Saul YURKIEVICH
LEcrivain argentin né en 1931, vivant à Paris depuis 1966. Il pratique avec une comparable maîtrise la poésie et la critique littéraire qu’il excerce dans une constante relation d’échange et stimulation reciproque. Sa littératture présuppose toujours une réflexion sur les mondes et les modes de la representation verbale. Sa critique se nourrit d’un habile maniement de l’ecriture, inventif, ludique, imaginatif. Auteur d’une quinzaine de recueils poétiques et d’autant d’ouvrages critiques, il a été membre du comité de rédaction de la revue Change et il collabore assidument a des nombreuses revues de langue espagnole, française et anglaise. Professeur à l’Université de Paris VIII-Vincennes depuis sa création, il a enseigné dans plusieurs universités de l’Amérique du Sud et du Nord. Boursier de la Fondation Guggenheim, il a été Mellon Professor à l’Université de Pittsbourgh et Tinker Professor à l’Université de Chicago et a obtenu en 1984 le Pushcart-Prize récompensant la meilleure publication dans les revues de langue anglaise. Membre du conseil de la Fondation Octavio Paz et de la Chaire Latino-américaine Julio Cortazar, il a noué avec ces deux écrivains des féconds liens d’amitié. Choisi par Edmond Jaès, il a éte son premier traducteur à l’espagnol. Récemment, la Fondation Royaumont lui a consacré un séminaire de traduction.
Saül Yurkievich est mort en juillet 2005.
bibliographie française de Saul Yurkievich
Tango (avec Henri Deluy), anthologie, P.O.L. 1988,
Envers, Seghers, 1998
Soi-disant, Seghers, 1990
Embuscade, Fourbis, 1996
L'Épreuve des mots, Poètes hispano-américains, 1960-1995, une anthologie, Stock, 1996
Résonances, Créaphis
Intempérie, Fata Morgana, 2003
Littérature latino-américaine : traces et trajets, Folio/Gallimard, 1992
Litterature latino americaine
S. Yurkievich
Poche: 379 pages
Editeur : Gallimard (13 septembre 1988)
Collection : Folio
Littérature latino-américaine : tous ses lecteurs la reconnaissent sans parvenir à la connaître. Nul autre continent n'a pu atteindre une telle cohésion, une semblable créativité : luxuriant tissu de lettres, rassemblement multiforme et polyphonique, la littérature latino-américaine suscite et coalise les études que comprend ce volume. On y tend à concerter l'embrassement des périodes et l'analyse des œuvres clefs qui rehaussent les grands trajets. On se concentre sur le modernisme et l'avant-garde, les deux principales mouvances esthétiques de l'ère contemporaine. Saúl Yurkievich aborde ici, au travers de multiples visées, à partir de son riche outillage, les auteurs les plus marquants : Borges, Cortázar, Paz, Garcia Márquez, Lezama Lima, Felisberto Hernandez, Darío, Huidobro, Vallejo, Neruda.
Les Poètes du Tango
de Henri Deluy (Auteur), Saül Yurkievich (Auteur)
Poche: 273 pages
Editeur : Editions Gallimard (28 septembre 2006)
Collection : Poésie
Le tango naît dans les abattoirs du sud de Buenos Aires, vers 1880, entre gens de couteaux et de lupanars. Il se déplace des faubourgs et des bas quartiers où vivent les émigrés (notamment italiens) vers les beaux quartiers et le centre de Buenos Aires. Les thèmes gardent cependant leur goût originel de sexe et de sang : douleur de l'amoureux trahi ou de la femme trompée, cris d'angoisse de la gamine perdue que le luxe fascine, évocations désabusées ou rythme désespéré. Hanté par les accents nostalgiques d'un monde proche ou d'une jeunesse évanouie, le texte de tango est aussi capable de revendications et d'appels. C'est ce que propose cette anthologie qui rassemble les poèmes les plus connus, les plus significatifs et les plus beaux qui furent mis en musique et chantés.
VOYAGE OUTRE-ATLANTIQUE AU PAYS DU TANGO
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Les Poètes du Tango (année de publication : 2006) [ Anthologie d'Henri Deluy et Saul Yurkievich ]
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Editeur : NRF
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Collection : Poésie/Gallimard
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Par : Alain Freixe |
J’ai déjà ici invité au voyage dans les Coplas andalouses et autres soleares, je propose aujourd’hui de quitter « l’Europe aux anciens parapets » et de traverser l’atlantique pour aborder aux rivages sud de l’Argentine, de part et d’autre dui rio de la plata, là où s’épanouit dans le milieu du XIXème siècle, « cette quintessence du fait argentin » selon Saùl Yurkievich, qu’est le tango. On doit à ce dernier, professeur à Paris VIII, spécialiste de littérature latino-américaine et au poète Henri Deluy, animateur de la revue et fondateur de la Biennale des poètes en Val-de-Marne, ces Poètes du Tango, reprise corrigée et élargie de l’anthologie parue chez P.O.L en 1988. Le tango est d’abord une musique. Un instrument : le bandonéon. Entre corps et langage, elle a commencé par se charger de ce qui ne pouvait passer tel quel et trop vite au verbe : ce désarroi des faubourgs miséreux d’une population mi-rurale, mi-urbaine, déclassée, pauvre et violente. Et déjà une danse « pour couple bien enlacé, qui mêle les enchaînements, de la habanera aux croisements de jambe de la milonga, les fulgurations du fandango aux battements de talon du condombe », écrit Raoùl Yurkievich - un glossaire figure en fin de volume – là, les corps s’abandonnent, « cherchent / leur au-delà ». Jetés à l’inconnu dans l’espoir de trouver ce qui manque à leurs jours, un lieu où se loger. Le tango n’est en ce sens que le reflet du monde sens dessus dessous qui l’engendre.Ainsi un texte viendra s’ajouter dans les années 1910-1920, poème qui fluctue entre le mélodrame et la tragi-comédie ; la plainte nostalgique et les malheurs du présent ; la passion et le mal de vivre mêlés ; l’amour sous toutes ses formes restant le terreau où plongera l’essentiel de son inspiration.
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Quelques réflexions sur le tango
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Bonheurs du Leurre
De Saúl Yurkievich
Editions Gallimard
collection « Du monde entier »
Bonheurs du leurre transpose les clefs du monde dans l’espace du rêve, aussi la quête de ces clefs suppose-t-elle, page à page, un trafic continu entre le songe et la réalité. Mais avant de se lancer dans ce troc, le poète remplit ses poches, ses yeux et ses oreilles car pour ce globe-trotter tout devient aliment d’une poésie en mouvement. Il arpente les rues et les musées, pousse la porte des bistros, s’installe dans les salles de spectacle, parle aux gens, les observer ; il sait aussi marquer des pauses, se ménager des respirations pour contempler les visages et les corps, les tableaux et les paysages, sonder toutes les dimensions du monde et de l’être, de son être mais avec l’élégance pudique de qui sait ne pas s’appesantir. Le premier charme du recueil est son rythme entraînant, sa façon de nous emporter dans un tourbillon de lieux, fictifs ou réels, de temps lointains ou rapprochés. Bonheurs du leurre est en effet un recueil qui charme le lecteur, l’attrapant dans le récit de ses petites pérégrinations (“Visitez Londres”, “Washington square”), l’interrogeant sans détours dans son “Questionnaire” ou l’amusant de ses intrigues. Sous son nez, il ouvre son “courrier sentimental” ou titille sa curiosité dans le calme nerveux d’une “Salle d’attente”. Le poète devient conteur, chuchote à notre oreille, nous fait sourire ou franchement rire ; il nous prend à témoin, piochant dans les lieux d’une commune expérience.
Bonheurs du leurre est un recueil qui charme le lecteur, l’attrapant dans le récit de ses petites
pérégrinations (« Visitez Londres », « Washington square »), l’interrogeant sans détours dans
son « Questionnaire » ou l’amusant de ses intrigues. Le narrateur se confronte à des doubles et
à des monstres, il passe par plusieurs morts, et ses extases n’ont d’égal que ses épreuves. Mais
ici les pires drames sont souriants et les morts ne sont jamais définitives. Mais ici les voluptés
débordent le registre officiel du sexe et du genre. Mais ici les parcs et les villes les plus célèbres
sont méconnaissables, comme vus à travers un microscope quantique.
Merveilleuses proses qui sont beaucoup plus que poétiques, car, chez Saul Yurkievich, la
pensée se fait corps, la recherche du mot est quête de l’être, sons et sens sont les deux faces
d’une seule vérité, multiple. Bonheurs du leurre est un parcours euphorisant, la jam-session
magistrale d’un « trafiquant de masques et de voix ».
Saúl Yurkievich, écrivain argentin (1931-2005), a poursuivi toute sa carrière d’universitaire et de critique littéraire en France. Il est le traducteur espagnol d’Edmond Jabès.
source: bulletin pdf. gallimard
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