Née en 1968, Laura Alcoba a vécu en Argentine jusqu’à l’âge de dix ans. Dans Manèges, elle évoque un épisode de son enfance
Un entretien en video et en français à voir ici : http://www.ameriquelatine.msh-paris.fr/spip.php?article42
présentation des écrivains argentins traduits en français
Née en 1968, Laura Alcoba a vécu en Argentine jusqu’à l’âge de dix ans. Dans Manèges, elle évoque un épisode de son enfance Un entretien en video et en français à voir ici : http://www.ameriquelatine.msh-paris.fr/spip.php?article42 Le bleu des abeillesLaura Alcoba (Auteur)
Les passagers de l'Anna C [Broché]Laura Alcoba (Auteur)
Les Passagers de l’Anna C. relate l’incroyable voyage effectué par une poignée de jeunes révolutionnaires argentins au milieu des années 1960. A peine sortis de l’adolescence, ils quittent clandestinement l’Argentine pour s’embarquer dans un périple qui doit leur permettre de rejoindre le Che Guevara. Ils sont prêts à donner leur vie pour qu’advienne la Révolution. Les jeunes gens sillonnent l’Europe avant de rejoindre Cuba. Leur foi révolutionnaire vacillera par moments, tout au long de ces mois d’apprentissage et de questionnements dans un camp d’entraînement cubain. Mais de vraies amitiés naissent, ils font des rencontres inoubliables. La nouvelle de la mort du Che les plonge dans une tristesse sans fond. Ils repartiront de Cuba avec l’espoir de répandre la révolution en Amérique du Sud, et avec un bébé, Laura. Dans le bateau qui les ramène chez eux, l’Anna C., un vieux barman leur apprend que le Che, quand il était étudiant en médecine, a travaillé à bord comme infirmier. Puisant à des sources à la fois familiales et historiques, Laura Alcoba a composé ce roman à partir des souvenirs, parfois lacunaires et contradictoires, des rares survivants de ce voyage, dont ses parents faisaient partie. Elle parvient à reproduire l’atmosphère de Cuba, les discours de Fidel et les conditions de vie parfois misérables des paysans, les contradictions entre l’idéal communiste et les préjugés sexistes (ou la foi catholique), la difficulté pour ces très jeunes gens de se conformer à la discipline militaire. Son récit, abordé par le biais de la vie quotidienne, ne se laisse jamais aller à la nostalgie et restitue avec justesse la jeunesse, les convictions puissantes qui animaient ses parents et leurs camarades.
Jardin blanc
Lundi, 29 mars 2010 dans Chroniques et Rencontres littéraires | tags: Laura Alcoba, Rencontres littéraires à la Terrasse de Gutenberg Laura Alcoba sera mon invitée à la librairie La Terrasse de Gutenberg le jeudi 8 avril 2010 à 20h. Cet article est paru dans le Magazine des Livres. Croire aux fantômes
Dans Manèges, paru chez Gallimard en 2007, Laura Alcoba reconstituait par petites touches sensibles son enfance volée sous la dictature argentine. Vus à hauteur de petite fille les événements qui, de 1976 à 1983, endeuillèrent, et pour longtemps, le pays de ses origines s’y révélaient dans toute leur violence absurde, leur opacité. La « Guerre Sale » y était évoquée avec tant de justesse que le livre a trouvé un écho considérable et persistant en Argentine, en Espagne et ailleurs dans le monde. Jardin blanc, roman, Laura Alcoba, Gallimard, 2009. Maneges (Petite histoire de l’Argentine) de : Laura Alcoba Editeur(s) : Gallimard Genre : ROMAN CONTEMPORAIN Date de Parution : 18/01/2007 Présentation : Broché - 190 g - 14 cm x 20 cm Nous sommes en Argentine, à La Plata, en 1976, date du coup d’État militaire et du début de la « sale guerre » menée par la junte contre les opposants. La narratrice a huit ans, et ses parents appartiennent au mouvement révolutionnaire des Montoneros, principale cible de la répression. Elle vit dans un monde d’adultes apeurés, qui passent leur temps à se cacher, à déjouer les filatures et les délations. Dépositaire de secrets qui la dépassent, elle est privée de la vie normale d’une petite fille : elle ne doit se confier à personne, n’a pas d’amis, change de maison et de nom… Quand son père est arrêté, elle s’installe avec sa mère dans la « maison aux lapins » : sous couvert d’un élevage industriel de lapins qui justifie les va-et-vient permanents d’hommes et de véhicules, l’endroit abrite l’imprimerie clandestine du mouvement. Car, selon les préceptes exposés par Edgar Poe dans La Lettre volée et repris par un théoricien du groupe, « il faut parfois savoir cacher en exhibant. » La mère, qui n’y croit guère, juge la cache peu sûre et décide de partir en exil. Finalement, toute la famille se retrouvera en France, alors que l’aventure de la « maison aux lapins » a fini par un massacre - comme toujours ou presque, il y a eu un traître. Aujourd’hui, la « maison aux lapins » est devenue un mémorial de la résistance, et c’est à partir de ses souvenirs que Laura Alcoba a écrit ce roman de l’enfance privée d’enfance. Car, ici, les faits et les lieux évoqués sont réels. Et les « manèges » du titre désignent, tout autant que les manigances des adultes ou les mouvements de la mémoire, ces manèges de fête foraine où la fillette n’avait pas le droit de monter. Tu dois te demander, Diana, pourquoi j’ai tant tardé à raconter cette histoire. Je m’étais promis de le faire un jour, mais plus d’une fois je me suis dit que le moment n’était pas encore venu.J’avais fini par croire qu’il valait mieux attendre d’être vieille, très vieille même. L’idée me paraît curieuse maintenant, mais longtemps j’en fus persuadée.Il fallait que je sois seule ou presque.Il fallait que les quelques survivants de cette histoire ne soient plus de ce monde — ou bientôt plus — pour que j’ose évoquer ce bout d’enfance argentine sans craindre leur regard et une certaine forme d’incompréhension que je croyais inévitable. Je redoutais qu’ils ne me disent : « À quoi bon remuer tout ça ? » Et je me sentais gênée à l’avance d’avoir à m’expliquer. Il ne me restait plus qu’à laisser faire le temps pour atteindre ce lieu de solitude et de délivrance que j’imagine être la vieillesse. C’est exactement ce que je pensais.Puis, un jour, je n’ai plus supporté l’attente. Tout d’un coup, je n’ai plus voulu attendre d’être si vieille et si seule. Comme si je n’avais plus le temps.Ce jour, je crois bien qu’il correspond à un voyage que j’ai réalisé en Argentine avec ma fille à la fin de l’année 2003. Sur place j’ai cherché, j’ai rencontré des gens. Je me suis mise à me souvenir bien plus précisément que par le passé. Le temps avait fini par faire son œuvre beaucoup plus vite que je ne l’avais imaginé : désormais, il devenait pressant de raconter.M’y voici.Je vais évoquer cette folie argentine et toutes ces personnes emportées par la violence. Je me suis enfin décidée parce que je pense bien souvent aux morts, mais aussi parce que je sais qu’il ne faut pas oublier les survivants. Je suis à présent convaincue qu’il est très important de penser à eux. De s’efforcer de leur faire aussi une place. C’est cela que j’ai tant tardé à comprendre, Diana. Voilà sans doute pourquoi j’ai tant attendu.Mais avant de commencer cette petite histoire, j’aimerais te dire une chose encore : si je fais aujourd’hui cet effort de mémoire pour parler de l’Argentine des Montoneros, de la dictature et de la terreur à hauteur d’enfant, ce n’est pas tant pour me souvenir que pour voir, après, si j’arrive à oublier un peu. Pour une petite fille de sept ans, les adultes sont des gens curieux qui vivent de façon étrange Ils se cachent, ils changent de nom ou disparaissent en prison ou ailleurs. Les réactions des adultes sont toujours surprenantes, surtout dans L’Argentine des années 70, où il vaut mieux marcher droit et ne pas avoir un trop vif désir de liberté. Les colonels sont au pouvoir, la presse et l’opposition muselées. Les parents de la très jeune narratrice sont des résistants au régime. Ils impriment avec d’autres un journal d’opposition dans une imprimerie clandestine dissimulée dans un élevage de lapins. La petite file intègre la peur dans laquelle tout le monde vit mais pas la cause de cet état de quasi terreur. Elle. subit sans comprendre la colère des grands parce-qu’elle est allée à l’école avec son vrai nom cousu sur une étiquette de son blouson ou qu’elle dit à la voisine qu’elle n’a pas de nom : Forcément entre son vrai patronyme et celui mentionné sur les faux papiers, elle s’y perd un peu. Pourtant sa vie d’enfant n’est pas dénuée de charme : elle doit faire des paquets cadeaux les plus brillants possible pour dissimuler les piles de journaux qui sortent de l’imprimerie et puis il y a des gens qu’elle aime bien : l’ingénieur qui a conçu les plans de leur cachette par exemple. Mais bientôt la vie de la fillette et de sa mère va encore se compliquer et ce sera l’exil grâce à une relation assez douteuse du grand père avocat qui leur permettra de quitter ce pays invivable Laura Alcoba raconte son enfance argentine avec beaucoup de tendresse et de chaleur même si cette période de sa vie a été terriblement difficile et que la petite fille qu’elle était a vu et compris beaucoup plus de choses que les adultes ne le pensaient alors. Se taire, ne plus aller à l’école, voir son père en prison, ses grand parents de façon clandestine ne sont pas même à sept ans des évènements faciles à gérer encore moins à oublier.Brigit Bontour
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