Alan PAULS
[ARGENTINE] (Colegiales, Buenos Aires, 1958 — ). Fils d'un émigré allemand qui a fui le nazisme en 1936. Romancier, critique littéraire, essayiste (Manuel Puig, 1986), scénariste pour la télévision et le cinéma (films de Albertina Carri, Eduardo Calcagno, Fito Páez, Christian Pauls).
Auteur majeur de la scène littéraire argentine, Alan Pauls demeure néanmoins très discret sur les circuits médiatiques, notamment en France. Il faut attendre la parution de son chef-d' oeuvre, 'Le Passé', en 2003, pour que le public européen découvre véritablement le talent de ce romancier atypique, salué par les plus grands auteurs sud-américains comme Roberto Bolaño. Ses écrits, parmi lesquels 'Wasabi' ou 'Le Colloque', traitent avec profondeurs des relations amoureuses, de la violence des sentiments et de l'échec du couple. Un univers intime qui ne l'empêche pas d'aborder des questions sociales et politiques, notamment dans 'Histoire des larmes'. Si son travail fait écho à des auteurs latino-américains comme Borges, auquel il a consacré un essai, c'est chez des auteurs français comme Stendhal, Proust, ou Roland Barthes, que cet ancien étudiant au lycée francophone de Buenos Aires puise une partie de son inspiration. Ecrivain talentueux, Alan Pauls exerce également sa plume en tant que traducteur et critique de cinéma.
Bibliographie sélective
- La Pudeur du pornographe, 1984
- Manuel Puig, la trahison de Rita Hayworth, 1986
- Wasabi, 1994
- Le Facteur Borges, 1996
- Le Passé, 2003
- L'histoire des larmes, 2009
Alan Pauls : L'étrange Monsieur Pauls
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Avec la parution de deux livres d'Alan Pauls un brillant essai sur l'incontournable Borges et un court roman drôle et farfelu c'est un mini-manuel de littérature argentine qui est mis à notre disposition. Ou comment transformer l'écriture en un immense terrain de jeu.
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Le facteur Borges
de Alan Pauls (Auteur), Vincent Raynaud (Traduction)
Broché: 188 pages
Editeur : Christian Bourgois Editeur (5 octobre 2006)
Collection : LITT. ETR.
Ce livre n'est pas un roman d'espionnage. C'est un essai consacré à la lecture, un manuel d'utilisation pour s'orienter dans une littérature : celle de Jorge Luis Borges. En neuf chapitres, Alan Pauls analyse plusieurs aspects essentiels de l'oeuvre de ce grand auteur argentin : Borges et la modernité, à la croisée des XIXe et XXe siècles ; intellectuels et guerriers, ou la littérature comme arme ; pudeur contre emphase ; la voix de Borges et l'oralité ; la lecture avant l'écriture, la cécité et la déambulation ; les bibliothèques et les encyclopédies ; Borges recycleur et « parasite », voire « traître » ; Borges entre savoirs nobles et culture populaire, comme lieu de naissance des fictions ; Borges et la culture encyclopédique, quasi infinie.Le Facteur Borges est une analyse à la fois très rigoureuse et synthétique, savante et d'une certaine façon vulgarisatrice, qui rend à l'auteur de Fictions une place centrale non seulement dans la littérature argentine mais dans la littérature moderne en général, à l'égal de Kafka, Joyce ou Proust, et met à mal certaines idées reçues (Borges « écrivain pour écrivains », Borges coupé du monde, Borges érudit et encyclopédique), avec une clarté et une lucidité proprement fulgurantes.Surtout, Pauls est certes critique, mais aussi romancier, et de fait Le Facteur Borges est le regard d'un écrivain sur un autre écrivain qui, avec beaucoup d'humilité, sans jamais se mettre en avant, paie sa dette et montre ce qui, dans l'oeuvre de Borges et dans sa vision de la littérature, l'a influencé. Car la forme du Facteur Borges est elle-même borgesienne. Non seulement on retrouve l'écriture d'Alan Pauls, d'une formidable justesse, d'une précision et d'une économie de moyens remarquables, mais le texte lui-même est construit à la manière de Borges, avec des inserts qui contiennent souvent des réflexions et des analyses plus importantes que le corps du texte. Ce qu'Alan Pauls trouve au cours de cette quête est une forme heureuse d'échec : il n'y a pas un facteur Borges mais plusieurs, nombreux et variés. Avec ce Facteur Borges, Pauls démontre qu'il est non seulement un extraordinaire romancier, mais également un magnifique et incisif essayiste.
Premières lignes
Extrait du prologue : Malgré ce qu'annonce son titre, ce livre n'est pas un roman d'espionnage. C'est un essai consacré à la lecture : un manuel d'utilisation pour s'orienter (ou se perdre d'un coeur léger) dans une littérature. Et pourtant, en arrière-plan de cette pratique secrète que nous appelons lecture, n'y a-t-il pas l'illusion ou le dessein sournois d'établir avec un livre, une oeuvre ou un auteur cette relation d'aventure et de suspense - faite d'incursions nocturnes, de serrures forcées et de clés volées - que nous connaissons de loin sous le nom d'espionnage ? Il y a bien longtemps que les pages des livres ne nous arrivent plus pliées; anachroniques - difficile d'imaginer un objet plus démodé -, les coupe-papier peinent à survivre, simples souvenirs de contrées touristiques frelatées. Mais lire n'est-il pas, ne continue-t-il pas d'être, cette manière de déchirer, de se glisser et de faire irruption dans un ordre serein et satisfait de lui-même, voué au silence, portes mi-closes et rideaux tirés ? Et le nom Borges, en plus de désigner l'écrivain le plus admiré de l'histoire de la littérature argentine, n'a-t-il pas été durant des décennies celui d'une marque de coffres-forts célèbres pour leur efficacité à dissimuler des trésors ? Identifier chez Jorge Luis Borges le facteur Borges, la propriété, l'empreinte digitale, la molécule qui fait que Borges est Borges et qui, libérée par la lecture, la traduction et les multiples formes de résonance s'acharnant sur l'auteur et sur son oeuvre depuis plus ou moins quarante ans, fait en outre que le monde devient chaque jour un peu plus borgésien : ce fut là le but initial de ce livre. Y avait-il la moindre possibilité de ne pas échouer ?
LITTERATURES Une enquête d'Alan Pauls sur le monstre sacré des lettres argentines
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Wasabi
de Alan Pauls (Auteur), Lucien Ghariani (Traduction)
Poche: 153 pages
Editeur : Christian Bourgois Editeur (21 septembre 2006)
Collection : Titres Langue : Français
Invité dans une résidence pour jeunes écrivains à Saint-Nazaire, un romancier argentin - trentenaire impétueux, grand jaloux et hypocondriaque - entreprend le voyage avec son épouse comme s'il s'agissait d'un séjour touristique.Il ignore à quel point ses vacances vont se transformer en un véritable cauchemar. A peine arrivé, son corps lui joue de mauvais tours un kyste étrange se forme dans son cou et la crème homéopathique qu'on lui prescrit se trouve avoir des propriétés allergéniques. Sa femme, lassée par la France, se réfugie à Londres, et son éditeur français se comporte comme un imposteur invétéré dans des beuveries interminables.Ces divagations le poussent vers un labyrinthe aux miroirs et dans les pièges desquels l'attendent des intempéries, le délire et le crime.
Saint-Nazaire et Buenos Aires, même combat ? Bien avant Le Passé, dont la publication l'a révélé l'an dernier, c'est en Loire-Atlantique qu'Alan Pauls a écrit Wasabi, qui passe en poche chez Bourgois. Mais que venait faire l'argentin à Saint-Nazaire ? Depuis vingt ans déjà, un étrange bastion y accueille la crème des auteurs étrangers, dont Alan Pauls, donc, qui, en 1994, y a écrit Wasabi, un court roman marqué par la brume locale. Nom de ce lieu unique en son genre : la "Maison des Ecrivains Etrangers et des Traducteurs", MEET pour les intimes. Intimes dont le listing a de quoi couper le souffle à un jeune éditeur : à raison de six à huit auteurs par an, ils sont plus de 150 à avoir séjourné dans l'appartement mis gratuitement à leur disposition. Un sacré turn-over dans un drôle de décor que Patrick Deville, le fondateur du MEET, compare à "un phare dominant la mer, une vigie borgésienne dans l'âme, un lieu de résidence sur le port hanté par le défilé successif des auteurs". Parmi eux, l'écossais John Burnside, le guatémaltèque Rodrigo Rey Rosa, le libanais Salah Stétié et le chinois Gao Xingjan. Mais aussi des pointures argentines comme César Aira, Eduardo Berti ou encore Ricardo Piglia. Lequel s'est à tel point imprégné des lieux qu'il y a campé l'histoire d'un écrivain manipulant le résident qui lui succède dans ce fameux appartement !
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Le passé
de Alan Pauls (Auteur), André Gabastou (Traduction)
Broché: 656 pages
Editeur : Christian Bourgois Editeur (2 septembre 2005)
Collection : LITT. ETR.
Poche: 661 pages
Editeur : Points (12 février 2009)
Collection : Points
« Une passion éternelle sortant des sentiers battus rythme “Le passé”, « un roman gothique d'amour dont les protagonistes sont deux jeunes amoureux fantômes condamnés à se rendre fous l'un l'autre », expliquait Alan Pauls. « Un livre que l'on lit dans un éclat de rire glacial », ajouta à Barcelone l'écrivain Rodrigo Fresán, lors de la remise du Prix Herralde en 2003.
Rimini et Sofia sont les protagonistes de cette longue histoire d'amour mêlant harcèlement, chantage sentimental, trahison et crime. « La protagoniste est comme un fantôme dont la spécialité est le retour », explique Pauls, reconnaissant que Marcel Proust et l'humoriste Jerry Seinfeld sont les deux grandes influences de ce roman rempli de ses drogues favorites.
« Proust est comme une ombre tutélaire de mon livre. Il est imprégné de cette conception du temps selon laquelle nous pataugeons toujours dans le même magma du passé. Concernant Seinfeld, je reconnais qu'il est ma seule drogue des années quatre-vingt-dix. »
Rodrigo Fresán rappelait que certains avaient insinué, l'an dernier, que Pauls était un personnage de fiction, inventé par Enrique Vila-Matas, Roberto Bolaño et lui-même. L'écrivain s'est déclaré « fier » de voir son roman « entrer dans la famille des auteurs ayant gagné ce prix avant lui, et tout particulièrement Vila-Matas et Bolaño ». (El País, 2003).
Ce fut en 2003 le début de la « fièvre Pauls ». Gageons qu’elle gagnera la France et qu’on s’y rendra compte que Pauls est, comme l’écrivait Roberto Bolaño alors, un des meilleurs écrivains sud-américains vivants.
"Ils croyaient à leur façon de s'aimer, et cette croyance était plus forte que tout au monde, plus forte que tout signe qu'il leur adresserait pour démentir ou les ridiculiser. Ils étaient arrogants et modestes, hautains et extraordinairement serviables. Ils ne partageaient leurs problèmes avec personne – il y avait quelque chose de mafieux, un esprit de corps et une discrétion inflexibles, dictés par l'amour mais avivés par une sorte de peur de la catastrophe, dans la manière dont ils évitaient les fuites –, mais le petit appartement de Belgrano R ne tarda pas à devenir la clinique sentimentale ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre, par laquelle finiraient par passer à peu près tous leurs amis."
Ils connaissent le mécanisme de l'ardeur, la logique de la tromperie, les ressorts secrets de la domination et du mépris. Ils ont à peine l'air humain, mais ils le sont pourtant. Soixante-douze jours avant leur douzième anniversaire de vie commune, Rimini et Sofia se séparent après avoir battu tous les records de longévité conjugale qu'ils connaissent. L'erreur de Rimini est de ne rien décider, de se contenter de renoncer. Au fil du temps il rencontre Vera, Carmen, Nancy, exerce différents métiers… Devenu l'ombre de lui-même, rattrapé par le passé, il finit par retourner auprès de celle qu'il prétendait fuir…
Un roman – mais également une autobiographie déguisée de l'aveu même de son auteur – d'une tonalité tantôt cynique, tantôt passionnée, dont l'inventivité narrative et l'humour cinglant sont constamment rehaussés par une stupéfiante recherche de la perfection.
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Un livre-vampire, dense, étouffant comme une forêt de cauchemars ; mais aussi lumineux, diaboliquement drôle et érudit. Le Passé, de l'Argentin Alan Pauls, 46 ans - ex-professeur de littérature, traducteur, scénariste, aujourd'hui journaliste -, est une fable virtuose. Obscure et solaire, imprégnée de psychanalyse, d'introspection proustienne, d'absurde façon Borges et d'amour fou immémorial... Avec une intelligence suraiguë des sensations, pulsions et réminiscences, Alan Pauls nous entraîne dans les labyrinthes tragi-comiques de la passion et révèle comment elle détruit et reconstruit sans fin quiconque s'y aventure... De phrases monstres d'une longueur imprévisible en formes abyssales, Pauls construit une architecture verbale lancinante, étourdissante, excitante comme un thriller. Avec Buenos Aires, inquiétante, en toile de fond, il multiplie les histoires parallèles - pas si parallèles...
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La vie pieds nus
de Alan Pauls (Auteur), Vincent Raynaud (Traduction)
Broché: 116 pages
Editeur : Christian Bourgois Editeur (4 octobre 2007)
Collection : LITT. ETR.
La plage, son histoire et sa signification, pour lui-même et pour chacun de nous : tel est le sujet surprenant et insolite sur lequel se penche Alan Pauls dans ce qui constitue une véritable « phénoménologie de la plage ». Sur un mode à la fois léger et sérieux, Pauls y livre une analyse profonde, rigoureuse, sur un sujet qui n’a jamais été abordé de façon aussi littéraire. Il donne à son propos une dimension personnelle grâce aux photos de son enfance qui illustrent chaque chapitre mais aussi aux souvenirs, souvent irrésistibles, qui ponctuent le récit.
Il existait jusqu’ici des livres de plage. Désormais, grâce à Alan Pauls il existe enfin un ouvrage de référence, plaisant, intelligent, excentrique et érudit, sur la plage. Un livre à laisser traîner dans le sable, à imbiber d’eau de mer ou à lire dans le secret d’une chambre d’hôtel, dans n’importe laquelle des « situations plage » qu’évoque l’auteur avec talent et humour.
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« La vida descalzo » d’Alan Pauls, de la plage à la page
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Histoire des larmes : Un témoignage
de Alan Pauls (Auteur), Vincent Raynaud (Traduction)
Histoire des larmes : Un témoignage (Broché)
de Alan Pauls (Auteur), Vincent Raynaud (Traduction)
Broché: 118 pages
Editeur : Christian Bourgois Editeur (9 avril 2009)
Collection : LITT. ETR.
Tandis qu'il regarde à la télévision le palais de la Moneda brûler à Santiago du Chili, le 11 septembre 1973, le narrateur d'" Histoire des larmes " ne parvient pas à pleurer. Malgré son jeune âge, il compte parmi les ardents partisans de la voie latino-américaine vers le socialisme, possède une solide formation marxiste et, à Buenos Aires où il vit avec sa mère, ne manque jamais d'acheter " La Cause péroniste " et autres revues révolutionnaires. S'il ne verse aucune larme, ce n'est pas davantage par manque de sensibilité : il est en effet persuadé qu'il n'est nul vrai bonheur sans son noyau incompressible de douleur et devient bien vite le confident des grandes personnes, le réceptacle silencieux, toujours disponible, de leurs souffrances. Que lui est-il arrivé ? Une fois adulte, cet hypersensible qui ne sait plus pleurer mène l'enquête sur son propre passé dont il revisite les épisodes marquants. À la fois drôle, bouleversant et d'une incroyable richesse, " Histoire des larmes " est un formidable récit intimiste qui embrasse tout un pan de l'histoire de l'Argentine et de l'Amérique latine.
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