Rafael Spregelburd
Argentine – Né en 1970
Rafael Spregelburd dépasse, dans sa pratique artistique, la division du travail qui structure traditionnellement l’activité théâtrale : à la fois auteur, metteur en scène, comédien, traducteur et pédagogue, son écriture se nourrit des différents savoirs qui accompagnent son activité créatrice.
Né en 1970, il est l’un des représentants les plus brillants d’une nouvelle génération de dramaturges argentins extrêmement inventive et prolifique, qui a commencé à créer dans les années du retour à la démocratie, après la dictature militaire de 1976-1983 (citons entre autres Javier Daulte, Alejandro Tantanian, Daniel Veronese, Federico León…).
Il s’est formé en tant qu’acteur et dramaturge avec le dramaturge Mauricio Kartun et les metteurs en scène Daniel Marcove et Ricardo Bartis. A partir de 1995, il est aussi metteur en scène. Il crée ses propres textes et occasionnellement aussi des adaptations d’autres auteurs (Carver, Pinter). Ses traductions de Harold Pinter, Steven Berkoff, Sarah Kane, Wallace Shawn, Reto Finger et Marius von Mayenburg ont souvent fait l’objet de mises en scène. En 1994, il crée (avec la comédienne Andrea Garrote) la compagnie El Patron Vazquez, pour laquelle il écrit plusieurs textes, dont La Estupidez. Avec plus de trente pièces, écrites dès le début des années 90, Spregelburd n’a cessé de mener une exploration formelle féconde et virtuose. Celle-ci est particulièrement évidente dans la série de pièces indépendantes qui composent la multiforme et démesurée Heptalogie de Hieronymus Bosch. Initialement inspirée par la table des Sept péchés capitaux de Jérôme Bosch (musée du Prado), l’heptalogie s’étend sur plus de dix ans de travail. Spregelburd vient de finir d’écrire la dernière pièce de la série, L’Entêtement, qui verra la lumière en allemand, à Francfort, en 2008. Écrite entre 2000 et 2002, quatrième pièce de la série, La Estupidez occupe le centre de l’heptalogie. Rafael Spregelburd vit et travaille principalement dans sa ville natale de Buenos Aires, mais vers la fin des années 90, son oeuvre, traduite en plusieurs langues, commence à se faire connaître au-delà de l’Argentine, principalement en Amérique Latine et en Europe, en particulier en Allemagne, en Espagne et en Angleterre.
Spregelburd a été boursier du théâtre Beckett de Barcelone, où il a donné des séminaires avec le dramaturge espagnol José Sanchis Sinisterra. Il a été boursier du British Council et du Royal Court Theatre de Londres, auteur en résidence du Deutsches Shauspielhaus d’Hambourg, auteur et metteur en scène invité de la Schaubühne de Berlin, metteur en scène invité du Theaterhaus de Stuttgart et du Kammerspiele de Munich, auteur commissionné par la Franfkurter Positionen 2008 et membre de la Akademie Schloss Solitude de Stuttgart.
Il est publié en Allemagne chez Suhrkamp. Jusqu’à aujourd’hui, le théâtre professionnel français était resté en marge de cet intérêt européen pour l’oeuvre de Rafael Spregelburd. Spregelburd a été invité à de nombreux festivals internationaux (Festival Iberoamericano de Bogotá, FIT Festival International de Cadiz, Festival d’Automne de Madrid, Festival El Grec de Barcelone, Festival de Gérone, Festival Frontières de Londres, Wiener Festwochen, FILO Festival International de Londrina, Festival Gateway to the Americas au Mexique, etc.) et a obtenu plus d’une trentaine de prix argentins et internationaux, parmi lesquels : Tirso de Molina, Casa de las Américas, Dramaturgie de la Ville de Buenos Aires, Argentores, Maria Guerrero, Florencio Sanchez, Trinidad Guevara, journal Clarin, Konex, etc.
A l'échelle humaine
de Javier Daulte (Auteur), Rafael Spregelburd (Auteur), Alejandro Tantanian (Auteur), Dorothée Suarez (Traduction), Françoise Thanas (Traduction)
Broché: 62 pages
Editeur : Les Solitaires Intempestifs (15 mai 2003)
Collection : La Mousson d'été
AU COIN. Au-dessus de la mercerie, rue San Pedro. Dans cette famille, les malheurs arrivent les uns après les autres. D'abord un attardé, ensuite je tue la maman, et maintenant l'attardé la coupe en petits morceaux. Fais attention, Norberto, tu donnerais le bon Dieu sans confession à ces gens-là, mais ils sont dangereux
La Estupidez (La Connerie)
Rafael Spregelburd traduit par Marcial Di Fonzo Bo, Guillermo Pisani
Texte original : La Estupidez
Pour commencer, tout se passe non loin de Las Vegas dans des chambres de motel. Cinq comédiens y interprètent à un rythme d’enfer vingt-cinq personnages tous très agités. Le talent de Spregelburd tenant notamment dans sa capacité à mélanger les formes, à jongler avec des genres très différents. Du mélodrame dans un esprit sitcom au road movie, de Pinter à Tchekhov avec un détour par Quentin Tarantino, on est emporté dans un maelström étourdissant. À sa manière, Rafael Spregelburd met en scène le chaos, c’est-à-dire un monde en dérive qui n’est plus soutenu par une force centrifuge. «Où est la déviance quand il n’y a plus de centre ? La transgression est-elle encore possible quand il n’y a plus de loi fondatrice ?», s’interroge-t-il notamment.
La Estupidez (La Connerie)
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La Estupidez (La Connerie) a dépassé toutes les limites…
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Les Lucioles en folie |
Paris-Théâtre national de Chaillot jusqu’au 24 octobre 2009 |
AprèsLa Estupidez voici La Paranoïa, un autre volet de l’heptalogie écrite par l’Argentin Rafael Spregelburd, inspirée des sept péchés capitaux de Jérôme Bosch, aussi mis en scène par le tandem de choc Marcial di Fonzo Bo et Elise Vigier de la compagnie du Théâtre des Lucioles. On passe de la comédie de mœurs à l’aventure de science-fiction mais sur un mode toujours aussi déjanté. Nous sommes en l’an 20 000 et quelques, le monde est dominé par des extra-terrestres appelés « les intelligences » qui réclament comme nourriture, non pas des kilos de viande fraîche mais de la fiction. Une équipe, constituée d’un écrivain à succès, un astronaute shooté, un mathématicien obsessionnel, un robot transsexuel vieille génération qui se reprogramme toutes les quatre secondes, a été convoquée en secret à Piriapolis pour sauver l’humanité en péril. Après de multiples péripéties plus ou moins claires, on finit par se rendre compte que tous ne sont que les personnages d’une histoire née dans la tête d’une jeune femme passablement givrée, rendue folle et monstrueuse par des quantités d’opérations de chirurgie esthétique qui lui ont été imposées pour accéder au titre de Miss Vénézuela. Spregelburd s’amuse à brouiller et détourner les codes de la série B à la telenovela en passant par les films gores, le fantastique façon Matrix. L’univers de l’Argentin pourrait évoquer Borgès et surtout le livre d’Adolfo Bioy Casarès, L’Invention de Morel dans lequel un homme se prend au piège d’images virtuelles, mais il n’en a pas la rigueur d’écriture. Le dispositif scénique très spectaculaire joue simultanément sur le mode théâtral et cinématographique. Les images filmées en direct sont projetées sur un gigantesque cylindre qui est aussi un élément du décor. Les acteurs (Frédéric Loliée en auteure de bestseller et Pierre Maillet en vieux robot transsexuel déglingué sont particulièrement épatants) se dépensent sans compter et réussissent à faire exister des personnages très improbables dans cette histoire folle qui avance à cent à l’heure, au risque de nous perdre. Le spectacle, d’abord très drôle, peu à peu perd le sens au profit d’une profusion étourdissante de signes et finit par s’exténuer dans son propre vertige, absorbé dans un trou noir intersidéral. Et le spectateur reste proprement sidéré, avec l’intuition qu’il y avait là une belle matière théâtrale. Pourtant, on aimait bien l’idée que seule la fiction puisse sauver l’humanité.
La Paranoïa de Rafael Spregelburd, mise en scène Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier, avec Marcial di Fonzo Bo, Frédéric Loliée, Pierre Maillet, Clément Sibony, Rodolfo de Souza, Elise Vigier, Julien Villa. Au théâtre national de Chaillot, du mardi au samedi à 20h30, dimanche 15h30. Tel : 01 53 65 30 00. Durée : 2h20.
source: http://www.webthea.com/actualites/?La-Paranoia-de-Rafael-Spregelburd,2044
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La Paranoïa
de Rafael Spregelburd
Broché: 144 pages
Editeur : L'Arche (30 septembre 2009)
Collection : SCENE OUVERTE
Rafael Spregelburd est né à Buenos Aires, vit à Buenos Aires écrit à Buenos Aires. Pas seulement mais avant tout. Il est connu en France et en Europe bien que son uvre prolifique et non publiée jusqu alors - reste encore à découvrir. La première pièce que L Arche publie fait partie d un projet d écriture qui se résume sous le titre général Heptalogie de Hiéronymus Bosch. Il est inspiré par la fameuse table décorée qui se trouve au Prado de Madrid et qui détaille les sept péchés capitaux, selon la conception du catholicisme mais revue par le peintre. Spregelburd, bien sûr, vise à actualiser le concept. Ce qui rend les habitants de la terre unique dans le cosmos, c est leur capacité d inventer des histoires. C est cette capacité qui a garanti jusqu alors l équilibre entre les hommes et les extraterrestres, qui consomment les fictions des humains en abondance. Spregelburd voit loin et situe l histoire qu il nous raconte dans un lointain futur. Entre 5000 et 20000 ans après Jésus Christ. À cette époque, les réserves d imagination sont en train de s épuiser. Pour y remédier, l organisation des Opérations Spéciales Terriennes réunit dans un hôtel délabré de Piriapolis (Uruguay) une équipe qui se compose d un mathématicien, d un astronaute, d une écrivaine à succès et de Béatrice, une G4 (très ancien robot, à la mémoire corrompue). La mission est délicate : inventer en 24 heures une fiction que les extraterrestres n aient pas encore ingurgitée.
Marcial Di Fonzo, en tandem avec Elise Vigier, poursuit son exploration de l’univers de l’auteur argentin Rafael Spregelburg, dont il a déjà crée « La Estupidez (la Connerie) ». Cette fois, il s’agit de « La Paranoïa ». On peut tenter d’en résumer l’histoire digne d’un labyrinthe borgésien à l’heure des télénovelas et de la SF. Quelques humains se retrouvent enfermés et sommés par des extra-terrestres d’inventer une fiction sous peine de disparaître. Alors, les humains font des bouts d’essais qui s’imbriquent à l’action en un maelström de boites gigogne : une Miss Vénézuela succède à des marins lituaniens, à une brodeuse chinoise. Nos deux metteurs en scène ont choisi de filmer ces bouts d’essais, et les films trop omniprésents (même si certes beaux, projetés sur un décor type boite optique, ou parfois tournés en direct) cassent ce qui fonde le théâtre : la présence. On en retrouve parfois le piment avec Pierre Maillet, une fois de plus génial en transsexuel, avec Rodolfo de Souza, successivement Colonel, Bonne sœur et Général nippon avec une densité fort à propos dans cet univers de faux semblants. Mais le vertige n’est pas au rendez-vous. (Chaillot, jusqu’au 24 octobre, puis en tournée). Dommage : la science fiction au théâtre est une denrée rare. Le théâtre feuilleton très intelligent et référentiel de Rafael Spregelburg exige peut-être un traitement plus déglingue. A vérifier avec « la Panique » du même auteur, que mettent en scène Marcial Di Fonzo Bo et Pierre Maillet avec les élèves du Théâtre des Teintuteries de Lausanne (Bastille, du 20 au 24).
source: odile-quirot.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/10/19/le-pere-tralalere-sur-un-air-d-aujourd-hui.html#more
Lucide
Rafael Spregelburd
- Broché: 120 pages
- Editeur : L'Arche (23 janvier 2012)
- Collection : Scène ouverte
Lucide nous plonge dans une intrigue familiale inédite : un étrange pacte unit Lucrèce et Lucas, depuis que celle-ci a offert un rein à son frère. Les retrouvailles familiales nous promettent une ambiance frénétique et déjantée, d' autant plus que Lucas a entamé une thérapie par le rêve. Lorsqu' il rêve, il est lucide et dispose de son libre-arbitre. Se savoir rêver offre au rêveur la possibilité d' exercer un contrôle sur ses actions, sur le contenu du rêve et sur son déroulement. Rafael Spregelburd élabore une pièce étonnante : comment l' individu s ajuste-t-il à son environnement par définition en perpétuel changement ? La famille se révèle être un champ d' étude idéal. Lucide, avec sa complexité formelle et sa narration éclatée, ne cesse de jouer sur le glissement entre réalité et fiction. La vérité est-elle dans le monde ou dans le rêve ? Et qu' en est-il du théâtre dans cette constellation ? Rafael Spregelburd se nourrit des différents savoirs. Né à Buenos Aires en 1970, l auteur est la fois metteur en scène, comédien et traducteur. Avec plus de trente pièces à son actif, il continue ici de mener une exploration formelle féconde et virtuose.
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Les opacités de Lucide
Karin Viard et Léa Drucker dans une pièce délirante de l'Argentin Rafael Spregelburd.
Sous leur perruque blonde, on les reconnaît à peine! Robe-chemisier bon chic bon genre, mousseline grège et jupe plissée, cheveux mi-longs un peu choucroutés, Karin Viard, Tété, la maman, est très inattendue. Longs cheveux lisses, habillée plus jeune, Léa Drucker-Lucrèce, sa fille-, elle aussi, est méconnaissable. On retrouve l'acidité délicieuse de ces deux comédiennes fines et déliées, dès qu'elles prennent la parole! Mais pour dire quoi? Avouons-le, on a du mal à suivre! Ces deux belles ne sont pas seules sur le plateau du Marigny, dans un décor qui évoque un appartement mais aussi un restaurant et change au gré des lumières. Philippe Vieux apparaît dans un costume d'homme préhistorique. Est-il serveur dans ce restaurant ou est-il le professeur de tennis que Tété a rencontré par Internet et avec qui elle referait bien sa vie…? Surgit Lucas, grande tige indolente, tantôt en garçon, tantôt en fille, tantôt en superman… C'est Micha Lescot, aussi doué que singulier!
On découvre un semblant d'intrigue. Lucrèce revient après quinze ans d'absence. Elle réclame des comptes. Autrefois, elle a donné un rein pour son frère. Il ne l'a jamais su. Ces retrouvailles sont d'autant plus difficiles que chacun suit son idée. Les dialogues ne sont pas vraiment rationnels… Et d'ailleurs, n'est-on pas dans la tête même de Lucas, qui prétend commander à ses rêves… en toute «lucidité»?
Marcial Di Fonzo Bo a déjà mis en scène son compatriote l'écrivain argentin Rafael Spregelburd. Lucide est un conte assez cruel mais surtout complètement fou qui prend ici des apparences de comédie de boulevard pour mieux nous égarer… Un ton, des scènes qui se répètent, un mouvement qui se grippe et repart, une montée en puissance de la folie… Mais le soufflé retombe brutalement et l'on est un peu frustré. Donné sur un rythme très vif, ce conte disloqué et délirant doit beaucoup à la présence des interprètes: ils jouent sincèrement, sans commenter ce qu'ils font et ils sont excellents. Il faut accepter de ne pas tout comprendre, d'être choqué, de perdre le fil (si jamais on en saisit un!). Il faut se laisser porter par le talent du quatuor. Mais on aimerait une conclusion!
Théâtre Marigny (Paris VIIIe), à 21 heures du mardi au samedi, en matinée le samedi à 16 h 30. Tél.: 0892 222 333. www.theatremarigny.fr
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