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à propos de Lucide

Par larouge • Spregelburd Rafael • Jeudi 16/02/2012 • 0 commentaires  • Lu 1202 fois • Version imprimable

Les opacités de Lucide


 

Karin Viard et Léa Drucker dans une pièce délirante de l'Argentin Rafael Spregelburd.

Sous leur perruque blonde, on les reconnaît à peine! Robe-chemisier bon chic bon genre, mousseline grège et jupe plissée, cheveux mi-longs un peu choucroutés, Karin Viard, Tété, la maman, est très inattendue. Longs cheveux lisses, habillée plus jeune, Léa Drucker-Lucrèce, sa fille-, elle aussi, est méconnaissable. On retrouve l'acidité délicieuse de ces deux comédiennes fines et déliées, dès qu'elles prennent la parole! Mais pour dire quoi? Avouons-le, on a du mal à suivre! Ces deux belles ne sont pas seules sur le plateau du Marigny, dans un décor qui évoque un appartement mais aussi un restaurant et change au gré des lumières. Philippe Vieux apparaît dans un costume d'homme préhistorique. Est-il serveur dans ce restaurant ou est-il le professeur de tennis que Tété a rencontré par Internet et avec qui elle referait bien sa vie…? Surgit Lucas, grande tige indolente, tantôt en garçon, tantôt en fille, tantôt en superman… C'est Micha Lescot, aussi doué que singulier!

On découvre un semblant d'intrigue. Lucrèce revient après quinze ans d'absence. Elle réclame des comptes. Autrefois, elle a donné un rein pour son frère. Il ne l'a jamais su. Ces retrouvailles sont d'autant plus difficiles que chacun suit son idée. Les dialogues ne sont pas vraiment rationnels… Et d'ailleurs, n'est-on pas dans la tête même de Lucas, qui prétend commander à ses rêves… en toute «lucidité»?

Marcial Di Fonzo Bo a déjà mis en scène son compatriote l'écrivain argentin Rafael Spregelburd. Lucide est un conte assez cruel mais surtout complètement fou qui prend ici des apparences de comédie de boulevard pour mieux nous égarer… Un ton, des scènes qui se répètent, un mouvement qui se grippe et repart, une montée en puissance de la folie… Mais le soufflé retombe brutalement et l'on est un peu frustré. Donné sur un rythme très vif, ce conte disloqué et délirant doit beaucoup à la présence des interprètes: ils jouent sincèrement, sans commenter ce qu'ils font et ils sont excellents. Il faut accepter de ne pas tout comprendre, d'être choqué, de perdre le fil (si jamais on en saisit un!). Il faut se laisser porter par le talent du quatuor. Mais on aimerait une conclusion!

Théâtre Marigny (Paris VIIIe), à 21 heures du mardi au samedi, en matinée le samedi à 16 h 30. Tél.: 0892 222 333. www.theatremarigny.fr

 
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