Silvia BARON SUPERVIELLE, (Buenos Aires, 1934 — ).
Silvia Baron Supervielle est née à Buenos-Aires en 1934. Sa mère qui mourut lorsqu’elle avait un an était uruguayenne de descendance espagnole et son père était argentin de descendance française. Elle commença à Buenos-Aires son travail littéraire, en espagnol, sa langue natale, écrivant des poèmes et des nouvelles. En 1961 elle arriva en France et se fixa à Paris où, après une longue période de silence, elle poursuivit ses écrits directement en français et fit de nombreuses traductions de l’espagnol en français et vice-versa. En 1973 Maurice Nadeau accueille ses poèmes dans la revue Les Lettres Nouvelles.
Née dans une famille apparentée à Jules Supervielle, elle écrit ses premiers poèmes en langue espagnole. En 1961 elle se fixe à Paris et c’est en français qu’elle a publié toute son œuvre, partagée en poèmes, essais, récits et traductions (Jorge Luis Borges, Arnaldo Calveyra, Macedonio Fernández, Roberto Juarroz, Silvina Ocampo, Alejandra Pizarnik, Juan Rodolfo Wilcock).
Lettres à des photographies
Silvia Baron Supervielle (auteur)
- Broché: 144 pages
- Editeur : Gallimard (7 mai 2013)
- Collection : Blanche
- Quelques photos sauvées de l'oubli, disposées près de la table de travail de Silvia Baron Supervielle, sont le point de départ de ces lettres bouleversantes, adressées à une mère disparue très tôt. Ces missives tentent d'imaginer la vie trop brève de la mère de l'écrivain. Son physique, ses origines, son mariage sont évoqués, conjurés même par Silvia Baron Supervielle afin de mieux la comprendre, et de lui rendre justice. Car après le remarriage du père, l'évocation de sa mémoire est interrompue. La jeune Silvia quitte l'Argentine - où, peut-être une douleur trop forte l'empêche de vivre pleinement - pour devenir écrivain et poursuivre ce dialogue jamais suspendu avec sa mère. Les cent soixante lettres rassemblées ici sont l'aboutissement poétique et biographie de ce cheminement, comme une façon de racheter un silence imposé autour d'une blessure existentielle trop vive.
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Sur le fleuve
Silvia Baron Supervielle (auteur)
- Broché: 152 pages
- Editeur : Arfuyen (28 mars 2013)
- Collection : Les Cahiers d'Arfuyen
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Extrait
j'entends un cri
dans l'encre
qui ne sait pas s'écrire
lorsque la plume
sur la surface sereine
dessine un autre
reflet
ici venu de loin
le rêve se mêle
à la brume autour
des réverbères
d'or le voyageur
perd le désir
de passer
par les sursauts
du vent qui ramènent
le rivage opposé
par la distance tendue
et la vie arrachée
que l'amour replante
un pays unanime
entraîne la mer
LE PONT INTERNATIONAL
- Broché: 192 pages
- Editeur : Editions Gallimard (4 novembre 2011)
- Collection : Blanche
"Antonio Haedo est un vieux monsieur maintenant. C'est pourquoi il est temps qu'il en témoigne, qu'il dise les choses telles qu'il les voit. Qu'il parle de ce qu'il porte comme un souffle. Il ne saurait pas le dire au juste; ça tourne autour de l'Uruguay de sa jeunesse et spécialement de Fray tientos où il passait ses étés avec sa famille. Etant dotée d'un port, la ville accueillait de larges bateaux sur la rive gauche du fleuve Uruguay qui sépare l'Uruguay de l'Argentine. Plus qu'un souvenir, c'est un sentiment qu'il éprouve; il se précise lorsqu'il parcourt des photographies, relit des livres, voit des cours d'eau s'enfuir à travers la vitre d'un train. Il aperçoit alors d'autres paysages, des scènes, des visages. Antonio n'est pas certain de vouloir y revenir, nais le sentiment est près de lui, même quand il ne lui montre rien. Depuis longtemps, il attend un son, une lumière qui surgirait des photographies, des objets, des livres. Mais ce qu'il attend, il le sait, est déjà arrivé. Il est en vie grâce à ce sentiment qui l'habite et l'exonère du temps. Lorsqu'il croit qu'il s'est dissipé, il le retrouve en effleurant des yeux le mystère des choses. "
Le Pont international est le roman de la solitude la plus peuplée qui soit : celle des lecteurs. Antonio Haedo est un vieil homme dont la vie n'est plus occupée que par les souvenirs et la contemplation, à sa fenêtre, à Buenos Aires, de la vie qui passe. Mais la vie se confond pour lui avec les livres, les rencontres réelles avec celles des personnages qui hantent sa bibliothèque. "La fiction est une façon de vivre."
Il a présenté jadis cet étrange garçon qu'était Ireneo Funes à son cousin Borges, qui lui a consacré une nouvelle où il n'a pas tout raconté, oubliant cette jeune fille aperçue un jour, qui a changé la vie d'Ireneo. Elle s'appelait Amalia, prénom du personnage titre du premier roman de la littérature argentine, écrit par José Mármol en 1853. Roman qui, peu à peu, va envahir à son tour celui de Silvia Baron Supervielle, à travers l'imagination d'Antonio, et -celle d'Ireneo, ou celle d'Ireneo imaginée par Antonio.
Et l'invasion ne s'arrête plus. Des personnages d'Onetti, de Conrad, de Beckett, entre autres, viennent se mêler aux souvenirs d'Antonio, étranges et seuls comme lui et, comme Ireneo, compagnons imaginaires, frères idéaux, ou versions possibles de l'un et de l'autre.
Les histoires se multiplient et se rapprochent dans le même mouvement, portées très au-delà du jeu érudit par une manière unique de laisser affleurer le sentiment de l'unité mystérieuse de la vie humaine, qui donne à ce roman ouvert aux quatre vents une constante, et bouleversante, intensité.
Une reconstitution passionnelle : Correspondance 1980-1987
de Marguerite Yourcenar (Auteur), Silvia Baron Supervielle (Auteur)
Broché: 94 pages
Editeur : Editions Gallimard (15 octobre 2009)
Collection : HORS SERIE LITT
Le présent volume de correspondance nous révèle l'existence d'une amitié littéraire et humaine entre Marguerite Yourcenar et Silvia Baron Supervielle, peu ou pas connue du grand public. Leur échange épistolaire - que nous présentons ici dans l'édition d'Achmy Halley, spécialiste de l'oeuvre yourcenarienne - témoigne d'une belle complicité entre les deux femmes. Cette connivence s'articule notamment autour des préoccupations communes que sont la langue, la traduction, et bien sûr l'écriture. Entamé au début des années quatre-vingt lorsque Silvia Baron Supervielle écrit à Petite Plaisance pour évoquer ses traductions des poèmes de Marguerite Yourcenar vers l'espagnol, l'échange s'interrompt en juillet 1987, peu de temps avant la mort de la romancière française. Ces missives ouvrent une fenêtre sur la vie quotidienne des deux épistolières, mais elles nous font surtout pénétrer dans les arcanes de la création, aussi bien chez l'académicienne déjà couverte de gloire que chez la jeune poétesse et essayiste à la fois française et argentine encore relativement méconnue à l'époque. Rehaussé d'une introduction émouvante de Silvia Baron Supervielle, qui revient sur son séjour à Petite Plaisance, ainsi que d'une postface d'Achmy Halley, l'ouvrage éclaire d'un jour singulier deux oeuvres littéraires radicalement différentes, mais écrites par deux femmes qui ont su établir entre elles un vrai partage artistique et humain.
Journal d'une saison sans mémoire
de Silvia Baron Supervielle (Auteur)
Broché: 251 pages
Editeur : Editions Gallimard (15 octobre 2009)
Collection : Arcades
Ce nouveau livre de Silvia Baron Supervielle est à la fois un prolongement de son dernier ouvrage et un départ vers d'autres territoires. Le passage d'une langue à une autre, l'Argentine, la figure maternelle e la religion sont quelques-uns des thèmes creusés et approfondis par l'auteur de livre en livre. Mais ici, la poétesse et essayiste s'astreint à une contrainte formelle très forte, celle du journal, et surtout elle s'oblige à exclure de son champ d'écriture tout ce qui relève du passé. Cette contrainte de l'écriture au présent est bien plus qu'un jeu intellectuel ou un exercice de style, car elle pousse Silvia Baron Supervielle à s'interroger sur le rôle que joue le passé dans notre quotidien - donc dans notre présent - et dans toutes nos constructions mentales. Bannir le passé de toutes ses réflexions, observations et émotions permet à l'auteur d'avancer dans une sorte d'urgence du " maintenant " qui produit de très beaux moments d'écriture. Son travail littéraire, ses traductions, ses lectures de Gracq, Barthes, Borges (entre autres), ses voyages en Bretagne ou encore ses promenades dans Paris forment la grille de ce présent que l'auteur s'impose. La nature de Dieu, la volonté de se perdre pour vivre autrement et les blessures de l'amour sont d'autres questions abordées dans un texte souvent méditatif, toujours cohérent, sensible et émouvant. Journal d'une saison sans mémoire est un texte riche et dense, d'une grande poésie. Silvia Baron Supervielle poursuit ici son oeuvre avec beaucoup de bonheur.
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L’alphabet du feu : Petites études sur la langue
de Silvia Baron Supervielle
Broché: 145 pages
Editeur : Editions Gallimard (25 janvier 2007)
Collection : Arcades
Ce nouvel essai de Silvia Baron Supervielle nous plonge au cœur même de la création littéraire. Tout en poursuivant la réflexion esquissée dans ses précédents livres, notamment La ligne et l’ombre ou Le pays de l’écriture, l’auteur nous offre ici des pages magnifiques sur son cheminement intérieur, et sur ce que représente l’expérience de la création pour elle. Nourri de son parcours personnel – évoqué avec beaucoup de pudeur –, enrichi de réflexions sur la question de l’appartenance – à une terre, à un fleuve, à une langue ? – et ponctué de digressions sur d’autres écrivains, tels que Borges, Beckett ou Nabokov, son essai développe une poétique très personnelle, empreinte de mysticisme.
Mais c’est bien la question de la langue qui est au centre de L’alphabet du feu. Pour Silvia Baron Supervielle, poète et essayiste d’expression française, née en Argentine dans une famille apparentée à Jules Supervielle, la quête d’une langue est aussi, toujours, la tentative de saisir son moi le plus secret. En déroulant ce fil rouge très personnel, elle propose une méditation passionnante et renvoie chacun à la question de son propre rapport à la littérature et à la poésie.
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La forme intermédiaire
de Silvia Baron Supervielle
Broché: 228 pages
Editeur : Seuil (2 mars 2006)
Collection : CADRE ROUGE
Un amour malheureux amène l’éditeur et biologiste Manuel Marino à enquêter sur l’origine de l’homme et du sentiment, ainsi que sur l’histoire des chevaux.Dans ce récit, écrit par une voix double, lui et moi, on retrouve l’univers singulier de l’auteur, qui s’interroge sur l’amour et l’écriture, l’exil et le paysage du souvenir, la forme intermédiaire des êtres et des choses. ” Je me tiens derrière l’épaule de Manuel, dans son ombre. Un faible écart entre lui et moi me permet d’écrire. C’est une marge entre moi et moi, lui et lui, l’œil et ce qu’il voit, le temps et ses intervalles, qui dirige mon bras sur les papiers.Devant nous, dans le bureau où travaille Manuel, la fenêtre, qui exhibe un grand platane, nous renvoie des reflets sur un vantail lui, sur l’autre moi. Partout autour de nous le regard d’un livre “.
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Une simple possibilité
de Silvia Baron Supervielle (Auteur)
Broché: 240 pages
Editeur : Seuil (9 mars 2004)
Collection : Cadre rouge
Silvia Baron Supervielle a, jusqu’ici, écrit des textes poétiques, intimistes, à peine romancés. Voici que pour la première fois, elle se lance dans la fiction et elle le fait avec bonheur et élégance, sur une tonalité mélancolique, mais non dépourvue de vivacité et même, par moments, d’humour ou de subtile ironie. Les vingt-cinq nouvelles qui composent ce recueil s’organisent autour d’une longue « novella », racontant un étrange processus d’identification entre une mère et sa fille. La mère est une romancière à succès qui, progressivement, abandonne son œuvre (qui ne compte pas pour elle) pour sa vie. En revanche, la fille, écrivain dans l’âme, s’intéresse de plus en plus à la littérature et finit par devenir elle-même écrivain en prenant l’identité de sa mère. Toutes les autres nouvelles posent le problème de l’écriture et de l’amour, sous toutes leurs formes. L’apprentissage de la langue, l’apprentissage de l’amour. Certaines affrontent la question directement (comme la Confession) d’autres de façon plus détournée (autour du thème du mysticisme, de la chasteté, de la sensualité). Ces nouvelles sont situées pour la plupart en Argentine, à Buenos Aires ou dans la campagne (les chevaux y ont une grande importance). Certaines sont bouleversantes : l’homme qui était incapable d’aimer, celui qui est atteint d’une rupture d’anévrisme, la femme qui veut rompre avant que sa liaison ne devienne médiocre. Tout est abordé avec une grande subtilité. Il y a comme un sentiment général d’exil et d’abandon, typique de la littérature argentine, qui rapproche Silvia Baron Supervielle de Borges et du brésilien Harry Laus. Silvia Baron Supervielle, à travers des destins imaginaires et réels (quelques références à sa propre vie), décrit des amours impossibles ou difficiles, avec, en arrière-fond, une réflexion sur la création, l’écriture, la perception poétique du monde. C’est la première fois qu’elle s’engage dans la fiction avec autant de passion. La nouvelle centrale (la plus longue) est un petit chef-d’œuvre.
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Le Pays de l’écriture
de Silvia Baron Supervielle (Auteur)
Broché: 276 pages
Editeur : Seuil (21 septembre 2002)
Après La Ligne et l’ombre (Seuil, 1999), Silvia Baron Supervielle prolonge sa réflexion poétique et intérieure sur l’écriture, les signes, l’exil, le départ. Livre intime, mais en même temps analytique, il se présente sous la forme de cahiers qui rassemblent de brefs essais sur les thèmes essentiels qui parcourent l’oeuvre de l’auteur. Ce chant est une confidence sur l’exil, le changement de langue, la mémoire, l’appel de la spiritualité, l’exigence implacable de l’écriture. La voix de Silvia Supervielle impose ici plus que jamais son éclatante originalité. La naissance de l’écriture, la source de la mémoire (individuelle et collective), la fondation du monde, la désignation, la prière : tous ces mouvements et ces événements se réunissent pour définir un pays qui n’est ni biographique, ni géographique, ni historique. Une terre commune aux écrivains où chacun y dessine son espace intérieur.
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chronique de Le Pays de l’écriture
LITTERATURES
La langue de la voix
ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 10.01.03
Silvia Baron Supervielle raconte sa vie par fragments : échos magnifiques
Autant le dire tout de suite : ce livre de Silvia Baron Supervielle, dix-septième titre d’une oeuvre où alternent des récits, un roman et, pour le principal, des recueils de poèmes, est étonnant et magnifique.
On croirait qu’elle est arrivée au pied d’une montagne qu’elle approchait pas à pas, fidèle à son chemin, sans jamais s’égarer.
Sur la plaine et sous le ciel tout autour, naquit son livre fait, pour ainsi dire, d’autres livres : l’écriture de la vie et l’écriture de la mort, la parole et la voix et la langue de la voix, la mémoire et le don de l’illusion… Et dans cinq cents sujets divers, on peut lire des passages qui, apparemment, ne se correspondent pas. Et, cependant, l’ensemble s’impose par son unité. Car chaque thème part de la pensée et du coeur de l’écrivain ; et l’on se souvient du Livre de sable, de Borges : le livre ni le sable n’ont de commencement ni de fin…
Réversible, l’écrivain glisse sur l’autre versant d’elle-même, pénètre dans le labyrinthe à côté, ou raconte sa vie, par fragments.
Elle assure qu’elle a toujours l’impression d’être une enfant unique, restée sans mère ; mais avec son père, elle avait compris en une seule fois ce qu’il ressentait pour elle. Puis elle avait quitté un pays, l’Argentine, qui n’a pas d’histoire, pour débarquer dans un pays d’où elle était venue… « Si j’oubliais l’espagnol, je ne saurais plus d’où je viens. (…) Le pays d’où je viens se sert de l’espagnol mais, en vérité, sa voix est également dépourvue de langue. » Elle ajoute qu’elle se sert d’une langue, le français, qui n’est pas la sienne, mais, aussi, celle autour de laquelle elle est née, « c’est une langue muette qui ne possède que quelques sons (…) Je suis cette langue qui reste en silence à l’intérieur de nous ». Et d’affirmer, plus loin, que « l’écriture veut dire tenter de toucher quelque chose qui est à l’intérieur de soi ». Comme pour tout écrivain qui glisse de sa langue native vers une autre, « la langue dont elle se sert reste distante ».
Il y a, souvent, pour celui qui observe et capte, la surprenante dissemblance de certains personnages : parfois, nous sommes frappés par le contraste entre un corps frêle et un timbre de voix rond, plein ; en revanche, lorsque d’un corps imposant, coule un mince filet de voix, son image s’estompe.
Mais si la voix intérieure ne résonne pas, n’est-elle qu’une fiction ? Il n’est pas improbable que le cri, voire un chant sauvage, ait précédé le son qui désignait quelque chose et, pour la première fois, se voulait chargé d’une signification précise.
Dans une sorte d’essai collectif de sociologie du langage, organisé par Walter Benjamin, Richard Paget (1) soutient que l’homme civilisé n’a pas encore renoncé à utiliser les mouvements de la tête et des mains qui, à l’origine, furent la langue des hommes pour exprimer sa pensée : « Quand apprendrons-nous à jouer de cet admirable instrument qu’est la voix avec tant d’art et de raison que nous puissions disposer d’une série de sons ayant la même richesse et la même perfection ? » De son côté, Octavio Paz disait que la singularité de la poésie ne vient pas que des idées, mais qu’un vrai poète entend une « voix autre », d’aucun et de tous. Marius Schneider note qu’en Afrique et en Asie septentrionale, on reconnaît la voix des dieux dans le bruit de la pluie ou du vent tourbillonnant (2).
Or, au lieu d’arrondir ses recherches, Silvia Baron Supervielle emploie ces mots définitifs : « Il serait possible de détecter le langage dont parle Walter Benjamin parmi ces langues venues de loin. Une langue mélangée est ouverte, prête à livrer un secret qui établit principalement un rapport avec l’homme. Quoi qu’il en soit, de toutes celles qui résultent des pèlerinages effectués sur notre planète ou sur des planètes imaginaires, je penche pour celle qui, à proximité d’ici est inaccessible, ne fut jamais enregistrée : la langue de la voix. » Comment oublier la sienne ?
P/
Hector Bianciotti
© LE MONDE
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