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Edgardo Cozarinsky




Petit-fils d’émigrés russes né à Buenos Aires en 1939, Edgardo Cozarinsky vit depuis une trentaine d’années à Paris. À la fois cinéaste et homme de lettres, il mêle documentaire et fiction dans son travail et ceci depuis ses débuts. Il commence sa carrière en 1971 en Argentine en réalisant un film expérimental : "..."/Points de suspension. En 1974, il fuit la dictature militaire de son pays et s’installe à Paris. Il dirige alors son second long-métrage en 1977 : Les apprentis-sorciers. Il collabore ensuite à l’écriture du film La mémoire courte (1979) de son compatriote Eduardo De Gregorio. Après Not in Vain (1980), un court-métrage commandé par le Haut Commissariat pour les Réfugiés, Edgardo Cozarinsky réalise La guerre d'un seul homme (1981), un brillant montage d’actualités vichyssoises avec des textes de l’écrivain allemand Ernst Jünger en contrepoint. In 1982, Edgardo Cozarinsky commence à travailler pour la télévision et réalise Mémoire : Marie , le portrait d’une romancière américaine "engagée". En 1983, il réalise pour le grand écran Autoportrait d'un inconnu : Jean Cocteau, suivi de Haute Mer (1984) et Sarah (1988), un court-métrage, également pour le cinéma. Edgardo Cozarinsky retourne ensuite en Argentine pour co-réaliser Guerriers et captives (1989) avec Dominique Sanda : un film épique sur la "Guerre Indienne" qui a opposé les colons au peuple indigène de Patagonie au siècle dernier. In 1992, le réalisateur décrit les "exils" argentins des acteurs Robert le Vigan et Renée Falconetti, la "Jeanne d'Arc" de Dreyer, dans Boulevard des crépuscules. Deux ans plus tard, il consacre un portrait au co-fondateur de la Cinémathèque française, Henry Langlois dans Citizen Langlois (1994). En 1996, Edgardo Cozarinsky réalise pour le cinéma Le Violon de Rothschild, amplement salué par la critique. Il tourne ensuite Les fantômes de Tanger en 2003 et enfin Ronde de nuit en 2005.Parallèlement à son œuvre cinématographique, Edgardo Cozarinsky construit une œuvre littéraire particulièrement remarquée. Il a publié des essais sur Borgès et Henry James. En 1989 paraît aux Editions Christian Bourgeois Vaudou urbain, un volume de fiction. En 2002 il publie chez Actes Sud un recueil de nouvelles, La Fiancée d’Odessa et en juin 2005, toujours chez Actes sud un nouveau roman, Le Ruffian moldave.


Par larouge • Cozarinsky Edgardo • Samedi 21/06/2014 • 0 commentaires  • Lu 3713 fois • Version imprimable

De l'argent pour les fantômes

 

De l'argent pour les fantômes: 

Edgardo Cozarinsky 
  • Relié: 160 pages
  • Editeur : Grasset (7 mai 2014)
  • Andrés Oribe, un vieux cinéaste, confie ses cahiers à Martin avant de se retirer du monde. Ceux-ci relatent l’histoire de Céleste ― une fille des bidonvilles de Buenos Aires ― qui deviendra, à Berlin, la maîtresse d’un magnat russe. Au milieu du dernier carnet, se trouve un papier d’argent, de ceux que les Chinois brûlent le jour des morts.
     Martin et Elisa, tous deux étudiants à l’Ecole de cinéma, proposent, comme trame de leur premier film, de partir à la recherche d’Oribe. Un jour, leur passé se croiseront. Peut-être revivront-ils alors dans le monde disparu d’Oribe et s’approprieront-ils l'histoire d’un homme qui, coûte que coûte, a laissé, dans ses cahiers, une trace de son passage sur terre ?
    Que faire d’une histoire dont on a hérité et faut-il, pour la sauver de la pesanteur du passé, lui insuffler une passion nouvelle, en donner une version différente ? Ou devrait-on plutôt suivre les conseils d’Oribe : vivre l’instant présent, fuir à tout prix le passé, ne jamais revenir là où on a été heureux, ne jamais revoir ceux qu’on a aimés ?
     

Par larouge • Cozarinsky Edgardo • Mercredi 02/04/2014 • 0 commentaires  • Lu 1373 fois • Version imprimable

Loin d'où

Loin d'où [Broché]
Edgardo Cozarinsky (Auteur)





 
Broché: 196 pages
Editeur : Grasset (31 août 2011)
Collection : Littérature Etrangère

Janvier 1945. Une jeune femme, vêtue d’une lourde cape militaire qui la protège à peine du froid, fuit à travers la Pologne et la Tchécoslovaquie.
Trois ans plus tard, nous la retrouvons à Buenos aires, où elle a refait sa vie, hantée par son passé. Elle élève un fils, Federico, qui cherche bientôt à savoir, à comprendre ce qu'elle cherche à oublier.

"Les histoires, on ne les onvente pas, on en hérite", écrivait Edgardo Cozarinsky dans Un ruffian moldave.Variation sur l'un des moments les plus tragiques de notre Histoire, l'auteur brouille les pistes : au lecteur de distinguer le bien du mal, les bourreaux des victimes...

 

Par larouge • Cozarinsky Edgardo • Vendredi 16/09/2011 • 0 commentaires  • Lu 1693 fois • Version imprimable

Le Ruffian moldave

Le Ruffian moldave
de Edgardo Cozarinsky (Auteur), Jean-Marie Saint-Lu (Traduction)




 


Poche: 168 pages
Editeur : Actes Sud (2 juin 2005)
Collection : Le cabinet de lecture

" La chronique de l'immigration juive en Argentine et les histoires qui s'y rattachent constituent la toile de fond du Ruffian moldave, une chronique sur laquelle Edgardo Cozarinsky n'est ni le roman documentaire, ni le larmoyant mémoire familial, mais la tradition dramatique yiddish des mythes ancestraux et des comédies musicales qui, transférés des pampas russe aux steppes argentines, ont acquis sur les scènes du nouveau pays les costumes de la couleur locale et les rythmes des tangos et des milongas.[...] Ce ne sont pas les voies directes ni les récits définitifs dont le dénouement est visible dès le début qui intéressent Cozarinsky, ce sont les carrefours, ces espaces doubles ou triples où des histoires différentes se rencontrent et, en même temps, semblent se séparer. "
un article très intéressant est à découvrir ici:
http://www.francoisxavier.net/article.php3?id_article=509
 

Par larouge • Cozarinsky Edgardo • Dimanche 21/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1709 fois • Version imprimable

à propos de "Le rufian moldave"

Le rufian moldave est un livre excellent, poignant mais non larmoyant.
nous y découvrons au fil des pages une page sombre du passé de l'immigration juive dans les années vingt, en argentine, plus précisément à Buenos Aires et Rosario !
le but du narrateur n'est pas cette histoire, mais l'histoire du théâtre yiddish, aujourd'hui pratiquement oublié.
dans les années vingt, le théâtre yiddish est en plein essor, mais aussi en pleine mutation !
on trouve avec plaisir les oeuvres présentées avec comme musique de scène, des tangos et autres chants typiquement argentins. certaines interprètes parlent si mal le yiddish, qu'elles en font une attraction de ce défaut !
mais avant d'arriver à cette connaissance, le narrateur (qui voulait présenter une thèse sur le thème du théâtre yiddish) doit passer par toutes les histoires de l'immigration juive de cette époque.
et décide, finalement, de laisser les morts avec les morts et abandonne sa thèse par respect des survivants !
un livre superbement écrit, superbement traduit, qui nous apprend beaucoup !
un livre qu'il faudrait lire absolument !!!

la rouge


Par larouge • Cozarinsky Edgardo • Dimanche 21/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1405 fois • Version imprimable

l'immigration juive en argentine et uruguay

AACCE n°60 (paru en janvier 2007)

→ plus
Par larouge • Cozarinsky Edgardo • Dimanche 21/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1555 fois • Version imprimable

à ce sujet

le newyorkais Nathan Englander, qui vit à Jerusalem, a publié chez plon: "le ministeres de affaires speciales"  un superbe roman, sensible et magistral qui aborde le même thème que cozarinsky dans le ruffian moldave, mais inscrit dans l'histoire recente de l'argentine, pendant l'époque de la guerre sale.
Par larouge • Cozarinsky Edgardo • Dimanche 21/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1584 fois • Version imprimable

La Fiancée d'Odessa

La Fiancée d'Odessa
de Edgardo Cozarinsky (Auteur), Jean-Marie Saint-Lu (Traduction)




Broché: 180 pages
Editeur : Actes Sud (4 octobre 2002)
Collection : Le cabinet de lecture

Juifs pour la plupart, les personnages de ces nouvelles partagent un même secret identitaire. Aucun n'est ce qu'il dit ou croit être. Les soubresauts de l'histoire (pogroms d'Europe centrale, persécutions nazies, guerre civile espagnole...) ou quelque passion obscure, ancrée dans la haine ou dans l'amour, les ont contraints à se forger une nouvelle identité pour composer avec l'absurdité du monde. Leurs descendants ont reçu cette équivoque en héritage.Ainsi de la Fiancée d'Odessa, jeune modiste orthodoxe, qui rencontre par hasard sur les quais de ce port d'Ukraine un juif fuyant les pogroms de Kiev. Deux visas en poche, le candidat au départ vers l'Amérique, terre de tous les possibles, lui propose d'endosser l'identité de sa jeune épouse, qui a refusé l'inconnu. Cent dix ans plus tard, dans un hôpital parisien, le secret est levé et l'arrière-petit-fils de ce couple improbable s'interroge sur sa judaïté. Puisqu'elle se transmet par la mère. Qu’en est-il de sa réelle appartenance au peuple des élus ?Scénario identique pour L Hôtel des émigrants dans le Lisbonne de 1940. Une multitude d'artistes attendent dans la ville blanche le départ vers la liberté. Mais on n'y croise pas uniquement A. Döblin, F. Werfel ou H. Mann. Dans une chambre d'hôtel, trois jeunes gens, qui se sont connus en Espagne dans les Brigades internationales, jouent une insolite variation de jules et Jim. Ils sont allemands, elle est américaine. Elle ne pourra en épouser qu'un qui la suivra en Amérique ; à eux de choisir. Les papiers sont établis au nom de Théo parce qu'il est juif, c'est pourtant Franz qui partira, laissant son ami sur ces quais où brillent les lumières coloniales de Salazar. Soixante ans plus tard, le petit-fils américain se rend au Portugal pour essayer de comprendre comment s'est jouée la partie.
Variations en contrepoint sur les identités (nationale et personnelle), nostalgie d'une patrie rêvée ou réelle, fidélité à la cause perdue : Edgardo Cozarinsky trace le portrait de ces déracinés avec une lucidité désenchantée qui les livre aux sentiments les plus contraires.

Sous couvert d'un récit - ou d'une série de récits - simple et classique, Cozarinsky s'interroge sur l'existence même de la vérité en histoire.L'histoire est mon ennemie, a-t-il un jour déclaré et, dans La Fiancée d'Odessa, il démonte sans pitié toute véracité, toute possibilité de véracité dans ces blocs de mémoire figée que nous sommes convenus d'appeler l'histoire. Au lieu de la tapisserie qu'il semble nous proposer, montrant une vaste chronique de fortunes exilées, Cozarinsky s'emploie à détisser le matériau narratif, dévoilant le mensonge éclairant, la distorsion cachée.Qu'en remontant la lignée de ses ancêtres juifs le narrateur passe de la conviction d'être lié à eux par le sang à la révélation d'une identité usurpée, cela peut invalider l'orthodoxie de son appartenance mais pas l'appartenance elle-même, puisque ce que nous sommes ne dépend pas, pour le meilleur et pour le pire, de prétendues réalités mais de notre foi en elles ou de la description que nous en produisons.Une connaissance profonde des cultures d'Europe centrale ainsi que des littératures française, américaine et britannique traduites dans la langue vernaculaire de Buenos Aires confère aux récits de Cozarinsky une force intellectuelle ardente et une originalité puissante.





Par larouge • Cozarinsky Edgardo • Dimanche 21/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1388 fois • Version imprimable

à propos de "la fiancée d'odessa"

La Fiancée d’Odessa
Edgardo Cozarinsky, Nouvelles traduites de l’espagnol (Argentine) par Jean-Marie Saint-Lu,Actes-Sud, 2002, 161 pages, 19,90 euros.
Les personnages d’Edgardo Cozarinsky, cinéaste argentin né à Buenos Aires, petit-fils d’immigrés russes installé à Paris depuis une trentaine d’années, ne peuvent s’appréhender qu’à travers la littérature. Aucune clef ne pourrait à elle seule embrasser l’ensemble de ces existences marquées par l’exil, l’appartenance à des diasporas nombreuses - russe, juive ou argentine - le mélange poussé parfois jusqu’à la contradiction, les identités mêlées, les mémoires obscures et les tragédies totalitaires du siècle passé.Dans ce recueil de nouvelles, l’histoire se plait à brouiller les pistes. Le passé n’est pas une belle et rectiligne avenue proprette qui exhale une illusoire pureté. Ici, il emprunte des chemins sinueux, couverts d’aspérités, qui laissent certes les corps meurtris mais font les âmes belles. L’histoire y est horizontale, confuse et foisonnante, souterraine autant qu’incertaine mais toujours irréductible à une explication sèche et verticale (l’identité, la pureté et tant d’autres catégories globalisantes). Deux nouvelles en sont particulièrement l’illustration. Hôtel d’émigrants où, fidèle à son habitude, l’auteur mêle enquête et fiction. Dans la Lisbonne des années quarante, les candidats à l’émigration fuyant la nuit nazie voient s’éteindre “les dernières lumières de l’Europe”, et, s’éloignant vers un autre continent, portent en eux un monde fait de vies entrecroisées, peuplé de personnages obscurs et de secrets annonciateurs d’existences équivoques.Exilée avec son époux en Argentine, La Fiancée d’Odessa sera aussi par une initiative imprévue à l’origine d’une bifurcation fondatrice. Devenue secret de famille, passant de génération en génération par les femmes et uniquement par elles, l’histoire de l’aïeule sera transmise “comme un savoir dangereux, interdit peut-être”. Pourtant, plus d’un siècle étant passé, ce secret est révélé à l’arrière petit-fils de ce couple. L’important alors n’est pas de dénoncer l’identité usurpée par cette lointaine aïeule mais de raconter. La révélation n’invalide nullement ce que les uns et les autres, des dizaines de cousins et cousines de par le monde, sont devenues. Ainsi, l’appartenance à une communauté de destin et la foi en cette appartenance priment sur tout autre pseudo-légitimité érigée en barrière. Les existences et les certitudes seraient, comme la vie elle-même, relatives, et supporteraient donc bien cette salutaire dose de scepticisme...
Mustapha Harzoune
[09/12/2002]
source: http://www.alterites.com




"La fiancée d'Odessa" vu par...

L'auteur offre un étrange et beau voyage aux lecteurs qui suivent ses différents récits: un voyage au long cours, au gré de ses tranches de vie contées dans la brièveté de la nouvelle. L'histoire de l'éternelle errance pour trouver la Terre Promise, l'histoire d'une inlassable fuite d'une peuple pourchassé, l'histoire de leurs descendances dont les racines enrichissent le terreau de la terre d'accueil. Le lecteur parcourt le temps et l'espace en quelques pages: un jour il est sur le port d'Odessa à la fin du XIXè siècle, puis les années vert-de-gris de la chappe hitlérienne se rappellent au présent d'un pianiste de variété qui choisira de retourner vers l'enfer pour s'évanouir dans les couleurs parfaites d'un copiste fabuleux. L'Amérique du Sud tisse des liens avec l'Ancien Monde, celui de l'Europe ravagée par ses conflits et ses misères, devenue trop petite pour les espérances des plus deshérités. L'auteur, avec patience, s'emploie à mettre au jour l'envers de la tapisserie de l'Histoire: ces fils ténus qui usurpent les identités sans être coupés de ce que l'on croyait être, ces fragiles fils qui lient d'autant plus fortement que les secrets de famille sont lentement dévoilés. La nouvelle "La fiancée d'Odessa" ouvre une parenthèse qui se ferme avec l'ultime récit "Hôtel d'émigrants". Dans la première, une jeune modiste orthodoxe rencontrée par un jeune juif fuyant les pogroms ukrainiens, s'embarque pour une autre vie, acceptant une autre identité qui lui est offerte, abandonnant son appartenance religieuse pour revivre....quand quelques générations plus tard, le voile est levé, l'interrogation des descendants quant à leur judéité est immense (elle se transmet par la mère). Et si ce cas était-il loin d'être isolé? Ont-ils alors leur place parmi leurs correligionnaires? Dans la seconde, un trio (deux hommes unis par une grande amitié, allemands, et une femme, américaine) à la Jules et Jim, après une fuite devant les forces nazies, attend à Lisbonne, avec une patience désespérée, une partance pour les Etats-Unis. Un ami offre son nom à un autre, car la jeune femme ne peut en épouser qu'un pour lui offrir le passeport de la liberté, dont le petit-fils dénouera l'échevau et s'interrogera également sur sa judéité. Variations sur un même thème: celui des identités personnelle et nationale, bribes de nostalgie des patries véritables ou rêvées, portraits où pointe les sentiments souvent contraires des déracinés. L'Histoire ballotte, sans états d'âme, les destins que l'Entre-deux-guerre envoie sur de lointains rivages plus tolérants et porteurs d'avenirs à construire.
L'Histoire est parfois un triste rouleau compresseur difficile à arrêter. Ainsi, la vieille comtesse hongroise devant vendre un de ses derniers tableaux de maîtres, un Friedrich, elle qui après avoir survécu aux affres nazis et communistes, se dépouille de ses souvenirs pour tout simplement survivre. Ainsi encore le vieil écrivain autrichien réfugié à Buenos Aires, vivant sa vie amoureuse dans les ombres sales des toilettes pour hommes de la gare. Il y revoit un jeune homme rayonnant de beauté et de vie, Carlito dit Belle Gueule, qui le sauvera d'une rafle du régime militaire, celui qui tait, hypocrite, les attirances de son état-major, tout en menant une répression brutale sur les amours dites contre nature. Belle Gueule, qui grâce à ses charmes et à sa compréhension du système, louvoiera dans les méandres de la dictature sans dommage et actionnera les engins de torture dans de sombres cachots. Cependant, une lueur éclaire ces êtres au bout du rouleau, presque finis de solitude et d'oubli: celle de la compassion d'un autre qui réchauffera leurs souvenirs.
A noter que des références à un cinéma mythique sont présentes: le périple commençant à Odessa, l'ombre d'Eisenstein plane sur le port et on imagine la silhouette du cuirassé parmi les innombrables bâtiments en partance...en effet, près du jeune émigrant passe un landau où pleure un nourrisson "Pour éloigner cette peine qu'il ne savait pas effacer, il suivait des yeux chaque personne qui passait; toutes offraient quelque trait capable de l'interesser: une gouvernante en uniforme soigné poussait sans entrain le landau d'où, dans une profusion de dentelles, émergeait un bébé grognon." (p 10). Il s'achève sur un clin d'oeil à Truffaut et son inoubliable Jules et Jim, une relation amoureuse dans laquelle le coeur d'une jeune femme a bien du mal à choisir.
Alors, si vous aimez les récits dignes de l'épopée, si vous aimez les nouvelles, si vous aimez les parfums de l'Amérique du Sud, si vous aimez le cinéma, vous ne pourrez que succomber à ce voyage au coeur de destins ordinaires de personnages sublimes!
Une belle découverte d'un auteur de grand talent grâce à Kenavo de Parfum de livres!

 
Nouvelles traduites de l'espagnol (Argentine) par Jean-Marie Saint-Lu


source: http://www.forumdesforums.com


Le Violon de Rothschild

Le Violon de Rothschild
de Anton Pavlovitch Tchekhov, Benjamin Fleischmann, Edgardo Cozarinsky





Broché: 104 pages
Editeur : Actes Sud (20 novembre 1996)
Collection : Romans Nouvell

En février 1894, Anton Tchekhov publie dans Les Nouvelles russes l'une de ses plus sensibles nouvelles: Le Violon de Rothschild, où l'on voit le vieil Iakov léguer son instrument à un homme qu'il ne portait pourtant pas dans son cœur. En 1941, le jeune Benjamin Fleischmann est sur le point d'achever la composition d'un opéra que lui a inspiré cette nouvelle, quand il prend la soudaine décision de s'engager dans les brigades populaires pour la défense de Leningrad où il laissera la vie. Après la guerre, l'opéra est achevé et orchestré par Dimitri Chostakovitch qui en avait donné l'idée à son élève. Mais en 1968 les censeurs soviétiques l'interdisent au lendemain de la première représentation. En 1990, Edgardo Cozarinsky découvre l'œuvre à la radio et, bouleversé, décide aussitôt d'en faire un film.Le livre que voici associe le début (1894) et l'aboutissement (1996) de cette aventure singulière en proposant la nouvelle de Tchekhov et le scénario de Cozarinsky qui, par le double jeu de la musique et d'images inoubliables, en a magnifié le caractère symbolique.

à propos de "Le violon de Rothschild"

Critique de lemonde
Le 19 Décembre 1996
1894-1996 : d'un violon l'autre
QUATRE STRATES successives aboutissent à ce film. Tchekhov pose la première pierre en 1894, avec la superbe nouvelle qui lui donne son titre. Bronza, le personnage principal, y est fabricant de cercueils dans une bourgade « habitée presque uniquement par des vieillards qui mouraient si rarement que c'en était contrariant ».Chrétien affublé d'une tare ordinairement attribuée aux juifs, la pingrerie, Bronza passe donc sa vie à calculer les profits qu'il aurait pu faire. Jusqu'au jour où sa femme meurt et où il réalise quel gâchis a été son existence, et combien la mort est, tout compte fait, plus profitable que la vie. Il meurt donc, non sans léguer son violon au juif Rothschild, par remords de l'avoir trop souvent insulté et fait mordre par les chiens. Rothschild tirera de l'instrument des airs où s'opérera la fusion sublime de la tristesse russe et de la plainte juive.En 1939, Benjamin Fleischmann, alors âgé de vingt-six ans, commence à travailler à l'opéra en un acte tiré de cette nouvelle, sous la houlette de Dimitri Chostakovitch, son professeur au conservatoire. Mais le jeune compositeur meurt et son maître décide d'achever son oeuvre. Ce sera chose faite en 1944, sans qu'on puisse préciser quelle part revient à l'un ou à l'autre d'un opéra désormais commun.CURIEUX DESTINLe Violon de Rothschild connaît un bien curieux destin. Dans l'immédiat après-guerre, Chostakovitch peut d'autant moins l'imposer qu'il est lui-même, en 1948, stigmatisé par Jdanov qui a fait voter contre lui et quelques autres une déclaration dénonçant les tendances « cosmopolites » de leur musique. La première a finalement lieu en avril 1968 à Leningrad, dirigée par le fils du compositeur, Maxime Chostakovitch. Il n'y aura pas d'autre représentation, l'opéra étant interdit dès le lendemain au motif qu'il pourrait servir à la propagande sioniste. L'oeuvre sera enregistrée en 1983 par le chef d'orchestre Guennadi Rojdestvenski.Ici intervient Edgardo Cozarinsky, écrivain et cinéaste argentin installé en France depuis 1974, auteur notamment de La Guerre d'un seul homme (1981) et d'un récent Citizen Langlois diffusé sur Arte (1995). « J'ai découvert l'opéra de Fleischmann sur France- Culture voilà six ou sept ans. Comme j'ai un côté un peu détective, j'ai commencé à mener une enquête, comme ça, pour le plaisir. Et c'est en découvrant toute cette histoire que l'idée du film s'est imposée. Cette idée n'étant rien d'autre qu'une hypothèse poétique : que, dans la vie, on ne saurait donner sans recevoir en même temps. »Réenregistré pour les besoins du film par Rojdestvenski en 1995, l'opéra a été tourné en Hongrie, les autres scènes en Russie et en Estonie, dans les lieux mêmes où il fut si longtemps bâillonné.
JACQUES MANDELBAUM
www.lemonde.fr

La ronde de nuit, film d'edgardo cozarinsky

La ronde de nuit
La chronique cinéma d’Émile Breton
Une ronde entre documentaire et fiction
Ronde de nuit, film franco-argentin d’Edgardo Cozarinsky. Couleur, 80 minutes.
C’est l’histoire d’un ange, Victor, très jeune, très beau et pas très recommandable. Il est prostitué, dealer de poudre dans les rues aussi bien que dans les soirées mondaines. Sa journée commence quand les gens normaux rentrent chez eux et que s’emparent des trottoirs sans piétons les « cartoneros » qui vont trier dans les poubelles et charger sur leurs carrioles pour d’incertains recyclages tout ce dont les gens du grand jour ne veulent plus. C’est l’histoire d’une ville, Buenos Aires, et l’histoire d’une nuit dans cette ville, entre ombres et néons, entre documentaire et fiction. Les personnages sortent de la nuit noire, garçons refaisant le monde sous le lampadaire d’un arrêt de bus, gamins des rues dormant dans leurs cartons. Où ils s’engloutissent dans des rues sans lumière, silhouettes entrevues le temps d’un sourire. Et si le film s’appelle Ronde de nuit, c’est bien sûr parce que dans la nuit d’une grande cité, des premiers phares allumés des voitures au petit matin où ils pâlissent dans le jour blafard, il peut se passer bien des choses, mais aussi parce que cette association de mots a à voir avec le titre d’un tableau du maître du clair-obscur, Rembrandt. Car c’est d’abord un film en clair-obscur, dans ses passages très travaillés de l’éclat d’une enseigne de boîte de nuit au dénuement gris des porches où s’abritent des amours louches, mais aussi dans sa science du portrait de personnages qui eux aussi sortent de l’ombre pour se livrer au spectateur.
Ainsi de Victor : de l’obscurité d’une voiture, sous une arche de pont autoroutier où il se donne à son protecteur, un commissaire de police, à l’éclat blanc des carrelages d’une pissotière où il satisfait un client, c’est du même air goguenard qu’il regarde cette nuit et ceux qui l’habitent. Tout cela ne serait qu’un documentaire peut-être un peu voyeur sur la vie d’un garçon pas très recommandable poussé seul dans la ville glacée et qui s’y fait sa place, si Cozarinsky n’était aussi le romancier qu’on connaît, du Violon de Rothschild, scénario devenu nouvelle, au Ruffian moldave, étonnante suite de variations sur les déracinements d’êtres jetés loin de chez eux. Un romancier au carrefour de mondes et de cultures, né à Buenos Aires de parents juifs russes, ayant longtemps vécu en France. De lui l’Argentin Alberto Manguel a écrit, à propos du Ruffian moldave justement : « Appareillements incongrus, rencontres étranges, coïncidences malaisées, répétitions surprenantes, découvertes inattendues et liens secrets structurent la fiction [...] et leur révélation n’a jamais pour résultat un simple récital d’événements, jamais le coup de théâtre apparemment implicite, mais l’exposition des endroits où
les faits se heurtent et se dissolvent les uns dans les autres. »
On croirait ces lignes écrites pour ce film, tant la démarche de Cozarinsky, du roman au cinéma, est cohérente. Ce qui en fait le prix, en effet, c’est moins le « document », et son traitement travaillé comme on l’a dit, que les amorces de fiction, les pistes vers d’autres histoires qui soudain se dessinent. Cette nuit est peuplée, et pas seulement de marginaux et de miséreux, mais aussi de fantômes et de rêves. Et les uns et les autres, vivants ou morts, songes sanglants ou réels, sont regardés du même oeil par le cinéaste, attentif tout à la fois à saisir vite ce qui se passe, et à ne rien laisser perdre de ce qui peut être vu. Que Victor, hélant un taxi, rencontre un ancien camarade de tapin tiré du trottoir par la bienveillance d’un protecteur, et c’est tout un pan de sa vie qui remonte, et une très ancienne tendresse baigne le film. Il n’empêche que c’est à ce moment-là, de grâce, qu’un fantasme de mort, la plus affreuse, par étouffement, le soulève. Ainsi avance le film, vers tout ce qui peut donner profondeur aux personnages, réalité aux imaginations. Et quand le jour enfin se lève, la rencontre de Victor avec deux vieilles dames à l’arrêt d’un bus vers le cimetière où elles vont visiter leurs morts met en place, avec légèreté, une autre esquisse du personnage : pour ces deux charmantes bavardes, il sera à jamais le brave garçon qui a été si affable avec elles. Le sourire que, du bus, elles lui adressent va à cet adolescent que le spectateur aurait pu ne pas connaître. Victor peut partir dans le matin lavé de nuit : il s’attarde à jouer au foot avec des gamins à peine plus jeunes que lui. Quel est le vrai, le dealer cynique ou ce farfadet joueur ? Et s’il était, indissociablement, les deux ? C’est la leçon de la fiction.
Article paru dans l'édition du 15 février 2006.
© www.humanite.fr/


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