COPI
[ARGENTINE] (Buenos Aires, 1939 — Paris, 1987). « On a d'abord connu Copi par l'intermédiaire d'une dame assise, avec un gros nez et des cheveux raides. Pendant des années, dans les pages du Nouvel Observateur, elle est restée figée sur sa chaise, monologuant, ou dialoguant avec un volatile informe. Copi, en argentin veut dire « poulet ». Le vrai nom de Copi est Raúl Damonte. Il est né à Buenos Aires, il y est resté jusqu'à ce que son père, directeur de journal, soit obligé de s'exiler. Il le suit de Haïti à New York et vient en France, seul, en 1963. Il vend des dessins, entre au Nouvel Observateur. Son graphisme aigu, son humour surréaliste lui apportent la notoriété. Il peut alors faire ce pourquoi il est venu en France : du théâtre. Il y a les premiers essais - Sainte Geneviève dans sa baignoire - et la première vraie pièce, en 1966, La Journée d'une rêveuse. L'histoire d'une “mère qui construit son fils”. L'année suivante, Jorge Lavelli met en scène L’Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer. Copi lui-même, en travesti délirant, joue un être obsédé par les voyages, la décrépitude des corps, les incertitudes du sexe. Pendant des années il sera ce personnage né, peint en vert, puis moulé dans une robe en perles de bois, sur le chemin d'autres galaxies, dans une capsule spatiale envahie par les rats, et qui rêve. » (Colette Godard, Le Monde, 1987).
Édition du samedi 3 juillet 2010
DR
Avec Eva Peron, la nuit de velours prend l'accent argentin
Quatre comédiens autour du personnage central de la femme de pouvoir, avec la dame de fer la plus réputée au monde. Eva Peron est une farce sur le pouvoir et la manipulation où le monstre d'Evita utilise tous les ressorts, allant jusqu'à jouer sans cesse avec ce qui est le plus tabou et qui effraie tout le monde : la mort. Celle des autres certes, mais surtout la sienne avec un humour et un cynisme monstrueux et cocasses. Ici, nous sommes à l'opposé de l'image idéalisée de la comédie musicale chantée par Madonna. Car Copi a été Argentin avant d'avoir la nationalité française et il nous donne à voir une Evita capricieuse et prise au piège de son pouvoir et de l'univers carcéral qu'il impose, la poussant à des actes et propos délirants et drôles et des rapports orduriers avec ses proches.
Ici, une grande esthétique et une obsession du raffinement mais des valeurs complètement inversées à la Jean Genet où la mère a en permanence un comportement enfantins. Car celle qui prend le pouvoir et le rôle maternel, en l'occurrence Eva Peron, montre le plus mauvais des exemples, notamment dans le langage , en traitant sa mère de "salope" et de "pauvre connasse", à inciter sa mère au mensonge et à répéter avec la plus grande classe "merde" à longueur de temps.
L'Eva Perón de Copi n'est toutefois pas une simple fable sociopolitique autour du mythe Eva Perón. En 1969, Copi est âgé de 30 ans et vit à Paris où son père journaliste s'était exilé pour fuir le régime. Poète, romancier, dramaturge, dessinateur humoristique, il a déjà écrit quelques essais et une pièce de théâtre. Ses thèmes de travail, s'ils sont proches politiquement de ceux de la plupart des autres artistes et écrivains argentins ou chiliens exilés à Paris dans ces années-là, commencent aussi à être beaucoup plus décalés, ricanants et hallucinés. Influencé par Genet, Artaud, Jarry et Beckett ainsi que par tout l'univers de révolte, de BD et de libération sexuelle de l'époque, "l'enfant pornographe" ne lésine pas plus sur la subversion que sur la dérision et l'absurde. Ses personnages extravagants - les personnes réelles qui les inspirent le sont ? elles moins ? – évoluent dans un monde de folie qui va de l'anxiété la plus noire à la grandiloquence la plus hystérique. A travers la mort de l'égérie d'un dictateur, Copi nous interroge plus sur le travestissement du réel, l'identité, l'oppression universelle du pouvoir et la solitude existentielle que sur les grotesques et violentes dérives du mouvement péroniste argentin. Bien entendu, cela n'a pas empêché les militaires de l'époque d'interdire ses textes en Amérique latine mais la pièce fut montée à Paris, dès 1970, par Alfredo Arias, et même si elle ne fut traduite en espagnol que trente ans après avoir été écrite, plusieurs auteurs l'ont déjà mise en scène avec succès.
source: www.midilibre.com/articles/2010/07/03/VILLAGES-Avec-Eva-Peron-la-nuit-de-velours-prend-l-39-accent-argentin-1293501.php5
copi, un itinéraire entre buenos aires et paris
vendredi 29 janvier à 15h30
Il disait préférer le dessin aux bombes. Copi, de son vrai nom Raul Damonte Botana, né à Buenos Aires en 1939 et mort à Paris en 1987, écrivait des romans insensés et pour le théâtre, des pièces où se retrouvent la dérision de ses bandes dessinées. Spécialiste de l’auteur argentin, Laura Vazquez retrace son parcours entre Buenos Aires et Paris.
un conférence de Laura Vazquez suivie d’une discussion. Laura Vazquez docteur en sciences sociales de l’Université de Buenos Aires et professeur d’histoire des médias et spécialiste de la bande dessinée argentine réactive le souvenir du regretté auteur de la Femme assise et des Vieilles putes.
animé par Jean-Pierre Mercier
vendredi 29 janvier à 15h30
auditorium du musée de la bande dessinée, quai de la Charente
Copi, cette gifle à la bienséance
Les textes de Copi résonnent d'une manière toute contemporaine. A l'Hippodrome de Douai, deux pièces mises en scène par l'argentin Martial Di Fonzo Bo, Loretta Strong et Eva Peron sont l'occasion de s'en rendre compte.
Il n'y a qu'à regarder la somme des textes de Copi qui sont proposés pour les concours des conservatoires nationaux ou municipaux pour réaliser à quel point l'insolence des œuvres de l'auteur résonne d'une manière toute contemporaine.Il y a maintenant 20 ans que l'artiste argentin a disparu. Et depuis quelques années, après une mise sous silence d'environ 10 ans, son œuvre s'impose comme un terreau des plus propices au déploiement de formes dramatiques contemporaines.Il est des œuvres écrites dont on puisse dire qu'elles sont amputées lorsqu'elles sont reçues dans le seul temps de la lecture ; celle de Copi valide amplement cette idée. Les textes de Copi sont promis à la scène. Leur violence réclame et crée un espace de signes.Créés dans les années 60-70, ces textes sont de ceux qui créent une réelle tension avec notre époque. Peut-être disséminent-ils une sourde nostalgie d'une période de démesure intense, d'insolence créatrice, peut-être nous chuchotent-ils âprement que cette démesure, il nous faut la regagner.Depuis quelques années, le comédien et metteur en scène Martial Di Fonzo Bo, argentin également, invite à une traversée dans la douloureuse ironie de l'œuvre de Copi. Porter à nu la singularité du rire qui explose dans l'univers de Copi est un pari fragile ; et s'il parvient à faire ressortir le rire dans toute son ambiguïté, c'est peut-être parce que Martial Di Fonzo Bo prend, tout simplement, ces personnages au sérieux. Comme le souligne Amando Llamos dans un des textes qui constitue ce dossier, « L'humour de Copi existe, mais en tant que manifestation extrême de délicatesse et de pudeur, comme une manière d'éviter les pièges de la pédanterie et de l'emphase. »Laisser s'évanouir les bornes et les frontières pour accueillir un réel illimité.Le Carnaval, le travestissement, la satire comme seules voix réelles pour hurler sur la mort.Loretta Strong, les 22 et 23 février, Eva Peron, les 12 et 13 avril, par le comédien et metteur en scène argentin Martial Di Fonzo Bo, à l'Hippodrome de Douai.
source : Centre Ressource/Agenda Artishoc
date de publication : 15/02/2007
Copi, l'Argentin déjanté Têtu, mars 2006
L'univers de Copi est insaisissable. Du journalisme à Libération à l'illustration dans Charlie Hebdo, en passant par le théâtre, il fut un eternel touche à tout. Dix neuf ans après sa mort, il semble retrouver enfin la place qui lui échoit. C'est fou, non?
Le purgatoire de Copi n'aura pas duré longtemps : les années 90, autrement dit celles qui suivirent sa mort, en 1987, des suites du sida. L'Argentin [...] - était alors tombé dans un (relatif) oubli. Mais, depuis le début des années 2000, il ne se passe plus un mois, ni même une semaine, sans que l'une de ses pièces soit jouée à Paris ou en province, dans des théâtres prestigieux ou devant des publics d'étudiants, par des acteurs chevronnés ou débutants. L'an dernier, La Tour de la Défense, montée à la MJC de Bobigny, avait fait sensation: la salle, bondée tous les soirs, rassemblait un public étonnamment jeune et branché. Marina Foïs, échappée des Robin des bois, y démontrait qu'elle était une vraie actrice, et qu'en plus elle était foutrement bien roulée (on avait tout le temps de l'admirer, elle passait une partie de la pièce complètement à poil). Mais, si c'est par le théâtre qu'on revient aujourd'hui à Copi, il ne faudrait pas oublier qu'il était un artiste protéiforme, tout à la fois dessinateur, comédien et auteur dramatique. De son vrai nom Raul Taborda Damonte, Copi est né en 1939, à Buenos Aires, dans une famille de ta bourgeoisie intellectuelle - sa grand-mère, auteur de théâtre réputée dans son pays, mettait en scène, dans les années 30, des lesbiennes trompant leur mari... Après la chute de Peron, en 1955, l'Argentine traverse des temps troublés, les périodes de démocratie alternent avec les régimes dictatoriaux. Au cours de l'un d'eux, le père de Copi, directeur d'un journal, est contraint à l'exil. Copi le suit, d'abord en Haïti, puis à New York, où lui-même ne reste guère: le pays qu'il vise, c'est la France, et sa capitale, Paris, comme beaucoup d'Argentins cultivés, qui nourrissaient pour notre pays un amour que nous ne savions pas forcément leur rendre. La légende veut qu'il ait fait la traversée sur un bateau de marchandises italien. Il débarque en 1962 et, pour vivre, écume le pont des Arts et les terrasses des cafés, où il vend ses dessins. En 1965, la célébrité arrive d'un coup : il a séduit l'équipe du tout jeune Nouvel Observateur (créé l'année précédente), qui lui ouvre ses pages. Copi y crée son personnage de femme assise, matrone replète aux cheveux raides, vissée sur une chaise d'où elle échange - avec sa fille, un poulet ou un escargot - des propos aussi loufoques que subversifs. Cette femme assise suivra Copi partout : dans les colonnes de Hara Kiri, de Charlie mensuel, de Libération et du Gai Pied, auquel Copi collabore dès sa création. Pour Libération, il imaginera également le personnage de Kang, gentil kangourou non moins loufoque et véritable poil à gratter. Dans l'une de ces planches (parues en album chez Dargaud, en 1984), Kang engage une discussion : «Que préten-dez-vous, les gays ? - On veut se marier à la mairie comme les autres! - Qui vous l'interdit?- On ne trouve pas de robes de mariée à notre taille.»MODERNITÉ ET NOSTALGIECopi tâtera aussi du roman, comme dans La Cité des rats (Belfond, 1979), qui raconte un Paris submergé par les eaux et gouverné par la reine des rats. On pouvait y lire, en avertissement: "L'auteur et l'éditeur renvoient les maniaques de la grammaire et de la syntaxe, les intoxiqués de la concordance des temps, les mordus de l'imparfait du subjonctif, les fabricants de néologismes à usage interne, les coupeurs en quatre du point-virgule et autres fanatiques des Littré, Robert ou Grevisse à leurs lectures favorites.» Mais c'est dans le théâtre qu'il donnera toute la mesure de son génie kitsch et camp. Le théâtre de Copi n'est surtout pas naturaliste. C'est même tout le contraire. Publiée en 1978, La Tour de la Défense («La tour de la Défonce», serait-on tenté de dire), l'une de ses meilleures pièces, quasi irracontable, qui met en scène un couple d'homosexuels au bord de la crise de nerfs (et, chez Copi, l'expression tient du pléonasme) et leurs voisins (en l'occurrence un travesti, une hystérique sous acide et un Arabe, tous personnages récurrents, avec les rats, du bestiaire de l'auteur). Le soir du réveillon de la Saint-Sylvestre 1976, tout ce petit monde s'aime, se déchire, s'insulte (« Espèce de styliste!» lance l'un des deux homos à son conjoint) dans une frénésie grand-guignolesque. Il n'y a pas de message, ni même de sens. « Copi, c'est un Beckett qui ne se sentirait pas responsable du poids du monde», a pu dire de lui Armando Llamas, autre dramaturge argentin. Mais, si la pièce (créée en 1981, à Paris, par Claude Confortès) a connu l'an dernier un tel succès, c'est qu'elle ressuscitait, avec un éclat intact, toute la bohème subversive des années 70, quand liberté sexuelle et liberté tout court se vivaient au quotidien. Dans nos temps présarkozystes, tout à la fois de retour à l'ordre moral et de baisse de moral (la France est en déclin, cherche-t-on à nous persuader), l'œuvre de Copi se pare d'une modernité teintée de nostalgie: elle nous parle d'un temps pas si lointain qui mobilisait plus d'énergie, d'excitation et de folie qu'aujourd'hui. C'était l'époque, du reste, où une célèbre boisson gazeuse avait inventé comme slogan publicitaire : « C'est fou!». Et devinez qui était la folle argentine en costume insensé qui le déclamait sur les écrans?ENFIN CULTEA l'occasion, Copi montait lui-même sur les planches pour donner corps à ses pièces. Dans Le Frigo, qu'il crée en 1983 dans le cadre du Festival d'automne, il interprète carrément tous les rôles: L., l'héroïne, qui est transsexuelle, sa mère, la concierge, une Gitane, un détective privé, la Doctoresse Freud et un rat... L'argument, là encore, est assez mince, mais évidemment déjanté : « L. reçoit un frigo comme cadeau d'anniversaire. La présence de cet appareil déclenche chez elle un bombardement d'hormones qui va la plonger peu à peu dans la folie.» Ce sera la dernière apparition de Copi sur scène. La maladie va bientôt le rattraper. II meurt le 14 décembre 1987, non « sans avoir pu boucler sa pièce ultime, Une visite inopportune, qui raconte justement cette maladie qui le ronge , et qui décime la communauté. Copi, fidèle jusqu'au bout à lui-même, a transformé la tragédie de la vie en comédie de la mort. Dans un décor de chambre d'hôpital, le malade, l'infirmière, le médecin, les amis en visite, tous rivalisent d'hystérie. La pièce est créée en février 1988, deux mois après la disparition de son auteur, par Jorge Lavelli, dans un Théâtre de la Colline tout fraîchement inauguré. Le rire parvient à l'emporter sur l'émotion et, pendant un mois, la salle joue à guichets fermés devant un public qui vient se regarder lui-même : c'était l'époque où l'AZT, en prises régulières toutes les quatre heures, faisait figure d'unique «panacée» contre le virus. Pendant que les comédiens jouaient, à intervalles réguliers, retentissaient des petites sonneries dans la salle: c'était l'alarme d'un spectateur le prévenant qu'il devait prendre ses pilules. Le retour de flamme dont bénéficie aujourd'hui Copi lui vaudra peut-être d'être enfin reconnu dans sa patrie d'origine. Jusqu'ici, en effet, ses textes en espagnol étaient tous édités à Barcelone. Mais, c'est bien connu, nul n'est prophète en son pays.
Daniel Garcia.
Une visite inopportune
de Copi (Auteur)
Poche: 93 pages
Editeur : Christian Bourgois Editeur (2 novembre 2006)
Collection : Titres
" Il y a chez Copi une très grande discrétion devant ce sujet-bateau, sujet-gâteau, qu'est la mort. Au moyen d'écarts de dialogue, Copi fait basculer cette comédie-farce de la mort vers une fête de l'amitié, et en premier lieu de l'amitié qui attache les homosexuels. Car la pièce est là : dans le lien amical, fraternel de l'acteur Cyrille, condamné, et de son copain, Hubert, et dans l'alliance de charme et de cruauté par quoi ce vieux couple entreprend d'intercepter de la chair fraîche, un grand dadais de jeune homme qui se retrouve là, dans sa chambre. Mais Copi, insensiblement, divinement, fait danser les fils de son illusion, opéra, grand-guignol, cirque, tragédie. Tout cela d'une touche si légère... Dans sa gaieté et sa modestie, Une visite inopportune est une pièce immense. Elle provoque le rire. Elle ratisse la détresse. C'est très rare, un sommet de théâtre comme celui-là. "
Eva Peron
de Copi (Auteur)
Poche: 86 pages
Editeur : Christian Bourgois Editeur (2 novembre 2006)
Collection : Titres
Eva Peron se meurt d'un cancer. A l'image de King-Kong, elle hante Buenos Aires. Sa mère, Peron, un ministre et une infirmière l'aident à mourir. Mais l'intrigue est policière. Des généraux en bottes de strass laissent tomber du poison dans les coupes de champagne. Sa mère, rentrée en catastrophe de la Côte d'Azur, lui vole le numéro de son coffre-fort en Suisse. La foule attend son cadavre pour le canoniser. Eva, déguisée en Mickey Mouse, s'enfuit par les égouts. Son cancer est-il réel ? S'agit-il d'un coup d'Etat ? Contre qui ? Comme d'habitude, la victime est la plus inattendue. Jouée par un travesti, à mi-chemin entre la comédie musicale et la tragédie, Eva Peron séduit.
Créée au Chili , Eva Peron de Copi, mise en scène par Marcial Di Fonzo Bo est un brillant hommage à la singularité burlesque et pertinente de l'auteur argentin.
Eva souffre du cancer. Peron est muré dans sa migraine. La mère d'Eva, revenue express de la côte d'azur fouille le corps déjà mort et récalcitrant de sa fille en quête du numéro d'un coffre en Suisse. Ibiza, ex amant, intrigant jouisseur, n'as pas mis un sou de côté. L'infirmière sait tailler des pipes et aime les bijoux. Eva Peron, la pièce de Copi, est une danse macabre autour de la figure du pouvoir, et comme si la réalité n'avait pas poussé le cynisme suffisamment loin, Copi rajoute une couche de burlesque noirceur. Idolâtrée par la population argentine, sombrant dans la folie, crachant son sang l'Eva de Copi est une diva trasch. Dans le monde irréel d'un bunker présidentiel, une comédie boulevardière s'installe, le mari, l'amant, l'infirmière, la mère s'agitent autour d'une Eva en train de mourir, crois-t-on. Il y a la comédie du pouvoir, certes, mais aussi celle de l'argent, de la filiation, de l'amour, de l'individualisme et de la supercherie.L'oeuvre de Copi oscille entre noirceur politique et grandiloquence du spectacle populaire, est toujours sur le fil. Marcial di Fonzo Bo, ne s'est laissé entraîner sur aucune des multiples facilités de lecture qu'offre le texte de Copi. Ni dans la farce, ni dans le drame, son Eva Peron, crée au Chili et jouée par des acteurs chiliens, respecte les multiples attirances, dérives et folies de Copi. Tous les rôles joués par des hommes donnent à la pièce une singulière vision du travestissement. A l'instar du texte la mise en scène jongle avec les différents niveaux de lecture, toujours à la limite, sans jamais sombrer dans la sur interprétation. La folie boulevardière décadente est sagement circonscrite à l'espace du lit de la diva pour qu'autour puisse émerger la puissance politique et sociale de ce texte, bien plus qu'un pamphlet c'est un pied de nez. Copi, un portrait, spectacle hommage de Marcial di Fonzo Bo à son compatriote, avait déjà il y a deux ans réhabilité Copi dans toute sa grandeur et ses dérives, Eva Peron, aujourd'hui conforte aujourd'hui le dessinateur de la femme assise comme un auteur essentiel. En fin de parcours, un rideau tombe, la signature de Copi clôt la pièce. C'est le monde de Copi. On peut y entrer mais à ses risques et périls.
Créée au Chili , Eva Peron de Copi, mise en scène par Marcial Di Fonzo Bo est un brillant hommage à la singularité burlesque et pertinente de l'auteur argentin.
Eva souffre du cancer. Peron est muré dans sa migraine. La mère d'Eva, revenue express de la côte d'azur fouille le corps déjà mort et récalcitrant de sa fille en quête du numéro d'un coffre en Suisse. Ibiza, ex amant, intrigant jouisseur, n'as pas mis un sou de côté. L'infirmière sait tailler des pipes et aime les bijoux. Eva Peron, la pièce de Copi, est une danse macabre autour de la figure du pouvoir, et comme si la réalité n'avait pas poussé le cynisme suffisamment loin, Copi rajoute une couche de burlesque noirceur. Idolâtrée par la population argentine, sombrant dans la folie, crachant son sang l'Eva de Copi est une diva trasch. Dans le monde irréel d'un bunker présidentiel, une comédie boulevardière s'installe, le mari, l'amant, l'infirmière, la mère s'agitent autour d'une Eva en train de mourir, crois-t-on. Il y a la comédie du pouvoir, certes, mais aussi celle de l'argent, de la filiation, de l'amour, de l'individualisme et de la supercherie.L'oeuvre de Copi oscille entre noirceur politique et grandiloquence du spectacle populaire, est toujours sur le fil. Marcial di Fonzo Bo, ne s'est laissé entraîner sur aucune des multiples facilités de lecture qu'offre le texte de Copi. Ni dans la farce, ni dans le drame, son Eva Peron, crée au Chili et jouée par des acteurs chiliens, respecte les multiples attirances, dérives et folies de Copi. Tous les rôles joués par des hommes donnent à la pièce une singulière vision du travestissement. A l'instar du texte la mise en scène jongle avec les différents niveaux de lecture, toujours à la limite, sans jamais sombrer dans la sur interprétation. La folie boulevardière décadente est sagement circonscrite à l'espace du lit de la diva pour qu'autour puisse émerger la puissance politique et sociale de ce texte, bien plus qu'un pamphlet c'est un pied de nez. Copi, un portrait, spectacle hommage de Marcial di Fonzo Bo à son compatriote, avait déjà il y a deux ans réhabilité Copi dans toute sa grandeur et ses dérives, Eva Peron, aujourd'hui conforte aujourd'hui le dessinateur de la femme assise comme un auteur essentiel. En fin de parcours, un rideau tombe, la signature de Copi clôt la pièce. C'est le monde de Copi. On peut y entrer mais à ses risques et périls.
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L'homosexuel ou la difficulté de s'exprimer
de Copi (Auteur)
Broché: 112 pages
Editeur : Christian Bourgois (2 septembre 1998)
Collection : Théâtre
" On a beaucoup dit de l'univers de Copi qu'il était débridé, chaotique, décalé, inventif et osé, tandis que l'homosexualité a toujours été honteuse, traumatique, marginale, condamnable ou jugée déviante. C'est tout ce dilemme que conjugue avec talent, dans l'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer, celui qui fut tout à la fois acteur, acteur de théâtre et romancier." Ce pur moment de théâtre " est une farce tragique où l'atmosphère fait sourire, elle traduit la douloureuse expérience de l'altérité sexuelle dont on suppose que Copi avait une grande connaissance pour en parler de manière aussi explosive.
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Les Quatre jumelles
de Copi (Auteur)
Broché: 186 pages
Editeur : Christian Bourgois (17 juin 1999)
Collection : Théâtre
" Quel ouragan ! Il y a dans l'oeuvre de Copi - soudain l'un des très grands du théâtre d'aujourd'hui - une progression rigoureuse qui va des rêveries de sa Rêveuse (presque encore du Weingarten) à ces Jumelles-là. Une ascension vertigineuse, une lutte forcenée contre lui-même et contre son propre humour, qui passe par la rage de vivre - et de ne pas mourir - d'Eva Peron et les incertitudes affolées de L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer, pour arriver à ce crescendo, ce paroxysme, ce délire parfaitement maîtrisé que sont les Jumelles. "
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L'Uruguayen
de Copi (Auteur)
Broché: 70 pages
Editeur : Christian Bourgois (6 janvier 1999)
Collection : Littérature Française
" Écrire est devenu moins coûteux qu'autrefois, le papier est plus moche mais il est moins cher, ce n'est plus la peine d'acheter des bouteilles d'encre et les frais de réparation des plumes de stylographe qui se tordaient, se cassaient, ont disparu, alors tout le monde écrit, tout le monde publie, il se fait un trafic pas croyable d'objets imprimés, les gens qui, autrefois, vendaient des cravates dans des parapluies ou des oranges blettes dans de petites voitures, ou des photos cochonnes sous leur pardessus entrouvert, désormais vous vendent des livres, et, le pis, c'est peut-être quand même les prétendus vrais romans publiés chez Gallirion, Flammimard, toutes ces maisons spécialisées, bref, ça cause de tous les côtés, on ne sait plus ce qu'on lit, on en a par-dessus la tête, on réclame du silence, du papier blanc, des livres postiches, on est prêt à brûler tout ça comme les soldats du Chili, et juste à ce moment paraît un machin génial qui fait oublier ce cauchemar, un machin qui tombe du ciel: L'Uruguayen de Copi."
Michel Cournot, Le Nouvel Observateur, 3 décembre 1973.
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déjanté, farfelu, complètement irrationnel, Copi dans l'uruguayen nous invente un urugauy totalement farfelu, à la limite de l'impossible. il nous dit, à travers ce petit roman, sa situation ! Copi l'argentin se décrit comme uruguayen, parce qu'il y a vecu ?, donc le cul entre deux chaises, ni français, ni argentin ! déplacé, desaxéé comme nous tous les exilés, il l'écrit d'une manière burlesque qui lui est unique. il est, comme sa la femme assise, pour qui connait cette bd, toujours à coté de la plaque.
un régal !!
un régal aussi, l'article de Michel Cournot dont un extrait figure en quatrième de couverture et que je m'empresse de reproduire:
" Écrire est devenu moins coûteux qu'autrefois, le papier est plus moche mais il est moins cher, ce n'est plus la peine d'acheter des bouteilles d'encre et les frais de réparation des plumes de stylographe qui se tordaient, se cassaient, ont disparu, alors tout le monde écrit, tout le monde publie, il se fait un trafic pas croyable d'objets imprimés, les gens qui, autrefois, vendaient des cravates dans des parapluies ou des oranges blettes dans de petites voitures, ou des photos cochonnes sous leur pardessus entrouvert, désormais vous vendent des livres, et, le pis, c'est peut-être quand même les prétendus vrais romans publiés chez Gallirion, Flammimard, toutes ces maisons spécialisées, bref, ça cause de tous les côtés, on ne sait plus ce qu'on lit, on en a par-dessus la tête, on réclame du silence, du papier blanc, des livres postiches, on est prêt à brûler tout ça comme les soldats du Chili, et juste à ce moment paraît un machin génial qui fait oublier ce cauchemar, un machin qui tombe du ciel: L'Uruguayen de Copi." Michel Cournot, Le Nouvel Observateur, 3 décembre 1973.
l'article entier est à la fin du roman.
la rouge
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Le Bal des folles
de Copi (Auteur)
Broché
Editeur : Christian Bourgois (6 janvier 1999)
" Je ne suis pas un romancier à la façon française ou toute autre ; je ne suis pas non plus un écrivain d'Apostrophes et, si j'ai participé à cette émission une fois, c'est parce que je suis latino-américain.Mais je ne suis pas un écrivain qui cherche l'efficacité du récit, ni rien de ce style dans un roman, pas plus que prouver quoi que ce soit. Je n'aime pas non plus que mes personnages puissent être excessivement reconnaissables socialement. Ils sont tous très marginaux, et tout ce qui en ressort de chronique de la société est un fait du hasard, de la caricature ou de l'exagération. "
Copi, La Quinzaine littéraire, 16 janvier 1988.
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