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Mariano Siskind

 

 
Mariano Siskind est né en 1972 à Buenos Aires. Après des études de lettres, il a été journaliste et éditeur en Argentine. Il s’est ensuite installé à New-York, avant de rejoindre l’Université de Harvard où il enseigne la littérature latino-américaine.


 

Par larouge • Siskind Mariano • Mardi 18/09/2012 • 0 commentaires  • Lu 1541 fois • Version imprimable

Comme on part, comme on reste

 

Comme on part, comme on reste

Mariano Siskind (auteur), traduit de l'espagnol, Argentine par Fréderic Gross-Quelen





 
Format: Broché
Editeur: La dernière goutte 
Date de parution : 4 octobre 2012
Nombre de pages : 222


Eperdu d’amour pour une femme qui semble l’avoir oublié, Meyer se réfugie dans la traduction des films des Marx Brothers et parcourt l’Abasto, un quartier où chaque rue donne naissance à un rêve, un souvenir, et relance son obsession. En ces lieux, d’autres hommes ont été brûlés par l’adoration du passé, ou par une espérance : des mendiants estropiés et roublards, des kiosquiers obsédés par la petite monnaie, des chasseurs de rats piégés dans un triangle amoureux. Seules quelques figures féminines, des comètes, ont rompu avec ce monde clos. Mais un beau jour, Meyer décide de partir pour Brooklyn…

Variation poétique et drôle sur l’infirmité des hommes et leur besoin d’obsessions, Comme on part, comme on reste invite à contempler les étoiles car, en plus d’être l’horizon des rêveurs, elles symbolisent tout autant l’exil qu’une ode au cinéma, à la puissance d’enchantement et aux fantasmes.

lire les premières pages:  http://www.ladernieregoutte.fr/livres/comme-on-part-comme-on-reste/ 
 


Par larouge • Siskind Mariano • Mardi 18/09/2012 • 0 commentaires  • Lu 1436 fois • Version imprimable

à propos de "comme on part, comme on reste"

 Mariano Siskind, Comme on part, comme on reste
 
 
Si rien ne bouge
Éric Bonnargent
 
« Le temps est une pute. »
 
 
 
C’est dans l’Abasto, un quartier populaire de Buenos Aires, que débute Comme on part, comme on reste. Écrasé par son inertie naturelle, Meyer, le narrateur, est incapable d’entreprendre et se contente de rêver sa vie.
Dans la première partie, il n’est encore qu’un jeune homme travaillant à la rédaction des sous-titres des films des Marx Brother lorsqu’il tombe amoureux d’une comédienne débutante qui n’éprouvera jamais rien pour lui : « Notre relation, en fin de compte, obéissait aux lois de son implacable indifférence et de ma douleur obsédante. » Après son départ pour les États-Unis, Meyer sombre dans l’obsession : il passe tous les jours devant la maison où elle habitait et lui écrit sans arrêt alors qu’elle a cessé depuis bien longtemps de lui répondre.
 
« J’ai donc décidé que la meilleure façon de lutter contre l’incertitude, où me plongeaient ses lettres qui n’arrivaient pas, était d’alterner la destination des miennes : un jour à Beverly Hills, le lendemain à Brooklyn. Autrement dit, du lundi au vendredi : Beverly Hills, Brooklyn, Beverly Hills, Brooklyn, Beverly Hills. Samedi et dimanche, à l’adresse de Brooklyn seulement parce que c’était de là qu’elle m’avait écrit sa dernière lettre. »
 
La confusion de Meyer structure la deuxième partie où alternent des chroniques de l’Abasto et de ses figures truculentes, comme Maradona, le mendiant cul-de-jatte ou Juan, le chasseur de rats, des dialogues rêvés (ceux entre Marilyn Monroe et son Rabbin/psychothérapeute sont comico-métaphysiques) et des confessions à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire. Lorsque le délire cesse, les années ont passé, Meyer est à Brooklyn avec l’espoir de se réconcilier avec son ex-femme, partie depuis trois ans. De nouvelles obsessions rythment sa vie : sa promenade quotidienne le fait passer devant la galerie d’art où elle travaille et, de retour chez lui, il imagine en travelling ou au ralenti leurs retrouvailles et rédige des articles qui ne lui sont jamais payés. Incapable d’agir, accablé par les dettes, il attend. Son Loubavitch de propriétaire et son homme de main russe prendront son destin en main.
Bien plus qu’un simple hommage à l’histoire du cinéma, Comme on part, comme on reste qui utilise dans son écriture et dans sa construction différentes techniques cinématographiques est un premier roman à découvrir.
 
 
 
 
 
 
Mariano Siskind, Comme on part, comme on reste. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Frédéric Gross-Quelen. Éditions de la Dernière goutte. 18 €
 
 
 
 

Par larouge • Siskind Mariano • Lundi 03/12/2012 • 0 commentaires  • Lu 1394 fois • Version imprimable

à propos 2 de "Comme on part, comme on reste"

 Ce premier roman de l’argentin Mariano Siskind propose au lecteur une double histoire, d’un côté celle d’un homme – Meyer – et de son désastre amoureux, de l’autre celle d’un quartier de Buenos Aires, el Abasto. Double histoire qui au fond n’est peut-être pas si double, ou qui serait plutôt celle d’un personnage à deux faces. Car le véritable sujet du livre pourrait par exemple être celui de l’impossible construction d’une identité. Dans tous les cas, le titre original du roman semble choisir son camp, puisqu’en v.o. il s’intitule Historia del Abasto. Mais sans doute avons-nous le droit d’y voir une forme de distanciation légèrement ironique, comme si ce titre – qui pris au premier degré pourrait évoquer un de ces pénibles livres emplis de souvenirs plus ou moins banals autour de l’histoire d’un quartier, écrit par quelque retraité historien amateur – était à prendre avec des pincettes. À la lecture, il est évident qu’en lui-même ce quartier populaire portègne n’intéresse pas plus que ça l’auteur. Ce qui semble motiver son choix, ce serait plutôt d’utiliser un espace géographique bien défini et de s’en servir comme d’un contenant où faire se confronter plusieurs versions de l’identité : géographique, économique, sociale, sentimentale…

Meyer, donc, est un type médiocre qui vivote d’emplois merdiques et qui va perdre un grand amour, qu’il verra s’éloigner irrémédiablement de lui. Trame banale s’il en est qui ici sert de prétexte à la construction d’un récit éclaté, multiforme, non linéaire, et qui par ce biais retrouve à sa façon une nouvelle pertinence. Comme on part, comme on reste n’est pas un énième bouquin geignard sur l’amour perdu, loin s’en faut. C’est un livre, comme nous l’avons dit, sur l’identité, glissante, fuyante, toujours prête à s’effondrer. Meyer perd un amour, mais quel est-il cet amour ? Réel ou fantasmé ? Le personnage de la femme qu’il aime et qui ne l’aime pas oscille en tout cas entre une actrice plus ou moins ratée sur laquelle il projette la fantaisie d’une passion qui n’a jamais et n’aura jamais lieu et une femme qu’il a épousé et qui très vite à compris qu’elle avait commis une irrémédiable erreur. Comme on peut le voir, dans ce livre, l’identité n’est pas fixe, elle est plutôt un jeu de miroir propre à la fiction, et on pourrait d’ailleurs dire que Historia del Abasto est avant tout un récit à tiroirs, une espèce de machine à fiction qui utilise un quartier comme pourvoyeur d’histoires. 

Chacune des parties du livre est très différente. Entre les deux versions du cinglant échec amoureux de Meyer (avec son actrice, avec sa femme), ce sont plusieurs variations sur la vie du quartier qui s’ébauchent. Histoires de clochards, de fratrie familiale, autant d’identités disséminées dans un texte formellement multi-facette, qui dans sa structure même (narration traditionnelle, témoignages, scènes dialoguées, scénarios de films..) fractionne l’identité. 
Siskind revendique le quartier comme un personnage, ou plus exactement, comme une construction arbitraire : « L’Abasto de mon Histoire de l’Abasto est un collage de quelques uns de mes espaces fictionnels préférés : les vingt et uns pâtés de maisons de la rue San Martin dans la Santa Fe de 
Juan José Saer, le Newark de Philip Roth, l’île Kowloon du Hong Kong de Wong Kar Wai, le New Yorkistan de Saul Steinberg, l’intersection des rues Iripanga et Avenida Sao Joao dans un des Sao Paulo de Caetano Veloso, la rue Honduras de l’Evaristo Carriego de Borges et le Bajo Belgrano des premiers romans de Martin Kohan », affirme l’auteur dans une interview. Ne pas croire pourtant qu’un tel name-dropping sous-entendrait que le roman qui nous occupe serait un autre de ces exercices littéraires ultra-référentiels et un peu vain. Non. Il s’agit plutôt là de revendiquer la fonction que peut occuper un espace géographique bien délimité dans la construction d’une fiction. Et de revendiquer à y être la réappropriation – la réinvention – d’un espace réel aux seules fins littéraires. Les cinq parties du roman – plus ou moins autonomes – sont donc comme autant de moyens de composer, décomposer et recomposer un même espace et pourquoi pas aussi une même identité : celle de Meyer qui, même quand il n’est pas protagoniste, est présent en filigrane. C’est lui, après tout qui nous raconte (invente ?) les différentes histoires de l’Abasto, celles de ces clochards plus ou moins métaphysiques, celles de ces deux frères et de leur relation complexe. Mais ce même personnage semble se dédoubler, devenant un postier confident qui finit par phagocyter la fantaisie amoureuse du propre Meyer, devenant cet immigré péruvien qui connaît mieux le quartier et ses histoires que les natifs, etc… 

Comme on part, comme on reste dit un titre français qui avec sa symétrie un peu automatique me semble moins intéressant et trop dirigiste par rapport à l’apparente neutralité de l’original. Pourtant, au-delà de mon chipotage, il s’agit bien de cela aussi : savoir si un lieu peut construire une identité, l’identité d’une fiction et l’identité d’un homme. Meyer pour qui son quartier est tout, ou qui joue à croire que son quartier est tout, c’est-à-dire lui, finira pourtant par en partir direction Brooklyn. Si Mariano Siskind utilise la fictionnalisation d’un quartier réel comme déclencheur d’un projet littéraire, c’est un peu la même chose pour son personnage. L’Abasto de Meyer semble n’exister finalement que dans sa tête et dans sa compulsion maniaque (car le personnage est maniaque) à s’articuler lui-même et à creuser compulsivement son propre malheur en fonction du quartier. L’Abasto est pour lui une fiction comme l’est la femme qu’il aime ou croit aimer et après laquelle il court jusqu’à Brooklyn (ne se transforme t’elle pas dans la deuxième partie en Marilyn Monroe, comme pour mieux montrer à quel point selon Meyer le cinéphile l’amour est un fantasme plus qu’une possibilité pratique). Partir à l’autre bout du continent pour se rendre compte que rien ne change, que la fiction se reconstruit partout, presque à l’identique. 
Partir, rester, le roman de Mariano Siskind nous parle peut-être de la fuite dans la fiction comme d’une obsession toujours recommencée, toujours identique. Qu’il soit à Buenos Aires ou à New York, Meyer ne changera pas, il préférera se construire encore et toujours sa fiction géographique plutôt que d’affronter le réel.

Guillaume Contré 

source: http://escalier-des-aveugles.blogspot.fr/search/label/Siskind%20Mariano




Par larouge • Siskind Mariano • Dimanche 26/05/2013 • 0 commentaires  • Lu 1314 fois • Version imprimable

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