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Marcelo Cohen



 
Marcelo COHEN
[ARGENTINE] (Buenos Aires, 1951 — ). Il a vécu à Barcelone de 1975 à 1995 où il fut journaliste (El Pais, Quiméra, La Vanguardia) et rédacteur en chef de la revue El viejo topo. De retour à Buenos Aires, il collabore au Clarín et à Pagina 30. Romancier et nouvelliste, il a traduit plus de quarante livres (essais et fiction) de l'anglais, portugais, italien, français, catalan.— Inoubliables soirées (Inolvidables veladas, 1995), édition bilingue, traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon, suivi d’un entretien de l’auteur avec Bernard Bretonnière. [Saint-Nazaire], M.E.E.T. (Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs), 1995, 198 p., 18.30 €.
bibliographie non traduite:
El instrumento más caro de la tierra (1982). Montesinos, Barcelona
El país de la dama eléctrica (1984). Bruguera, Buenos Aires
El buitre en invierno (1984). Montesinos, Barcelona
Insomnio (1985). Muchnik Editores, Barcelona
El sitio de Kelany (1987). Muchnik Editores, Barcelona. Ada Korn, Buenos aires
El oído absoluto (1989). Muchnik Editores, Barcelona. Norma Editorial, Buenos Aires
Antes (fragmento)
crítica en La Nación
Contratapa
El fin de lo mismo (1992). Anaya y Muchnik, Madrid. Alianza, Buenos Aires
Aspectos de la vida de Enzatti
El testamento de O'Jaral (1995). Anaya y Muchnik, Madrid. Alianza, Buenos Aires
Capítulo I (fragmento)
Contratapa
Inolvidables veladas (1996). Minotauro, Barcelona
Un hombres amable (1998). Norma, Buenos Aires
Capítulo I (fragmento)
crítica en La Nación

Par larouge • Cohen Marcelo • Dimanche 21/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1938 fois • Version imprimable

Inoubliables soirees

Inoubliables soirees (bilingue espagnol)
de Marcelo Cohen (Auteur)









Broché
Editeur : Meet - Maison Ecrivains
(1 décembre 2004)


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Par larouge • Cohen Marcelo • Dimanche 21/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1323 fois • Version imprimable

Inoubliables soirées; extrait

Marcelo COHEN
Inoubliables soirées
Inolvidables veladas
traduit de l’espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon


Extrait
I
Une fois par mois, le fils de la chanteuse de tangos allait écouter sa mère dans un vieux théâtre de l'avenue Marailas.
La chanteuse de tangos se produisait dans une tenue sobre et insolente, traversait la scène en diagonale jusqu'au point doré où les effets d'acoustique neutralisaient ses graillements furtifs. Elle commençait souvent le récital avec Quizá porque me miras*.
Le fils de la chanteuse de tangos était surpris lorsque au lieu du morceau habituel, sa mère débutait par Alborada**. Cependant, un soupçon d'angoisse venait troubler la joie liée à son étonnement. Craignant que ce changement ne fût le fruit d'une désorientation, il redoutait qu'à compter de cet instant, la chanteuse ne confondît les paroles des différents morceaux.
Elle avait des cheveux crépus et sombres coupés à la garçonne, portait une veste grenat large d'épaules, une jupe cintrée d'un satin noir nostalgique, des bas coutures et des talons aiguilles. Quand les vers altiers du troisième morceau, d'ordinaire Fruta amarga***, la portaient au mieux de son inspiration, la chanteuse retirait sa veste, l'agitait au rythme des dernières mesures et écartait les bras, comme s'immolant pour le public. À ce moment précis, l'image de l'artiste subissait un dérèglement, donnant l'impression que le temps y avait introduit un horizon catastrophique où l'un de ses bras, pas toujours le même, plongeait sans espoir de retour.
Le fils de la chanteuse attendait, ainsi que tous les autres spectateurs.
On ne pouvait pas dire que la chanteuse de tangos était morte, car c'était faux. Son âme, sa conscience ou sa mémoire non immédiate étaient mortes suite à une dégénérescence des cellules nerveuses que les médecins appelaient maladie de Brest-Lavonnia. Quoi qu'il en fût, sa vie se réduisait à quelques fonctions végétatives qui n'incluaient certainement pas le chant, encore moins en public. Ce que les spectateurs voyaient sur scène, pastel glacé sous les spots, était un hologramme projeté des deux premières loges du théâtre. Quant à la voix, il s'agissait du résultat convaincant d'un sampling tiré des meilleurs enregistrements de l'artiste, peu avant ses premiers symptômes de rigidité. À partir de cette synthèse, l'appareil produisait d'innombrables morceaux.
Les musiciens de l'orchestre étaient des personnes en chair et en os. Ils avaient même des pellicules dans les cheveux, mais comme ils ne jouaient plus régulièrement depuis de nombreuses années, ils faisaient du play-back et parfois, lorsque la chanteuse s'enlisait dans un silence lourd de sens, le premier bandonéoniste, un albinos, distribuait des bonbons au menthol à ses compagnons.

* Litt. Peut-être parce que tu me regardes * (Toutes les notes sont de la traductrice).
** Point du jour.
*** Litt. : Fruit amer


source: http://www.meet.asso.fr
Par larouge • Cohen Marcelo • Dimanche 21/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1229 fois • Version imprimable

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