Nacho Carranza est né dans les années 1950 en Patagonie argentine. Forcé de quitter son pays sous le joug de la dictature militaire, il s’installe à Bruxelles en 1978. Enseignant et cinéaste, il écrit aujourd’hui avec bonheur dans sa langue d’adoption, le français. Il prépare un roman,Pris dans le rêve de l’autre.
Souffle en mon coeur un vent de PatagonieNacho Carranza (Auteur)
Ces voyages dans ma mémoire se sont passés à une vitesse proche de l’instantanéité, en une infime fraction de milliseconde. Et je me retrouve là, dans ma flaque boueuse, abandonné à la délicieuse incertitude du monde. Je songe alors aux passions s’immisçant dans le quotidien de nos labiles existences. À nos faits et gestes se répétant, se dédoublant, se reflétant. Au travail subtil du destin jouant avec les coordonnées de nos vies. À nos rencontres. Un homme revient chez lui à la mort du père qu’il n’a pas connu et découvre un frère sosie et une famille parallèle à la sienne. Un peintre abstrait vit une passion folle avec une femme qui finit par le quitter, vexée de ne pas être peinte sous les traits figuratifs de sa beauté. Un célibataire endurci voit son univers finement réglé voler en éclats à l’arrivée dans sa vie d’une femme libre… et en découvre le paradoxal bonheur. Voyage dans l’imaginaire
Camille Perotti Nacho Carranza signe un recueil de nouvelles délicates : “Souffle en mon cœur un vent de Patagonie”.
Rencontre
Cinéaste et enseignant à l’Insas, Nacho Carranza publie son premier ouvrage, "Souffle en mon cœur un vent de Patagonie" où il explore ses racines et souvenirs d’enfance à Buenos Aires. Alors qu’il avait toujours écrit sans penser être publié, ce recueil de nouvelles est comme un voyage dans son imaginaire au gré d’histoires navigant entre réel et fiction, comme autant de métaphores de son existence. Si la frontière entre la vérité et le mensonge romanesque reste floue, Nacho Carranza prévient toute tentative de démêler cet entre-deux en une introduction du narrateur qui, il l’avoue, est un peu son double. C’est la langue française qui "a attaqué de toutes parts" l’écrivain né dans les années 50 en Argentine et installé en Belgique depuis 1978 plutôt que l’espagnol, "qui avait quelque chose de monstrueux". Nacho Carranza présentera son livre deux semaines avant sa sortie en librairie samedi 19 février, à 15 heures, au stand de l’Espace Poésie. Comment avez-vous composé ce recueil de nouvelles ? Ces histoires d’un point de vue thématique renvoient toujours à des choses qui me concernant de très près. C’est là que j’ai pensé à un curriculum vitae imaginaire, qui me permettrait d’aller vers la fiction en toute liberté. Tout en me méfiant beaucoup de l’autofiction, car cela ne m’intéresse pas vraiment. Je pense que tout le monde vit une forme d’imaginaire dans sa vie, ne serait-ce que l’évocation d’un souvenir, on est déjà dans le récit. Vous faites référence au labyrinthe de Borges. Rien n’est droit. Il y a de nombreux moments dans la vie où on est perdu, où on se trompe, on cherche, on recule. Dans un labyrinthe, juste avant d’arriver au cœur, on se retrouve très éloigné de la fin. Dans la vie, c’est la même chose, on est souvent au plus près quand on se sent très éloigné. C’est une vision un peu baroque qui me plaît beaucoup. Les personnages sont tous à un moment crucial de leur existence sans qu’ils en aient conscience. On est souvent dans l’entre-deux, et cela correspond à mes deux cultures, mes deux vies, je suis toujours en train de traverser une frontière, linguistique, culturelle et vitale. J’ai deux grands enfants d’une trentaine d’années et une petite fille de quatre ans, tout est un éternel recommencement et cela influence mon écriture et les personnages. J’aime les paradoxes psychologiques, défaire les schémas. Est-ce que c’est l’Histoire qui ballote vos personnages ou eux qui décident vraiment de leur existence ? C’est souvent l’Histoire qui décide Moi-même, je me sens emporté par la force des événements. Tout va trop vite autour de moi. Les éléments historiques influencent et bousculent les existences. Ce sont ces collisions et contradictions qui me poussent à écrire. La sensualité est omniprésente. Est-elle liée à la création ? Je le crois. Ce n’est pas une décision que j’ai prise à l’avance d’évoquer la sensibilité. L’écriture est sexuelle, elle demande une sorte d’énergie. Faire appel à la sensualité, c’est rapprocher la création de la procréation. Allez-vous continuer à écrire ? J’ai presque terminé un roman qui évoque mes années de jeunesse, pendant la dictature en Argentine où 90 % de mes amis ont été tués. Ce seront des destins croisés. |
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