[ARGENTINE] (Sáens Peña, province de Buenos Aires, 1922 — Buenos Aires, 1998). Auteur à succès, son œuvre (romans, nouvelles, essais et pièces de théâtre) a été traduite un peu partout dans le monde. « Dans Rosa, ce soir (roman policier sans policiers, naturellement), tout part d’une pathétique situation dostoïevskienne dont Denevi démonte méticuleusement chacun des éléments passionnels pour construire un tableau aux tons épais où la pauvre humanité des quartiers de Buenos Aires rêve, aime, punit, souffre et tue dans la banalité de la quotidienne. » (Fernando Alegría). « Cecilia, l’héroïne de Cérémonie secrète, est une jeune fille étrange, qui vit seule dans une immense maison que lui ont léguée ses parents. Lorsqu’elle rencontre Leonides Arrufat, une mystérieuse et hautaine au passé douloureux, elle est persuadée d’avoir retrouvé sa défunte mère. Leonides, stupéfaite devant l’admiration et la passion que lui voue soudainement cette jeune inconnue, accepte cette nouvelle identité et pénètre dans l’univers tourmentée de Cecilia. »
ANTHOLOGIES / REVUES : « Michel » (Michel), nouvelle, traduit de l’espagnol par Marie-Hélène Bernaille, dans Anthologie des sept péchés capitaux, textes réunis et présentés par Alberto Manguel. [Paris], Éditions Joëlle Losfeld, 1996.
— Rosaura vient à dix heures (Rosaura a las diez, 1955), roman, traduit de l'espagnol par Jean-Jacques Villard. [Paris], Éditions Albin Michel, « Les Grandes traductions », 1968, 264 p., épuisé — nouvelle édition sous le titre Rosa, ce soir, traduit de l'espagnol par Jean-Marie Saint-Lu. [Paris], Éditions Joëlle Losfeld, 1998, 228 p., 19.50 € — réédition : Éditions Joëlle Losfeld, « Arcanes », 2000, 228 p., 10 €.
— Cérémonie secrète (Ceremonia secreta, 1960), roman, traduit de l'espagnol par Jean-Marie Saint-Lu, postface de Cristína Piña et Fernando Alegria. [Paris], Éditions Joëlle Losfeld, 1999, 144 p., 13 €.
— Musique d’amour perdu (Música de amor perdido, 1979), roman, traduit de l'espagnol par Jean-Marie Saint-Lu. [Paris], Éditions Joëlle Losfeld, 2000, 176 p., 18 €.
FILMOGRAPHIE : Rosaura a las diez (1958), film de Mario Soffici, d’après le roman homonyme (1955), avec Juan Verdaguer, Susana Campos, Alberto Dalbes — Secret Ceremony (Cérémonie secrète, Grande-Bretagne, 1968), film de Joseph Losey, scénario de George Tabori d'après le roman homonyme (1960), avec Elizabeth Taylor, Mia Farrow, Robert Mitchum.
Trois romans traduits en français permettent de se faire une idée de l'étrange univers dans lequel baignent les personnages de Denevi, écrivain argentin. C'est encore une fois la signature du somptueux legs qu'un auteur Platense hérite à son entrée en écriture. Plus que d'une école c'est bien d'une tradition qu'il s'agit, celle dite de I'école de Buenos Aires. C'est une subtile cuisine où voisinent le conte, le policier, le roman noir, un fantastique discret, un perpétuel décalage qui savonne et incline imperceptiblement la planche où se tient le lecteur.
Rosa, ce soir
de : Marco Denevi
Editeur(s) : Joëlle Losfeld
Collection : ARCANES
Genre : LITTERATURE - DOCUMENTS
Texte d'origine espagnole traduit par Jean-Marie Saint-Lu
Date de Parution : 22/02/2000
A travers cinq témoignages contradictoires, on découvre l'étrange histoire de Camilo Canegato, peintre solitaire et discret, accusé du meurtre de sa jeune épouse, Rosa. Camilo Canegato vit depuis douze ans au sein d'une pension de famille, à Buenos Aires, tenue par une veuve, Mme Ramoneda, et ses trois filles. Rosa, ce soir se présente comme un roman de mystère traditionnel ou un roman à clés. L'intrigue est subtilement menée, l'engrenage est diabolique et le double jeu des personnages tient le lecteur en haleine jusqu'au surprenant dénouement.
Camilo Canegato, restaurateur de tableaux et peintre à ses heures, vit depuis douze ans, à Buenos Aires, dans une pension de famille tenue par une veuve et ses trois filles. Vieux garçon timide et complexé, Camilo subit les sarcasmes des autres pensionnaires jusqu'au jour où sa liaison avec une belle jeune fille, Rosa, est découverte par le biais d'une correspondance assidue. Très vite, on les marie, on organise un week-end de noces et c'est le drame : Rosa est retrouvée assassinée quelques heures plus tard... Rosa, ce soir se présente comme un roman de mystère traditionnel et un roman à clés. L'intrigue est subtilement menée, l'engrenage diabolique et le double jeu des personnages tient le lecteur en haleine jusqu'au surprenant dénouement. L'humour noir et incisif de Marco Denevi souligne la misère et la faiblesse humaines incarnées par les personnages de ce roman, grotesques caricatures d'eux-mêmes.
Musique d'amour perdu
de Marco Denevi (Auteur)
Editeur(s) : Joëlle Losfeld
Genre : ROMAN CONTEMPORAIN
Date de Parution : 22/02/2000
Texte d'origine espagnole traduit par Jean-Marie Saint-Lu
L'action se passe à Buenos Aires, dans la seconde moitié de ce siècle. Joaquin Reventòs, petit avocat sans trop de causes mais pourvu d'une secrétaire qui vaut son pesant de dossier, voit débarquer un jour chez lui deux extravagants personnages vaguement français qui lui proposent de s'occuper d'une succession quasiment faramineuse, et propre à le tirer à tout jamais de la médiocrité dans laquelle il vit. Malgré les intuitions de sa secrétaire, évidemment amoureuse de lui, il accepte sans savoir qu'il vient de mettre le pied dans un piège qui va très vite se refermer sur lui, et entraîner la perte de plusieurs personnes. L'appât est constitué par les irrésistibles appas de la jeune veuve pour laquelle il doit plaider. On retrouve dans ce bref roman toutes les qualités des autres livres de Marco Denevi : un sens aigu de l'étrange et de l'intrigue par lequel il tient jusqu'au bout le lecteur en haleine, une fantaisie de chaque instant, qui lui fait traiter situations et personnages avec une fausse désinvolture très séduisante, et des dons d'observation qui lui permettent de dresser un portrait convaincant de la misère humaine. Misère sexuelle en particulier, due entre autres à la conception partagée par ses personnages, du sexe comme péché ou comme honte. Et les femmes sont des bêtes lascives et dévorantes. Jusqu'au jour, où, comme certains hommes d'ailleurs, elles connaissent la fulgurante rédemption de l'amour.
Le 14 avril 2000
C'est une sorte d'opéra vériste dans le Buenos Aires des années 50. Le thème est connu : amour perdu, amour de perdition. La construction est classique : deux actes symétriques et un troisième en forme d'épilogue ... Point de réalisme ici ; nous sommes dans les conventions d'un genre que Denevi s'amuse à subvertir. Dans l'atmosphère étrange et étouffante de Buenos Aires, les personnages s'agitent, plus touchants que ridicules à cause de la propension qu'ils ont à lancer eux-mêmes "le mouvement d'horlogerie du malheur". Leur quête du bonheur les fige dans des attitudes souvent grotesques, mais n'est-ce pas généralement le cas ? Il faut voir à cet égard la description de la maison de couture des soeurs Zilany, Carmen et Amnéris, les nièces de Matricula, qui s'épuisent à confectionner des modèles si étranges que personne, jamais, ne les portera. Mais là n'est peut-être pas le but : "La frivolité, si on la prend au sérieux, est le meilleur antidote à un Dieu démesuré qui nous écrase avec ses devinettes."
Le Monde - Gérard Meudal
Cérémonie secrète
de Marco Denevi (Auteur)
Editeur(s) : Joëlle Losfeld
Genre : ROMAN CONTEMPORAIN
Date de Parution : 01/07/1999
Cecilia, une jeune fille étrange, vit seule dans une immense maison que lui ont léguée ses parents. Lorsqu'elle rencontre Leonides Arrufat, une femme mystique et hautaine au passé douloureux, elle est persuadée d'avoir retrouvé sa défunte mère. Leonides, stupéfaite devant l'admiration et la passion que lui voue soudainement cette jeune inconnue, accepte cette nouvelle identité et pénètre dans l'univers tourmenté de Cecilia.
LITTERATURES
Conte à rebours
Article paru dans l'édition du 11.06.99
De la féerie au cauchemar, Marco Denevi nous plonge dans un récit étrange et fantastique
Ah ! L'étrange et fantasque, le délicieux petit livre que voilà ! Né en 1922 dans la province de Buenos Aires, Argentine, son auteur n'est guère connu en France et c'est dommage. Marco Denevi compte pourtant à son actif plusieurs romans, nouvelles, essais et pièces de théâtre qui font de lui l'un des écrivains les plus lus de son pays et l'inscrivent parmi les candidats au prix Nobel de littérature. Paru pour la première fois en 1960, Cérémonie secrète reçut le prix Life et fit l'objet, ultérieurement, d'une adaptation cinématographique réalisée par Joseph Losey, avec Elizabeth Taylor, Mia Farrow et Robert Mitchum. Dans une atmosphère irréelle et non-conformiste, des personnages renouvellent subtilement le genre du conte de fées en donnant au rêve une mystérieuse matérialité.
Mademoiselle Leonides Arrufat, cinquante-huit printemps, est une personne très comme il faut qui dépose des fleurs devant les maisons des gens méritants et des orties sur le palier des femmes de petite vertu. Un jour, une « petite jeune fille » la suit obstinément dans le tramway, puis dans les rues de la ville. C'est une personne aux traits « spongieux », qui semble avoir « l'âme en suspens » et quelques problèmes de bon sens. En s'installant presque à son corps défendant chez Cecilia - c'est le nom de la jeune fille -, Mlle Arrufat va plonger les yeux grands ouverts dans une sorte de cauchemar loufoque et sanglant, dont même l'issue sera encore onirique.
Dans sa postface, Cristina Pina fait remarquer que le personnage de Mlle Arrufat est une sorte de « prince-vieille fille » embarquée dans un curieux conte de fées inversé . Il est vrai que les références à ce genre littéraire ne manquent pas, à commencer par le lieu où se déroule l'essentiel du récit. En plein milieu d'un Buenos Aires décrit de manière très réaliste, Denevi a campé une maison bien proche du chateau hanté. Derrière une façade anodine, c'est un endroit mystérieux, où les objets sont « gainés de poussière », mais où l'on croit deviner la présence de trésors. Des bijoux, des livres sterling, des « sols péruviens » et des « mexicains d'or », mais aussi des présences fantomatiques, témoins d'une histoire tragique.
La jeune fille elle-même, cette Cecilia blonde et inconsistante, est une sorte de Belle au bois dormant qui ne serait pas belle. A la fin du récit, elle se réveille de la léthargie stupide dans laquelle l'avait plongée une agression, sous l'effet des soins attentifs du fameux « prince-vieille fille ». La jeune Cécilia a été victime d'un viol et sa maison aussi, fouillée par différentes personnes dans le but de trouver des richesses cachées. Le sexe et l'argent sont de la partie, mais dans l'ordre du refoulé. Cet ordre, justement, que semble désigner l'usage des portes dans le livre : ouvertes par effraction, pour signaler le viol, ou surgissant au détour d'un couloir, comme une part de soi-même que l'on ne connaissait pas jusque-là.
Elaborant des images très inventives et souvent superbes, le romancier semble s'être amusé à construire une histoire où les références au conte, à la psychanalyse, au roman policier ou même à la littérature gothique, forment une étonnante construction. Il en résulte un texte profondément libre, qui oscille entre parodie et drame véritable dans une langue belle et toujours surprenante.
RAPHAELLE REROLLE
© www.lemonde.fr
Mon avis ?
Un superbe petit livre qui ne donne que du plaisir !
Un grand plaisir de lecture et le désir d’aller toujours plus loin pour savoir ce que les personnages vont faire.
Última conversación con Marco Denevi → plus
La viveza, entre la inteligencia y la estupidez
→ plus
|
Calendrier
Juin 2009
Lun | Mar | Mer | Jeu | Ven | Sam | Dim |
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 |
8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 |
15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 |
22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 |
29 | 30 | | | | | |
|
Derniers commentaires
→ plus de commentaires