Manuel PUIG
(General Villegas, province de Buenos Aires, 1932 — Cuernavaca, Mexique, 1990). D'abord tourné vers le cinéma, il fut assistant-réalisateur et apprenti scénariste à Rome sous la houlette de Zavattini, avant de se consacrer entièrement à la littérature. Son premier livre en 1968 La Trahison de Rita Hayworth avait été un scénario à l'origine, et ce fut l'impossibilité de réaliser le film qui poussa Puig à le « réaliser » d'une autre manière, ce qui devait le transformer en romancier. « On pouvait parler de séquences, de découpage, de montage de plan américain ou de premier plan et ainsi de suite, de même pour Le Plus beau tango du monde, bien que, cette fois, le modèle culturel choisi fut le feuilleton radiophonique. Dans Les Mystères de Buenos Aires, l’apport est celui d'Hollywood, directement. Du cinéma hollywoodien dans ce qu'il a et de plus littéraire et de plus éphémère : les dialogues et les visages. Et avec les visages évoqués, les manières et tout ce théâtre de gestes que les grands de Beverley Hills ont inventé à leur propre usage, et auquel les stars étaient elles-mêmes comme étrangères, tout en n'existant que par lui. Chaque chapitre du livre porte en épigraphe un fragment de dialogue extrait d'un film célèbre qui, par là, se trouve être parodié. Et qui, du fait qu'il prélude au chapitre, avertit le lecteur que tout ce qu'il lira a été conçu à la lumière d'une ironie implacable et décapante. » (Hector Bianciotti, La Quinzaine Littéraire, 1973).« Le Baiser de la femme-araignée, que le film brésilien de 1985 a mieux fait connaître bien qu'il n'en soit qu'un reflet partiel, est une extraordinaire composition à deux temps sur le monde du cinéma et l'horrible réalité carcérale. La trahison, là aussi, est inscrite dans l'existence. Les livres suivants confirment la fêlure du désespoir sur le glacis des pellicules. Le froid s'installe dans ce monde d'images qui décline. En même temps qu'il vieillit l'auteur voit l'écran blanchir et ses héros pâlir. Son dernier roman, Sang de l'amour partagé, fait miraculeusement retour, à travers la confession d'un Don Juan raté de village, à la vibration d'un dialogue à l'état pur qui n'a même plus besoin du support de l'image. » (Albert Bensoussan, Europe, 1986).
Le baiser de la femme-araignée
de Manuel Puig
Éditeur : Seuil (2 septembre 1996)
Collection : Points
Format : Poche - 263 pages
Molina l'homosexuel, arrêté pour attentat à la pudeur, parle, et Valentin, le militant de gauche en cheville avec des groupements politiques clandestins, écoute. Derrière les murs et les barreaux de la prison de Villa Devoto, le dialogue est leur seule échappatoire. Molina raconte à Valentin les films qu'il a vus, quand la liberté n'était pas un mirage lointain, et de tous les détails dont il se souvient. Les récits merveilleux, les histoires étranges, le suspense, les stars aux visages d'anges. L'imagination dans la nuit poussiéreuse de leur cellule est comme un avant-goût de la liberté qui les attend, peut-être. Mais malgré la complicité qui lie les deux hommes, Molina n'a pas encore fait tomber le masque...
Dans l'ensemble de son oeuvre, Manuel Puig ne cache pas sa passion pour le cinéma, notamment pour les films hollywoodiens d'avant-guerre. Dans Le Baiser de la femme-araignée, il entremêle avec génie l'histoire de ses personnages et les récits du prisonnier Molina. Revendication tonitruante pour la culture populaire, ce livre donne au cinéma le pouvoir de chasser l'angoisse, la peur et pourquoi pas... la mort. --Hector Chavez Présentation p. I-V. La conversation de deux prisonniers. L'un d'entre eux raconte des films à l'autre. Dans l'Argentine d'il y a quelques années, l'histoire d'une amitié (entre un guérillero urbain et un étalagiste qui a détourné des mineurs) plus forte que l'oppression fasciste. A noter qu'à côté du thème de la "résistance" on trouve celui de l'homosexualité. Hector Babenco a tiré un film de ce roman.
Notes d'intention
" Le roman de Manuel Puig évoquait admirablement comment deux hommes, aux backgrounds sociaux, politiques et psychologiques complètement différents, pouvaient devenir amis, et de quelle manière cette amitié affectait leur vie. Le fait qu'un de ces prisonnier était homosexuel n'avait selon moi, aucune importance. Mon film vise à détruire les mythes de la masculinité. Un homme est digne de son nom dès lors qu'il se respecte lui-même et sait donner quelque chose aux autres. La notion d'amitié se perd aujourd'hui : j'ai voulu faire un film sur des gens qui n'ont rien d'autre qu'eux mêmes à donner à autrui...Mais je pourrais aussi dire que j'ai fait LE BAISER DE LA FEMME ARAIGNEE à cause de ses nombrueses références aux anciennes séries B, et parce que c'était la voix la plus efficace pour faire un film politique sans parler de morale. C'était aussi la manière idéale de montrer comment deux hommes arrivent à s'influencer mutuellement, et une occcasion pour moi, de parler d'homosexuealité, de parler de sacrifice sans parler de religion, de montrer qu'on peut donner sa vie pour un fantasme et reconquérir sa dignité en mourrant pour quelque chose qui n'existe déjà plus."
Hector Babenco
in: www.commeaucinema.com
Le plus beau tango du monde
de Manuel Puig (Auteur)
Poche: 268 pages
Editeur : Gallimard (13 novembre 1987)
Collection : L'Imaginaire
Inventeur d'une vision de la réalité, d'un ton et d'une manière inédits dans la littérature sud-américaine, Manuel Puig a inauguré, avec Le plus beau tango du monde, une véritable rhétorique du cliché, des lieux communs du langage et du comportement, pour mieux percer le subconscient collectif d'un pays - l'Argentine - et d'une époque - les années 1940.
Boquitas pintadas, c'est le titre originel !!
Un livre que j'ai dévoré en espagnol, et qui m'a procuré le même plaisir à sa relecture en français
Tous les jeux de mot, tous les dictons et superstitions ont été parfaitement rendus par la traduction !
Bref, un livre à lire, comme tous ceux de Manuel Puig, pour ce rendre dans un monde fait d'apparences, de clichés, de kitsch, et de citations cinématographiques des années 40 !! Et une manière de connaitre l'Argentine de cette époque et de mieux comprendre les écrivains contemporains.
Les Mystères de Buenos Aires
de Manuel Puig (Auteur)
Poche: 245 pages
Editeur : Seuil (1 février 1989)
Collection : Points Roman
Avec les Mystères de Buenos Aires, on retrouve l'apport du cinéma hollywoodien (qui marqua profondément l'œuvre de M. Puig), tant dans l'art des dialogues que dans l'évocation des visages, des manières et des gestes des personnages. De fait, chacun des chapitres du livre porte en épigraphe un fragment de dialogue extrait d'un film célèbre, et que Manuel Puig parodie. Il compose ainsi un livre qui mèle les tons et les modes d'écriture - mélo, rétro, kitsch… -, à partir d'un canevas de roman policier.
L'intrigue tourne autour de Gladys D'Onofrio. Après un long séjour aux Etats-Unis, cette sculptrice en pleine dépression que sa mère, Clara, a ramené avec elle, est de retour à Buenos Aries. Partie à l'aube, sur la plage de Playa Blanca, pour récolter des objets que la marée laisse sur le sable, Gladys a disparu. Pourquoi Gladys a-t-elle été kidnapée et par qui ? Qu'allait chercher Gladys à New York en sus d'une gloire hypothétique : les consolations du sexe ou l'homme de sa vie ? Qui pousse Maria Esther, sa rivale, à supplanter Gladys dans l'âpre compétition du monde des arts plastiques ? Quel rapport peut-il y avoir entre la disparition de Gladys et le cadavre d'un homme, probablement torturé à mort, que l'on a retrouvé sur un terrain vague des abords de Buenos Aires ? Quel mobile inspire la dénonciatrice anonyme de l'assassin ? Est-ce qu'une dose de barbituriques suffira à clore cette histoire ? Une chose est certaine : lecteurs d'enquêtes policières et amateurs d'univers romanesques seront d'accord pour convenir qu'avec Manuel Puig le crime de lèse-littérature est presque parfait.
Manuel Puig est né en 1932 en Argentine. Après des études de philosophie, sa passion pour le cinéma le conduit à Rome, et c'est paradoxalement dans son œuvre écrite que cet intérêt va donner sa mesure : n'ayant pu tourner La Trahison de Rita Hayworth, il transforme le scénario en roman. Plus tard, du Baiser de la femme-araignée sera tiré le célèbre film d'Hector Babenco, pour lequel William Hurt obtiendra le Premier Prix d'interprétation masculine au festival de Cannes en 1985. Manuel Puig est mort au Mexique, en 1990.
Manuel Puig: Cine y Sexualidad
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