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Adolfo Bioy Casares




Adolfo Bioy Casares, écrivain argentin, est né le 15 septembre 1914 à Buenos Aires en Argentine; il meurt le 8 mars 1999 à Buenos Aires.C'est 15 septembre 1914 que né Adolfo Bioy Casares à Buenos Aires. Fils d'un père passionné par les lettres, depuis très jeune il est en contact avec les grands classiques de la littérature universelle.A l'age de onze ans, il écrit son premier roman, "Iris y Margarita", plagiant "Petit Bop" de Gyp, pour une cousine dont il est éperdument amoureux.A quatorze ans, il écrit "Vanidad o Una aventura terrorífica", un conte fantastique et policier.Sa première publication est celle de "Prólogo", qu'il écrit à quinze ans et qu'il réussit à publier grâce à son père.En 1932, il fait la connaissance de Jorge Luis Borges dans la maison de Victoria Ocampo. Les deux hommes vont se lier d'amitié et collaborer. "Nous étions très amis moi et Borges - confie Bioy Casares dans une interview - nous ne nous passions jamais nos textes pour que l'autre les voient, mais chaque fois que l'un d'entre nous avait créé une histoire, qui pouvait être un conte ou un roman, on la racontait à l'autre. C'est toujours agréable de pouvoir raconter des contes à l'autre".Deux ans plus tard, il fait la connaissance de Silvina Ocampo qui va le convaincre, avec l'aide de Borges, d'abandonner ses études et de se consacrer exclusivement à l'écriture.Ses romans se caractérisent par une prose excellente, des histoires ingénieuses où l'amour est un thème récurrent, ou des intrigues policières pleines d'imprévus.Il publiera "Tormento o la vida múltiple de Juan Ruteno" (1935), "La estatua casera" (1936), "Luis Greve, muerto" (1937).Il se mariera quelques années plus tard, en 1940, avec Silvina Ocampo.Cette année là il publie la Invención de Morel (l'invention de Morel), son œuvre la plus connue et qui deviendra un classique le la littérature contemporaine.Adolfo Bioy Casares et Jorge Luis Borges forment un duo très créatif qui va donner jour à des œuvres comme "Un modelo para la muerte", "Libro del Cielo y del Infierno" et "las Crónicas de Bustos Domecq". La majeure partie de ces romans sont signés du pseudonyme commun aux deux écrivains : H. Bustos Domecq.En 1945 est publié "Plan de evasión", puis "La trama celeste" (1948).En 1954, année où il publie "El sueño de los héroes", née sa fille unique Marta.En 1962, c'est au tour de "El lado de la sombra" d'être édité.En 1969 va sortir "Diario de la guerra del cerdo", qui sera adapté pour le cinéma par Leopoldo Torre Nilsson.Parmi les nombreux Prix qu'a reçu Adolfo Bioy Casares, on peut citer le Grand Prix d'honneur de la SADE, en 1975. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur en France, en 1981, et reçoit le titre d'Illustre Citoyen de Buenos Aires en 1986.En 1990 il reçoit le Prix Cervantes.Considéré par Borges comme l'un des plus grands écrivains argentins de fiction, Adolfo Bioy Casares a délivré au monde littéraire une œuvre importante où le fantasme et la réalité se superposent dans une harmonie magistrale. La construction parfaite de ces récits est sans doute la caractéristique que souligne le plus la critique littéraire à propos de son œuvre.
Adolfo Bioy Casares est mort à Buenos Aires le 8 Mars 1999, à 84 ans, après des complications dues à son âge avancé. Peu de temps avant sa mort il avait confié : "Je n'aime pas l'idée de mourir. Si je pouvais vivre 500 ans je demanderais : on ne peut pas m'en donner quelques uns de plus ?".
Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Mercredi 18/07/2012 • 0 commentaires  • Lu 1714 fois • Version imprimable

Adolfo Bioy Casares - Père de la littérature fantastique

Adolfo Bioy Casares - Père de la littérature fantastique
Source : LA NOUVELLE REPUBLIQUE
ALGERIE
dimanche 14 août 2005
Adolfo Bioy Casares, écrivain argentin, est né le 15 septembre 1914 à Buenos Aires en Argentine ; il meurt le 8 mars 1999 à Buenos Aires.
C’est le 15 septembre 1914 que naquit Adolfo Bioy Casares à Buenos Aires. Fils d’un père passionné de lettres, très jeune il est en contact avec les grands classiques de la littérature universelle.
A l’âge de onze ans, il écrit son premier roman, Iris y Margarita, plagiant Petit Bop de Gyp, pour une cousine dont il est éperdument amoureux.
A quatorze ans, il écrit Vanidad o Una aventura terrorífica, un conte fantastique et policier. Sa première publication est celle de Prólogo, qu’il écrit à quinze ans et qu’il réussit à publier grâce à son père.
En 1932, il fait la connaissance de Jorge Luis Borges dans la maison de Victoria Ocampo. Les deux hommes vont se lier d’amitié et collaborer. « Nous étions très amis moi et Borges - confie Bioy Casares dans une interview -, nous ne nous passions jamais nos textes pour que l’autre les voit, mais chaque fois que l’un d’entre nous créait une histoire, qui pouvait être un conte ou un roman, on la racontait à l’autre. C’est toujours agréable de pouvoir raconter des contes à l’autre ».
Deux ans plus tard, il fait la connaissance de Silvina Ocampo qui va le convaincre, avec l’aide de Borges, d’abandonner ses études et de se consacrer exclusivement à l’écriture.
Ses romans se caractérisent par une prose excellente, des histoires ingénieuses où l’amour est un thème récurrent, ou des intrigues policières pleines d’imprévus. Il publiera Tormento o la vida múltiple de Juan Ruteno (1935), La estatua casera (1936), Luis Greve, muerto (1937).
Il se mariera quelques années plus tard, en 1940, avec Silvina Ocampo.
Cette année là, il publie la Invención de Morel (l’invention de Morel), son œuvre la plus connue et qui deviendra un classique le la littérature contemporaine. Adolfo Bioy Casares et Jorge Luis Borges forment un duo très créatif qui va donner jour à des œuvres comme Un modelo para la muerte, Libro del Cielo y del Infierno et las Crónicas de Bustos Domecq. La majeure partie de ces romans sont signés du pseudonyme commun aux deux écrivains : H. Bustos Domecq.
En 1945 est publié Plan de evasión, puis La trama celeste (1948).
En 1954, année où il publie El sueño de los héroes, est née sa fille unique Marta.
En 1962, c’est au tour de El lado de la sombra d’être édité.
En 1969 va sortir Diario de la guerra del cerdo, qui sera adapté pour le cinéma par Leopoldo Torre Nilsson. Parmi les nombreux Prix qu’a reçu Adolfo Bioy Casares, on peut citer le Grand Prix d’honneur de la Sade, en 1975. Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur en France, en 1981, et reçoit le titre d’Illustre Citoyen de Buenos Aires, en 1986.
En 1990 il reçoit le Prix Cervantes.
Considéré par Borges comme l’un des plus grands écrivains argentins de fiction, Adolfo Bioy Casares a délivré au monde littéraire une œuvre importante où le fantasme et la réalité se superposent dans une harmonie magistrale.
La construction parfaite de ces récits est sans doute la caractéristique que souligne le plus la critique littéraire à propos de son œuvre. Adolfo Bioy Casares est mort à Buenos Aires le 8 Mars 1999, à 84 ans, après des complications dues à son âge avancé. Peu de temps avant sa mort il avait confié : « Je n’aime pas l’idée de mourir. Si je pouvais vivre 500 ans je demanderais : on ne peut pas m’en donner quelques ans de plus ? ».
R. C.
© http://www.nulladies.com/


Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Lundi 18/06/2012 • 0 commentaires  • Lu 1348 fois • Version imprimable

Quelques jours au Brésil

 

Quelques jours au Brésil 

Adolfo Bioy Casares Michel Lafon  








  • Broché: 88 pages
  • Editeur : Christian Bourgois Editeur (5 avril 2012)
  • Collection : LITT. ETR.


  • En juillet 1960, Adolfo Bioy Casares est invité pour une 
    semaine à un congrès d'écrivains au Brésil, sous les auspices 
    du PEN Club. C'est à cette occasion que naît ce journal de 
    voyage où cohabitent les présences littéraires (Alberto 
    Moravia, Elsa Morante, Roger Caillois, Graham Greene...), les 
    fantômes amoureux, les minuties du quotidien et la visite 
    d'une Brasilia en construction. Ce petit livre rare est l'occasion 
    de retrouver Bioy Casares dans la force de l'âge.
  •  


 

 
 

Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Lundi 07/05/2012 • 0 commentaires  • Lu 1206 fois • Version imprimable

à propos de "Quelques jours au Bresil"

 

Quelques jours au Brésil

Adolfo Bioy Casares
 Quelques jours au Brésil (journal de voyage), Adolfo Bioy Casares, édition, postface et traduction de l’espagnol (Argentine) par Michel Lafon, Christian Bourgois, avril 2012, 96 p., 12€
 
 
Du 23 au 30 juillet 1960, l’écrivain argentin Adolfo Bioy Casares se rend au Brésil pour participer au congrès du PEN Club. À ce moment-là, Bioy a quarante-six ans, est marié depuis vingt ans à Silvina Ocampo. Ce journal de voyage forme un tout au sein de l’immense journal que l’écrivain a tenu (vingt-mille pages de cahiers remplies entre 1947 et 1999). Durant une semaine, Bioy va visiter Brasilia en chantier, Saõ Paulo, et Rio. Durant une semaine, Bioy va rencontrer des écrivains, et non des moindres, Graham Greene, Alberto Moravia et Elsa Morante, entre autres. Ce journal de voyage est aussi un journal intime. On y découvre des paysages et des comportements locaux, mais on y trouve également, et surtout, des réactions de mauvaise humeur, des contrariétés, des irritations.
 
Elle s’appelait Ophelia. Une toute jeune Brésilienne rencontrée en 1951, qui s’évanouit à la vue de Bioy « par admiration ». Ils ont une aventure, à Paris. En 1957, l’écrivain reçoit une lettre très affectueuse de celle qu’il appelle Opheliña. Lorsqu’Antonio Aita, le président du PEN argentin, propose à Bioy de se rendre au Brésil pour le congrès, en 1960, le souvenir non effacé d’Opheliña est le motif sous-jacent de son départ. Le Brésil ? Oui, pourquoi pas ? Pour retrouver Ophelia, qui sait ?
Voilà le joli fil rouge qui donne sa cohérence à une semaine assez décousue. Amitiés et inimitiés entre écrivains, hôtels et restaurants, maux de tête et insomnies… sans le fantôme d’Opheliña, le journal de voyage ne serait que la relation égocentrée d’une semaine assez vaine. Mettons à part les pages sur l’escapade à Brasilia – et les photos qui l’accompagnent. À Brasilia, dans un chantier gigantesque, Bioy pointe les incongruités et les aberrations de la nouvelle capitale : il faut faire soixante kilomètres aller-retour pour acheter une brosse à dents si l’on a oublié la sienne, par exemple. On est au milieu de nulle part, entre gigantisme pompeux et mégalo et Indiens aux « oreilles larges comme la main, percées, qui étaient il y a encore trois ans les seuls habitants de la zone ». Opheliña est invisible, et le restera. Bioy, lui, incorrigible séducteur, détaille et jauge toutes les femmes qui passent à sa portée durant le séjour brésilien.
 
La postface de Michel Lafon, en écho à « Quelques jours au Brésil », s’intitule « Quelques jours avec Bioy ». Ces quelques pages – vingt au total – sont le récit d’une amitié dense et partagée. Michel Lafon dit ici son admiration pour l’écrivain, sa peur et sa joie de le rencontrer, son émerveillement de le côtoyer. Cette postface reprend subtilement la structure du journal de Bioy. Une scène « primitive » : la rencontre avec Ophelia en 1947 pour l’écrivain argentin ; le souvenir d’un après-midi d’été de 1972 pour Michel Lafon, lorsque son oncle demande au cours d’un jeu familial « si à cet instant vous pouviez convoquer d’un coup de baguette magique une personne vivante, qui choisiriez-vous ? » et que le neveu répond « Adolfo Bioy Casares ». Le neveu deviendra argentiniste, c’est-à-dire spécialiste de l’Argentine, de sa littérature. Et nouera une belle amitié avec celui qu’il voulait convoquer à la fin de l’adolescence. Quelques jours au Brésil et Quelques jours avec Bioy parlent d’Adolfo Bioy Casares. À cette différence près – abyssale – que l’écrivain parle de lui-même, alors que Lafon parle de l’écrivain. En véritable écrivain, lui aussi. L’émotion est dans la postface : « J’essaie de me concentrer et de m’enthousiasmer, mais je ne peux éviter de me dire que je suis en train de dîner avec le personnage de “Tlön, Uqbar, Orbis Tertius”, avec l’amant de Faustine et de Paulina, avec l’explorateur des îles du Tigre et du Diable ». 
 
NB : Cet article a été écrit en respectant une contrainte (ne jamais citer le nom de Borges pour évoquer Bioy Casares…)
Christine Bini
 
source: http://cle.ens-lyon.fr/espagnol/quelques-jours-au-bresil-148775.kjsp

 

Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Lundi 07/05/2012 • 0 commentaires  • Lu 1219 fois • Version imprimable

Le songe des héros

Le songe des héros
de Adolfo Bioy Casares (Auteur)






 
Poche: 218 pages
Editeur : 10-18 (12 septembre 1999)
Collection : 10/18

" A la fin des trois jours et des trois nuits du Carnaval de 1927, la vie d'Emilio Ganna atteignit son premier et mystérieux paroxysme.Ce qu'il entrevit alors constitua pour lui une sorte d'expérience magique obtenue et perdue au cours d'une prodigieuse aventure... " De ce paroxysme et de cette expérience on ne dira rien, pour laisser au lecteur le plaisir des péripéties, des menaces et des doutes que ce roman comporte. Rien sinon qu'on y voit des garçons et des filles un peu perdus dans les Faubourgs de Buenos Aires et qui marchent longuement entre l'amitié et l'amour.Et comment le bonheur d'une vie simple peut se trouver ruiné par la puissance du souvenir. Avec l'Invention de Morel, ce Songe des Héros est l'autre chef-d'œuvre de Bioy Casarès.

Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Jeudi 18/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1399 fois • Version imprimable

Plan d'évasion

Plan d'évasion
Adolfo Bioy Casares







 
Éditeur : 10X18
Collection : DOMAINE ÉTRANGER
Genre : LITTERATURE - DOCUMENTS
Présentation : Broché

L'étrange pénitencier où débarque un jour le héros de ce livre, Henri, a beau porter le nom de Cayenne, il n'en apparaît pas moins comme le symbole d'un étrange purgatoire confinant à un Enfer tout aussi mystérieux. Pourquoi Henri a-t-il abouti ici ? Pourquoi a-t-il quitté la femme qu'il aime ? L'existence d'Henri au pénitencier n'est-elle que l'image de son existence ? Et Castel, tout-puissant directeur de cette île au Diable, ne serait-il qu'un aspect de la raison démente qui régit le monde ? " Avec Plan d'Evasion, a dit un critique, Bioy Casares poursuit le projet déjà décelé par Borges dans l'Invention de Morel : celui d'écrire une fiction inépuisable, la fable exemplaire où chacun trouve son propre reflet, le livre qui soit tout à tous.

Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Jeudi 18/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1305 fois • Version imprimable

Un champion fragile

Un champion fragile
Adolfo Bioy Casares







 
Éditeur : Robert Laffont
Genre : ROMAN CONTEMPORAIN
Présentation : Broché

En dépit de son célèbre prénom (celui du boxeur argentin Firpo), Luis Angel Morales est plutôt timide et réservé - une espèce d'antihéros. Chauffeur de taxi, il parcourt les rues de Buenos Aires en quête d'un amour de jeunesse évanoui; quant à ses clients respectable médecin, souteneur ou fille de joie -, ils l'entraînent, bien malgré lui, dans des aventures à l'issue incertaine, où il lui faut presque toujours jouer des poings avec une soudaine force herculéenne.Un jour, enfin, il retrouve la trace de la femme aimée, sa chère Valentina... Dans un style volontairement épuré, et avec un humour un brin amer, Adolfo Bicy Casares se plaît à lancer le lecteur sur de fausses pistes; le récit oscille entre le fantastique et la peinture d'un univers urbain impitoyable sous la banalité du quotidien, un monde où l'individu mesure son impuissance devant la solitude, la vaine poursuite des rêves brisés et la fuite inéluctable du temps.

Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Jeudi 18/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1300 fois • Version imprimable

Le bel hommage d'un transparent

LITTERATURES
Le bel hommage d'un transparent
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 15.09.95
Dans une farce tragique, irréaliste et très moderne,
Adolfo Bioy Casares salue Buenos Aires, tout en se moquant secrètement de lui-même et de sa réputation
Il faut d'abord saluer le métier, le maintien, la maîtrise. Avec ses quatre-vingts ans, marqué par plus d'un demi-siècle de complicité littéraire avec Jorge Luis Borges (mort en 1986), Adolfo Bioy Casares se permet d'écrire un roman court et bouffon qui a la noirceur vitale d'un certain expressionnisme argentin. Le plaisir de raconter est intact, même si à chaque ligne domine le sentiment que le grand écrivain se moque secrètement de lui-même et de sa réputation...
Ceux qui connaissent Bioy Casares savent comment, depuis L'Invention de Morel, son premier roman reconnu, l'auteur procède : il attend d'être « habité » par une histoire, il la raconte pour la « domestiquer », la « travailler », et finalement cela a pris six ou sept ans pour Un champion fragile il la « sculpte » dans une langue laconique, au point que ses textes, qu'ils soient longs ou courts, ressemblent souvent à des synopsis de roman et que la fin surprend le lecteur alors qu'il allait justement s'installer dans le livre !
Tous les textes de Bioy Casares ont leur vitesse propre. Ils sont profilés comme des prototypes et rien n'est laissé au hasard. Ils doivent donner l'impression d'un rêve éveillé, toujours précis et bien dirigé. L'écrivain ne doit jamais perdre le contrôle de sa prose. Le risque vient de ce qu'il lui faut aussi éviter la sécheresse, ne pas laisser apparaître les procédés, frôler constamment la caricature sans s'y adonner. ABC (ses initiales en code informatique), qui sait être sceptique sans être snob, ajoute à cette littérature délibérée qu'il oppose à la littérature spontanée son sens du sarcasme, son contre-chant de désamour obsessionnel et sa pointe d'ironie. De fait, il cultive en virtuose le passage de l'ordinaire au fantastique, d'où cette étrange sensation d'être pris dans un fondu-enchaîné ou de parcourir, dans un vif ralenti, les interfaces de la bande de Möbius.
Tout ici est construit en hélice. Ainsi le titre El Campeon desparejo mérite une petite glose. Traduit par Un champion fragile, il aurait pu aussi bien être rendu par « le champion inégal », « le champion irrégulier », « le champion fantasque » ou « mal apparié », puisqu'à l'enseigne du texte il joue de l'idée de champion, au sens sportif, et de champion au sens moral de redresseur de torts. Ajoutons que le héros, chauffeur de taxi dans les rues de Buenos Aires, alcoolique repenti, amoureux en quête d'un amour d'antan, a avalé une potion magique et que, sous l'effet conjugué de l'élixir et de la colère, ses forces sont surmultipliées. L'ennui vient de ce que Luis Angel Morales a des hauts et des bas, c'est un champion à éclipses. Si bien qu'il livre souvent des combats dont l'issue n'est pas assurée. Il lui arrive de mordre la poussière. « TAXI STORY » Bioy Casares hésite entre le burlesque et le grotesque. Ses personnages hauts en couleur sont dotés d'une psychologie sommaire. N'empêche que ce petit monde urbain existe et que cette « taxi story » avec son savant fou (le professeur Nemo), son mac et sa putain, sa petite vieille très digne, ses scènes de ménage, son garage de quartier et son bar à copains, donne à la fable de l'existence locale un fumet universel. Il s'agit d'une farce tragique, irréaliste et très moderne. Ne pas oublier : L'Invention de Morel, bien avant Jean Baudrillard, avait posé la question de la séduction du virtuel et de la disparition ; l'écrivain y déclinait déjà systématiquement la manière dont l'illusion sait se servir du réel pour se cacher.
Cinquante-deux ans après, dans un autre registre, Un champion fragile montre un héros qui veut se réapproprier son histoire par effraction. Il veut court-circuiter son destin et renouer avec le passé par ses propres moyens. Il ira jusqu'au viol de celle qu'il voulait reconquérir.
Le charme de Bioy Casares vient de ce qu'il n'en finit pas de raconter toujours la même histoire en la recomposant pour la rendre méconnaissable. Ecrits à distance, Plan d'évasion, Journal de la guerre au cochon, Dormir au soleil, Le Héros des femmes ou Une poupée russe (1) ne sont pas cependant interchangeables, car ils appartiennent au même puzzle, au même travail en train de se faire. Cela vient de ce que l'auteur part toujours d'une « scène primitive » qui sert de coeur au récit et que, bien entendu, il échappe difficilement aux images qui habitent sa propre vie.
Dans ses Mémoires (2), qui sont plutôt des réflexions, des bribes et des fragments, il en livre quelques-unes, mais il aime aussi en glisser dans la conversation : un jour, il avait treize ans, il tombe amoureux d'une danseuse du théâtre de Buenos Aires. Avec un rien de culot, il lui téléphone et décroche un rendez-vous à la sortie des artistes. Le gardien de l'immeuble lui prête un pantalon. Plus ou moins sûr de lui, déguisé en homme, il attend la dame. Lorsqu'elle paraît, au premier coup d'oeil, elle éclate de rire et passe son chemin... Cet incident minuscule prend des proportions mythiques sous la plume de l'écrivain. Dans Un champion fragile, la scène de l'humiliation tourne à l'affrontement physique. Alors que Luis Angel Morales veut se porter au secours d'une petite fille de onze ans, Valentina, un gros garçon, El Gordo Landeira, utilisant une ruse déloyale, l'oblige à mettre genou à terre. Peu après, il perd de vue Valentina et se met à boire. Il lui faudra neuf ans pour cicatriser. Dès lors, le chauffeur de taxi sillonne la capitale fédérale en scrutant le visage des femmes de vingt ans : c'est sur cette traque sentimale que se ramifient d'autres rencontres, d'autres exploits et d'autres échecs. Il y a un rapt, des bagarres, des poursuites sur les toits et des écoutes téléphoniques. Il y a un clin d'oeil appuyé au boxeur argentin Luis Angel Firpo « El Toro de las pampas » qui avait mis Jack Dempsey hors du ring, et auquel l'arbitre vola la victoire...
Le roman ne fait que cent vingt pages qui se répartissent en vingt-six chapitres. Les noms propres ceux des personnages, des rues, des parcs, des stades, des quartiers forment une sorte de litanie embrouillée de cocasseries et de larmes. Bioy Casares, sous prétexte de quête et d'enquête, privé de sa fringante mobilité, avec une sorte de maniaquerie topographique, énumère les lieux désormais hantés par les fantômes de sa femme, de sa fille et de Jorge Luis Borges. Il m'avait dit un jour : « Sur les trottoirs, aujourd'hui, je me sens devenir transparent... » Il ne faudra donc pas confondre cette ballade aux disparus avec le premier tango venu, qui trône inévitablement sur la couverture. Il s'agit, derrière l'humour et la bravade, les pantalonnades du récit, le chagrin rentré, d'un adieu pudique à Buenos Aires. Le bel hommage d'un transparent.
JACQUES MEUNIER
© le monde
Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Jeudi 18/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1331 fois • Version imprimable

Journal de la guerre au cochon

Journal de la guerre au cochon
de Adolfo Bioy Casares (Auteur)






 
Poche: 218 pages
Editeur : LGF - Livre de Poche (1 juin 1986)
Collection : Livre de poche

" J'ai imaginé le thème de ce roman comme une chasse : des jeunes gens agiles traquaient de pauvres vieillards alourdis et vulnérables. Au commencement, dans mon esprit, c'était comme un ballet, comme une série de situations qui pourraient être d'un film coimque américain des armées vingt. Avec l'amour, somme toute vraisemblable, d'une jeune fille pour un homme mûr, avec la loyauté, incertaine, des fils pour leur père, est apparu ensuite l'essentiel de l'histoire. "

Un photographe à La Plata

Un photographe à La Plata
de Adolfo Bioy Casares (Auteur)





 
Broché: 218 pages
Editeur : Christian Bourgois (1 juin 1991)
Collection : Chr.Bourgois

" Qu'est-ce qui pousse ce jeune photographe en voyage de travail à La Plata à se laisser posséder par une étrange famille qui voit en lui un fils disparu, un amant de passage, un amour potentiel, un gogo à gruger ? Ne cherchez pas de réponses à ces questions. Pour Adolfo Bioy Casares, la littérature, la vraie, n'a pas pour mission d'anesthésier les doutes et les tourments, mais de les aviver, de les réveiller. Pas avec cette grandiloquence, ce sens du drame que l'on attribue volontiers aux Argentins, mais par petites touches, entre humour et inquiétude. Sous la patine des jours sans histoire, le romancier nous dévoile une autre vie, plus forte, plus insinuante. "

à propos de "un photographe à La Plata

critique de : lemonde
Le 10 Janvier 1997
Un photographe au bain révélateur
Un photographe à La Plata occupe une place à part dans l'oeuvre d'Adolfo Bioy Casares. L'auteur de L'Invention de Morel y joue pleinement de son nom et de sa technique pour embarquer le lecteur dans une aventure plus suggérée qu'avérée. « Tout se répète », se dit le jeune héros dès le premier paragraphe. Mais rien ne se répètera. La duplicité des personnages peut s'étaler librement sans jamais offrir de prise. Il y a de l'escroquerie dans l'air. Le lecteur est conduit à voir double, à chercher à chaque instant une histoire parallèle, en coauteur déçu et comblé par les méandres de la narration. Jusqu'à une volte-face inattendue où on lui signifie congé de manière fort cavalière.Un photographe débutant, Nicolas Almanza, est chargé d'une mission d'apparence si banale qu'elle paraît d'emblée en couvrir une autre. Il doit en effet se rendre à La Plata pour y photographier les principaux édifices publics de la ville. En posant le pied sur le sol de la cité portuaire, il est immédiatement happé par une curieuse famille, qu'un témoin appellera « la sainte-famille » par antiphrase, qu'un autre qualifiera de « diable en personne », de « Satan ». Le père, nommé Don Juan, prétend reconnaître son fils dans le jeune homme, et ses deux filles, une blonde et une brune, ont tôt fait de lui ouvrir les vues les plus plaisantes sur l'enfer.Le récit se coule en permanence entre deux genres : le réalisme et le fantastique. D'une part des réflexions précises sur l'art de la prise de vues (lumière, cadre), sur l'importance du tirage (on se souviendra que Bioy Casares a été aussi photographe), ainsi qu'une visite quasi documentaire de La Plata. De l'autre, une collection de personnages inquiétants, violents parfois, suggérant un complot de forces hostiles, à l'origine de manipulations d'autant plus étranges qu'on n'en discerne à aucun moment les objectifs. D'un côté, les lumières nettes des monuments, de l'autre les noirs abîmes des caractères.Tout l'art d'Adolfo Bioy Casares est employé à attacher discrètement le lecteur au jeune héros. Afin qu'il le prenne sous sa protection et tente de le garder des chausse-trapes entre lesquelles il court, impavide, à la manière de Keaton dans Cadet d'eau douce, sans rien qui puisse le dévier de son cours. Mais la victime toute désignée des menées sataniques est si pure (il « n'a jamais pensé au mensonge ») qu'elle se révèle aussi incorruptible qu'inaccessible au mal. Ses aventures deviennent alors le récit d'une double initiation, photographique et sexuelle, un inattendu roman d'apprentissage.
source: www.alapage.com
JEAN-LOUIS PERRIER

Le Héros des femmes

Le Héros des femmes
de Adolfo Bioy Casares (Auteur)







 
Poche: 238 pages
Editeur : Seuil (23 janvier 1992)
Collection : Points Roman

" Bioy Casares est probablement le seul écrivain du continent latino-américain à retrouver la verve anglaise des conteurs fantastiques.Defoe, Wells, De Quincey et last but not least Stevenson ". Albert Bensoussan, La Quinzaine littéraire " Il y a toujours du Maupassant visité par Edgar Poe chez l'auteur du Héros des femmes ". Rémy Lillet, Le Point " L'imagination est bien, dans les nouvelles de Bioy Casares, " la folle du logis ", mais une folle d'une intelligence diabolique, dévastant systématiquement, minutieusement, les certitudes rationnelles, agitant les fonds troublés des eaux les plus limpides, introduisant le doute dans les certitudes les plus compactes.
Pierre Lepape, Télérama

Nouvelles démesurées

Nouvelles démesurées
de Adolfo Bioy Casares (Auteur)





 
Poche: 197 pages
Editeur : Seuil (19 novembre 1992)
Collection : Points Roman

La mort, les amours finissantes ou impossibles, la vie désenchantée, la lucidité poussant au suicide.l'homme confronté à un monde nouveau qui le désarme, les vraies illusions et les fausses réalités : autant de thèmes graves, essentiels, que la magie de l'écriture d'Adolfo Bioy Caeares parvient à empreindre de légèreté et de grâce dans les dix récits qui composent ces Nouvelles démesurées (1986). Une fois de plus s'affirme ici la maîtrise de l'écrivain argentin.

Dormir au solei

Dormir au soleil
de Adolfo Bioy Casares (Auteur)






 
Poche: 278 pages
Editeur : Gallimard (3 juin 1992)
Collection : Folio

Bordenave, employé de banque congédié à la suite d'une grève malencontreuse, est devenu horloger. Il mène une existence paisible dans sa maison du quartier populaire de Buenos Aires. Soudain, et pour des raisons inconnues, sa femme Diana est enfermée dans une clinique psychiatrique. Dès lors, la vie de l'horloger, faite de conventions, va être bouleversée par une série de péripéties bizarres et inquiétantes, entre autres l'intervention de sa belle-sœur, des entretiens avec le fascinant Reger Samaniego, directeur de la clinique, et l'apparition d'une chienne qui curieusement s'appelle Diana comme sa femme. Enfin, le comportement de la vraie Diana, sortie de clinique, lui fait prendre conscience, petit à petit, qu'autour de lui se produisent d'étranges transferts et des mutations d'âmes et de corps...Dormir au soleil s'inscrit dans le cadre de ces imaginations pour ainsi dire « frontalières », à cheval sur le rêve et la réalité, dont cet auteur a construit un royaume très singulier et qui lui ont valu d'être, avec Borges, l'écrivain le plus marquant de la littérature sud-américaine d'aujourd'hui.

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