source: asphalte-editions.com
Félix Bruzzone est né à Buenos Aires. Ses parents font partie des nombreux disparus de la dictature militaire des années 1970. Chroniqueur et nouvelliste, il est le cofondateur de la maison d'édition indépendante Tamarisco. Son recueil de nouvelles 76 vient d'être traduit en allemand. Les Taupes est son premier roman et il travaille actuellement sur le suivant.
source: asphalte-editions.com Solariumde Felix Bruzzone (auteur) et Helene Serrano (traductrice)
Sous un soleil de plomb, Tavo nettoie les piscines des villas les plus chics de Don Torcuato, près de Buenos Aires, quand il entend soudain un coup de feu. Assassinat ou hallucination ? L'événement le sort de sa routine et le précipite dans un enchaînement de péripéties et de mauvaises rencontres, hanté par le souvenir de son ami et collègue Yuyo, au verbe coloré et improbable, qui a fini électrocuté dans une piscine. Une errance truffée d'inventions langagières dans la périphérie de Buenos Aires, un univers fait de quartiers résidentiels fermés, de bidonvilles, de clubs de sport, de terrains vagues et de bases militaires.
Tavo est piletero, nettoyeur de piscines, à Don Torcuato, une petite ville des environs de Buenos Aires. Alors qu’il vient accomplir son travail dans une résidence, il entend un coup de feu, des gens qui courent… il fuit mais, très vite, se sent suivi. Quelque chose de louche s’est passé mais personne, et surtout pas la police, ne semble vouloir y prêter attention. Le nettoyage de piscine, ce n’est pas la panacée quand on a une femme aigrie et un enfant handicapé dont on doit s’occuper. Et puis c’est dangereux. Yayo, le collègue de Tavo, en est mort et le Roi des rois, son patron, est parti. Si en plus on se trouve aux prises avec des tueurs, ça devient carrément invivable.
Solarium part dans tous les sens, au gré des pensées décousues de Tavo mêlant la réalité présente, les songes et les souvenirs. Le tout dans un langage métaphorique souvent étrange qui nous mène constamment à la limite de la folie. Ce soliloque ininterrompu et haché entraîne le lecteur à la suite du héros dans son errance entre le passé et le présent, ses rêves déçus et sa réalité angoissante. D’autant plus angoissante que Tavo, dans sa longue logorrhée, peut aussi bien se lancer dans ses considérations sur la meilleure façon d’éliminer les tâches vertes dans les piscines que sur la manière dont il se sent suivi et épié. Hallucine-t-il ou est-ce ce qu’il vit qui lui fait perdre la tête ? Sous une chaleur accablante, dans une ville qui semble désertée en même temps qu’hostile tant le discours de Tavo est autocentré, on s’accroche et l’on essaie de suivre.
Et suivre Tavo, ce n’est pas toujours simple. Solarium tient de l’exercice stylistique – et l’on peut s’incliner devant le travail qu’a sans doute dû fournir Hélène Serrano, la traductrice – qui, parfois, se fait au détriment de la compréhension par le lecteur s’il se montre un peu inattentif. C’est aussi un portrait distordu de la société argentine, un drôle de roman, une curiosité. Désarmant, déstabilisant, Solarium nécessitera que le lecteur accepte de se laisser embarquer et mener sans se poser de question. S’il donne cette adhésion, il fera un étrange voyage pas du tout désagréable bien que parfois ardu.
Félix Bruzzone, Solarium (Barrefondo, 2008), Asphalte, 2012. Traduit par Hélène Serrano. Broché: 176 pages
Editeur : Asphalte (26 août 2010) Collection : FICTIONS Les Taupes raconte la dérive d'un fils de disparus de la dictature argentine, balloté entre une grand-mère persuadée que sa fille lui a donné un autre petit-fils en détention, une petite amie avec laquelle il n'arrive plus à communiquer et un mystérieux travesti dont il tombe amoureux, Maïra. Ce récit paranoïaque et surréaliste, à bout de souffle, nous entraîne de Buenos Aires à Bariloche, au pied des Andes, dans la quête initiatique troublante, politiquement incorrecte et souvent drôle d'un narrateur désabusé, à la recherche de son passé et de son identité sexuelle. |
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