La Fiancée d'Odessa
de Edgardo Cozarinsky (Auteur), Jean-Marie Saint-Lu (Traduction)
de Edgardo Cozarinsky (Auteur), Jean-Marie Saint-Lu (Traduction)
Broché: 180 pages
Editeur : Actes Sud (4 octobre 2002)
Collection : Le cabinet de lecture
Juifs pour la plupart, les personnages de ces nouvelles partagent un même secret identitaire. Aucun n'est ce qu'il dit ou croit être. Les soubresauts de l'histoire (pogroms d'Europe centrale, persécutions nazies, guerre civile espagnole...) ou quelque passion obscure, ancrée dans la haine ou dans l'amour, les ont contraints à se forger une nouvelle identité pour composer avec l'absurdité du monde. Leurs descendants ont reçu cette équivoque en héritage.Ainsi de la Fiancée d'Odessa, jeune modiste orthodoxe, qui rencontre par hasard sur les quais de ce port d'Ukraine un juif fuyant les pogroms de Kiev. Deux visas en poche, le candidat au départ vers l'Amérique, terre de tous les possibles, lui propose d'endosser l'identité de sa jeune épouse, qui a refusé l'inconnu. Cent dix ans plus tard, dans un hôpital parisien, le secret est levé et l'arrière-petit-fils de ce couple improbable s'interroge sur sa judaïté. Puisqu'elle se transmet par la mère. Qu’en est-il de sa réelle appartenance au peuple des élus ?Scénario identique pour L Hôtel des émigrants dans le Lisbonne de 1940. Une multitude d'artistes attendent dans la ville blanche le départ vers la liberté. Mais on n'y croise pas uniquement A. Döblin, F. Werfel ou H. Mann. Dans une chambre d'hôtel, trois jeunes gens, qui se sont connus en Espagne dans les Brigades internationales, jouent une insolite variation de jules et Jim. Ils sont allemands, elle est américaine. Elle ne pourra en épouser qu'un qui la suivra en Amérique ; à eux de choisir. Les papiers sont établis au nom de Théo parce qu'il est juif, c'est pourtant Franz qui partira, laissant son ami sur ces quais où brillent les lumières coloniales de Salazar. Soixante ans plus tard, le petit-fils américain se rend au Portugal pour essayer de comprendre comment s'est jouée la partie.
Variations en contrepoint sur les identités (nationale et personnelle), nostalgie d'une patrie rêvée ou réelle, fidélité à la cause perdue : Edgardo Cozarinsky trace le portrait de ces déracinés avec une lucidité désenchantée qui les livre aux sentiments les plus contraires.
Sous couvert d'un récit - ou d'une série de récits - simple et classique, Cozarinsky s'interroge sur l'existence même de la vérité en histoire.L'histoire est mon ennemie, a-t-il un jour déclaré et, dans La Fiancée d'Odessa, il démonte sans pitié toute véracité, toute possibilité de véracité dans ces blocs de mémoire figée que nous sommes convenus d'appeler l'histoire. Au lieu de la tapisserie qu'il semble nous proposer, montrant une vaste chronique de fortunes exilées, Cozarinsky s'emploie à détisser le matériau narratif, dévoilant le mensonge éclairant, la distorsion cachée.Qu'en remontant la lignée de ses ancêtres juifs le narrateur passe de la conviction d'être lié à eux par le sang à la révélation d'une identité usurpée, cela peut invalider l'orthodoxie de son appartenance mais pas l'appartenance elle-même, puisque ce que nous sommes ne dépend pas, pour le meilleur et pour le pire, de prétendues réalités mais de notre foi en elles ou de la description que nous en produisons.Une connaissance profonde des cultures d'Europe centrale ainsi que des littératures française, américaine et britannique traduites dans la langue vernaculaire de Buenos Aires confère aux récits de Cozarinsky une force intellectuelle ardente et une originalité puissante.
Editeur : Actes Sud (4 octobre 2002)
Collection : Le cabinet de lecture
Juifs pour la plupart, les personnages de ces nouvelles partagent un même secret identitaire. Aucun n'est ce qu'il dit ou croit être. Les soubresauts de l'histoire (pogroms d'Europe centrale, persécutions nazies, guerre civile espagnole...) ou quelque passion obscure, ancrée dans la haine ou dans l'amour, les ont contraints à se forger une nouvelle identité pour composer avec l'absurdité du monde. Leurs descendants ont reçu cette équivoque en héritage.Ainsi de la Fiancée d'Odessa, jeune modiste orthodoxe, qui rencontre par hasard sur les quais de ce port d'Ukraine un juif fuyant les pogroms de Kiev. Deux visas en poche, le candidat au départ vers l'Amérique, terre de tous les possibles, lui propose d'endosser l'identité de sa jeune épouse, qui a refusé l'inconnu. Cent dix ans plus tard, dans un hôpital parisien, le secret est levé et l'arrière-petit-fils de ce couple improbable s'interroge sur sa judaïté. Puisqu'elle se transmet par la mère. Qu’en est-il de sa réelle appartenance au peuple des élus ?Scénario identique pour L Hôtel des émigrants dans le Lisbonne de 1940. Une multitude d'artistes attendent dans la ville blanche le départ vers la liberté. Mais on n'y croise pas uniquement A. Döblin, F. Werfel ou H. Mann. Dans une chambre d'hôtel, trois jeunes gens, qui se sont connus en Espagne dans les Brigades internationales, jouent une insolite variation de jules et Jim. Ils sont allemands, elle est américaine. Elle ne pourra en épouser qu'un qui la suivra en Amérique ; à eux de choisir. Les papiers sont établis au nom de Théo parce qu'il est juif, c'est pourtant Franz qui partira, laissant son ami sur ces quais où brillent les lumières coloniales de Salazar. Soixante ans plus tard, le petit-fils américain se rend au Portugal pour essayer de comprendre comment s'est jouée la partie.
Variations en contrepoint sur les identités (nationale et personnelle), nostalgie d'une patrie rêvée ou réelle, fidélité à la cause perdue : Edgardo Cozarinsky trace le portrait de ces déracinés avec une lucidité désenchantée qui les livre aux sentiments les plus contraires.
Sous couvert d'un récit - ou d'une série de récits - simple et classique, Cozarinsky s'interroge sur l'existence même de la vérité en histoire.L'histoire est mon ennemie, a-t-il un jour déclaré et, dans La Fiancée d'Odessa, il démonte sans pitié toute véracité, toute possibilité de véracité dans ces blocs de mémoire figée que nous sommes convenus d'appeler l'histoire. Au lieu de la tapisserie qu'il semble nous proposer, montrant une vaste chronique de fortunes exilées, Cozarinsky s'emploie à détisser le matériau narratif, dévoilant le mensonge éclairant, la distorsion cachée.Qu'en remontant la lignée de ses ancêtres juifs le narrateur passe de la conviction d'être lié à eux par le sang à la révélation d'une identité usurpée, cela peut invalider l'orthodoxie de son appartenance mais pas l'appartenance elle-même, puisque ce que nous sommes ne dépend pas, pour le meilleur et pour le pire, de prétendues réalités mais de notre foi en elles ou de la description que nous en produisons.Une connaissance profonde des cultures d'Europe centrale ainsi que des littératures française, américaine et britannique traduites dans la langue vernaculaire de Buenos Aires confère aux récits de Cozarinsky une force intellectuelle ardente et une originalité puissante.
Derniers commentaires
→ plus de commentaires