIXe siècle, et même certaines toiles de Caspar David Friedrich, comme « Le Moine près de la mer ».
Le découpage séquentiel propre à la bande dessinée s’affranchit d’un tas de conventions propres au genre et s’encanaille du côté de l’aquarelle et de la peinture acrylique.
Extrait de « Chère Patagonie », page 8, de Jorge Gonzalez, éd. Dupuis, 2012
« Les planches sont peintes avec des pastels gras, et de la peinture à l’huile sur une base de crayon. Ensuite, pour la composition, je regarde ma page, je réfléchis à une image et au temps que je vais passer sur la page. C’est ce rapport au temps que j’essaie de trouver.
Je dessine l’histoire en suivant la chronologie, puis je vais et reviens sur différentes pages : j’avance et reprends chaque image, sans rien intellectualiser, jusqu’à ce que l’image m’aille. Je cherche juste à transmettre l’état hypnotique dans lequel je suis quand je me mets à raconter une chose. »
La Patagonie perd la mémoire
L’histoire se déroule sur plusieurs décennies. Les personnages vieillissent au fil des pages et « l’histoire de la Patagonie se complexifie ».
« Elle adopte aussi une dimension plus absurde et plus exaspérée. Par exemple, dans la bande dessinée, j’ai semé une relation plus ou moins visible entre la première page...
Extrait de “Chère Patagonie”, page 7, de Jorge Gonzalez, éd. Dupuis, 2012
... et celle-ci. »
Extrait de « Chère Patagonie », page 201, de Jorge Gonzalez, éd. Dupuis, 2012
« Elles se répondent, s’inscrivent dans un même mouvement circulaire. La seconde a une dimension plus absurde, parce qu’entretemps, la Patagonie a été pervertie, en un sens.
On a ce personnage, descendant d’indigène, qui erre sans plus savoir qui il est. Il s’est perdu en route, sa mémoire se fragmente. Il cherche des morceaux de lui dans cette réserve d’Indiens mapuches. »
Extrait de « Chère Patagonie », page 185, de Jorge Gonzalez, éd. Dupuis, 2012
« Il tente de retrouver les traces de son passé indigène, tente de pêcher, de chasser, mais rien... il a tout oublié, tout perdu. »
Au final, Jorge Gonzalez dessine des personnages sur le point de disparaître. Ils traînent leur présence fantomatique au fil des chapitres. La remarque arrête un instant l’auteur, puis il tourne les pages du livre, s’arrête et conclut sur la composition.
Extrait de « Chère Patagonie », page 152, de Jorge Gonzalez, éd. Dupuis
« Vous voyez, sur cette page, en haut c’est de la peinture. Il y a aussi un travail au crayon puis je passe tout au sépia. Ensuite, j’ai scanné et dupliqué la page sur Photoshop. Je ne gomme quasiment pas, mais je retravaille et j’ajoute. Ça permet de ne rien faire disparaître et de faire apparaître des trames, des matières.
Je n’aime pas nettoyer, je préfère jouer avec les erreurs. Il y a presque une analogie entre la manière dont j’accumule sur la page et le fonctionnement de la mémoire. »
source: http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/10/09/chere-patagonie-entre-western-et-quete-didentite-une-sublime-bd-venue
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