Leopoldo Brizuela est né en 1963 à La Plata, province de Buenos Aires. Romancier, poète et traducteur, il a publié quatre ouvrages (deux romans, un recueil de poèmes et un ensemble de nouvelles) et a édité quelques anthologies. Inglaterra. Una fabula est édité en Argentine, en Espagne, au Portugal, au Brésil et en Allemagne.
Leopoldo Brizuela est né en 1963 à La Plata, province de Buenos Aires. Romancier, poète et traducteur, il a publié quatre ouvrages (deux romans, un recueil de poèmes et un ensemble de nouvelles) et a édité quelques anthologies. Inglaterra. Una fabula est édité en Argentine, en Espagne, au Portugal, au Brésil et en Allemagne. La nuit recommencéeLeopoldo Brizuela (Auteur), Gabriel Iaculli (Traduction)
leopodo brizuela a obtenu hier le 15ème premier prix alfaguara du roman
http://blog.eternacadencia.com.ar/?p=20926 Le plaisir de la captive Broché: 260 pages Editeur : José Corti (1 septembre 2006) Collection : Ibériques Dans l’Argentine de la fin du XIXe siècle depuis la pampa jusqu’à la Terre de Feu, Leopoldo Brizuela revient avec sa puissance d’évocation déjà remarquée dans Angleterre, une fable, son précédent roman, à ses deux thèmes de prédilection : l’anéantissement des populations et des cultures indiennes par les Blancs ; les rapports homme-femme au sein de sociétés vouant un culte à la virilité. La nouvelle éponyme, Le plaisir de la captive, relate la chevauchée à travers la pampa d’une jeune fille blanche poursuivie par un chef indien. Tandis qu’elle prend conscience de la montée du désir en elle, Rosario semble peu à peu, par une appropriation de la stratégie de l’Indien, renverser les rôles et imposer de nouvelles règles à la poursuite, qu’elle convertit en une sorte de cérémonie érotique et d’épreuve initiatique – long prélude à l’étreinte finale, dont le lieu et le moment seront choisis par la « captive ».Le Petit Pied de Pierre raconte, à partir de trente-huit témoignages qui sont autant de voix différentes et parfois divergentes, la biographie fictive d’un personnage réel : Ceferino Namuncurá, fils et petit-fils de caciques qui tinrent longtemps en échec l’armée argentine, l’un des derniers survivants de sa tribu, dont, à des fins édifiantes l’Église voulut faire un prêtre, et dont un grand nombre d’Argentins firent un saint.Lune rouge, sous un déguisement ethnologique (et, à l’occasion, burlesque), est une rêverie poétique sur la fonction de gardien du feu chez les Yaghan de la Terre de Feu, peuple de navigateurs et de pêcheurs. Vénéré et donc solitaire, le gardien du feu, véritable chaman androgyne initié aux mystères élémentaires, restait obstinément penché sur la flamme ancestrale.Ne frappent pas seulement dans ces récits la thématique abordée, mais aussi l’écriture et la construction de l’ensemble où chaque motif semble se répondre d’une histoire à l’autre ; où la langue est au service du vaincu, comme elle était aussi naguère, l’instrument du vainqueur.
Je ne comprends rien à l'Argentine : est-ce le tango, la gomina, la traite des Blanches, ou la pampa, le gauchos et les Patagons, ou Eva Peron, les dictateurs d'opérettes cruellissismes, ou est-ce tout à l'opposé le métaphysique Borges, si différent de cette littérature australe baroque et biscornue dont voici un nouvel exemple encore plus insensé : Le Plaisir de la captive, de Leopoldo Brizuela ? Avec une couverture, je ne vous dis pas, du vrai kitsch : un tableau, La Vuelta del Malon (« Le raid de l'Indien »), où un sauvage caracole torse nu, une lance dans une main, l'autre enlaçant une Blanche à demi nue, évanouie ou pâmée. Et c'est ce pays, le plus blanc de l'Amérique du Sud, qui semble le plus hanté par le souvenir de ces Mapuche, Yagans ou Araucans, massacrés jusqu'au dernier du temps où on avait le droit de les tirer comme des lapins, le temps de Joseph Popper, en photo dans le livre, Popper qui se tailla un éphémère royaume et battit monnaie.L'auteur a mis « récit » et non « roman » parce qu'il s'est inspiré de faits réels, notamment la reddition du dernier cacique, Araucan je crois, après des dizaines d'années de guerres acharnées et l'envoi de son petit-fils dans un collège religieux. Ce guerrier fabuleux (si j'ai bien compris) le héros du Plaisir de la captive, le deuxième récit, qui est ce que j'ai lu de plus sidérant, magique, fantastique, surréaliste, onirique et barbare depuis longtemps. Ah oui, il faut l'oser, et oser le résumer. Une adolescente fuit à cheval un groupe d'Indiens, mais comme dans un cauchemar on a l'impression de faire du surplace : quand elle fait halte, ses poursuivants bivouaquent aussi,et ainsi pendant des jours et des nuits jusqu'à ce que la fille impubère ait ses premières règles. Et alors, la chasse devient érotique sans cesser d'être cruelle : on coupe les talons des prisonnières. Cela m'a rappelé le récit, très prosaïque celui-là, d'un jeune Français du XIXe siècle : Deux Ans prisonnier des Patagons (réédité l'an dernier).Le troisième récit, le plus long, retrace dans la confusion de trente-huit témoignages différents la pitoyable fin du petit-fils métis du dernier cacique, Caterino Namuncura, qui a été élevé par les salésiens, emmené en Italie et présenté au pape. Mais, confit de bondieuseries, noyé dans la dévotion et la peur d'être rendu à ces diables d'Indiens qui le réclamaient, le gamin scrofuleux mourut tubard en 1905. J'ai surtout été captivé par une photo : un monsignore gras et libidineux qui tient la main du petit sauvage domestiqué. Ces surprenants Argentins réclament depuis lors la canonisation de ce « saint » (comme pour Eva Peron !).Charlie Hebdo, Michel Polac – 16 août 2006
source: www.jose-corti.fr Si l'on connaît assez bien les Indiens (ou natifs américains) de l'Amérique du nord, ceux d'Argentine sont les parents pauvres de la littérature. Ce n'est pas le moindre mérite de Leopoldo Brizuela (né en 1963) que de rendre une dignité à ces vaincus, ces êtres farouches et frustres d'entre pampa et Terre de feu. Il nous livre là un recueil de nouvelles étranges, emplies de personnages exceptionnels. C'est ainsi que la « captive » blanche, bien qu'adolescente, saura tenir la dragée haute à ses poursuivants sauvages grâce à une stratégie née de l'observation de leurs mœurs de cavaliers nomades. Elle ne se donnera à celui qui la désire qu'au terme d'une course initiatique, avant d'être livrée au supplice rituel réservé aux captives : « ils lui arrachèrent minutieusement la plante des pieds ». Plus loin, dans une sorte de composition postmoderne et borgesienne, il faut à Brizuela « trente-huit témoignages » pour rendre compte d' « une vie imaginaire de Ceferino Namuncura ». Fils d'un cacique qui fut le dernier à être à la tête de la « Confédération indigène », il fut après la défaite, envoyé à Buenos Aires, fit des études religieuses au point d'être présenté au Pape, avant de mourir précocément. Presque sanctifié dans la mémoire des Argentins démunis, il est l'objet d'un mythe que tente de débrouiller l'écrivain. Est-ce un « monstre », ce qui nécessite de « tuer l'Indien en soi », ou un saint martyr ? Dans « Lune rouge », un chaman « gardien du feu » est le symbole de l'identité de ces peuples perdus… On sera sensible à l'écriture soignée, hautaine, en tout cas absolument évocatrice, de Brizuela.Le Matricule des Anges, Thierry Guinhut – septembre 2006 source: www.jose-corti.fr Angleterre : Une fable Broché: 359 pages Editeur : José Corti (8 septembre 2004) Collection : Ibériques Angleterre nous raconte la vie quotidienne d'une troupe de théâtre, celle du Great Will, ses grandeurs et ses misères, ses moments de joie intense et ses phases de découragement. Une multitude de personnages traversent ce roman, de l'excentrique Comte Lord Axel approvisionné en drogue par un Russe incorporé à la troupe mais qui n'a rien de la noblesse d'un Capitaine Fracasse, à Sir Gielgud, le régisseur qui tient la chronique de la troupe. Ils partent jouer aux quatre coins du monde, l'Amérique, les îles, dont celle du Waichai, au sud de la Terre de Feu, où Shakespeare va chercher le nom de son destin. Mais ce n'est pas là tout l'intérêt de ce roman. Il passe dans Angleterre, le souffle d'une écriture puissante, qui traverse les genres et les époques et mêle avec bonheur les personnages réels tels que Shakespeare, la mécène Lady Ottoline, qui fit partie des proches de Virginia Woolf et de son cercle de Bloomsbury, et fictifs tels que la Comtesse de Broadback qui dédie sa vie à Shakespeare, propriétaire et administratrice de la troupe The Great Will, qu'elle emmène contre vents et marées, au sens propre du terme, sur le bateau de la Compagnie Almighthy World. Brizuela évite l'écueil du roman historique, car Angleterre est aussi et surtout une fable, en toute liberté. Ce roman magnifique de Leopoldo Brizuela a obtenu le Prix Clarin du roman en 1999.
Bruit et fureur Brizuela met en scène les tribulations de Shakespeare en Terre de Feu.«Et tandis que la Comtesse entrait en scène, il fallut maîtriser la Naine enfumée qui se colletait avec une bande d'ivrognes l'ayant insultée depuis les places d'honneur et dont il s'avéra qu'ils étaient les meilleurs amis du fils pédéraste de Gomez – de la firme Gomez & Gomez.» Voilà un livre bien étrange, à la gloire du théâtre et du seul qui vaille, celui de Shakespeare. L'Argentin Leopoldo Brizuela construit la saga hallucinée d'une troupe qui tient autant du théâtre que du cirque et qui depuis des générations est vouée au service du grand Will. La troupe s'appelle d'ailleurs le Great Will et représente «le dernier et le plus vivant bastion de la légendaire Compagnie des Chevaliers de la Rose, née dans une cour de province pour égayer une princesse enfermée dans un donjon, et que Merlin le magicien lui-même n'avait pu libérer de sa mélancolie».Le Great Will parcourt le monde en bateau et à l'occasion des festivités du canal de Panama, franchit même l'Atlantique et se lance dans une tournée qui le mènera aux confins du monde connu, conduit par la gardienne du temple, la comtesse Broadback. Une inspirée pas loin de se prendre pour Shakespeare et à laquelle rien moins que la Terre de Feu sera nécessaire pour aller au bout d'une quête shakespearienne entre toutes: «trouver le nom de son destin». Sous-titré «une fable», Angleterre (Inglaterra, una fabula) est sans doute plus que cela, un poème qui s'acharne, – même si le Great Will vogue vers «la plus singulière des catastrophes» –, à conserver foi en ces passeurs qui mettent en mots des histoires «s'apparentant à l'une ou l'autre des images qui incarnent la Parole de Dieu: alors seulement nos limites cessent d'être le vide pour se convertir en un silence qu'auscultera le poète qui viendra après nous». Même si Dieu s'appelle Shakespeare et même si le temps était venu où l'on ne montait «plus désormais que de stupides comédies qui présentaient la nature comme un jardin au service de Messieurs les bourgeois et de leurs séides, comédies qui non seulement les autorisaient, mais leur apprenaient à détruire».Laurent Nicolet, Le Temps, Genève, Samedi 11 septembre 2004"Le bout du monde : un îlot rocheux au bout de l'archipel de la Terre de Feu, le point extrême qu'atteignent les oiseaux au cours de leur migration vers le sud, un endroit magique où ils reçoivent dans un langage connu d'eux seuls des instructions pour le voyage de retour. Comment un bateau chargé d'acteurs shakespeariens est-il venu s'échouer là au début du XXe siècle ? Et qui pouvait bien s'intéresser au théâtre dans ces confins de la Patagonie ?(...) Angleterre est une fable étrange, riche de significations multiples, y compris sur le plan politique puisque cet îlot rocheux sur lequel un romancier argentin fait échouer une troupe anglaise, n'est pas très éloigné des îles malouines."Revue de la rentrée littéraire Fnac 2004."Dès les premières pages, j'ai été emmenée dans un autre univers. Art du récit, beauté du style, poésie…, tout y est !"Emmanuelle Saintin, Lille.« Angleterre, une fable », roman plein de fougue de l'Argentin Leopoldo Brizuela, est une étreinte passionnée du monde, de la langue et des grandes oeuvres littéraires qui les inventent . Marier Shakespeare à Jack London, l'Angleterre à la Terre de Feu, le romanesque au poétique : ce dangereux pari, l'écrivain argentin Leopoldo Brizuela l'a réussi. Son premier roman traduit en français est un coup de maître plein de fougue, une étreinte passionnée du monde, de la langue et des grandes oeuvres littéraires qui les inventent. Vaste conte, roman historique et odyssée à part entière, Angleterre, une fable sonde le coeur de la culture occidentale et de son empire.(...) Pour se lancer tête baissée, à 36 ans, vers les grandes œuvres et les grands espaces dans un second roman, il faut avoir la plume bien trempée. Angleterre tient le cap de ses promesses, fermement, malgré un récit foisonnant de péripéties souvent burlesques, une chronologie chahutée, un phrasé complexe qui s'enroule, s'amplifie et se prolonge, entre images baroques et romantiques. La cadence méticuleuse des phrases lui donne son caractère et son souffle épiques. Le jeu malicieux sur les différentes langues du roman – anglais, espagnol – montre l'amour irrespectueux que Brizuela, par ailleurs traducteur, porte au langage. Et, surtout, l'Argentin assume totalement la dimension légendaire de son roman historique. Il ne montre pas, il évoque.Fabienne Dumontet, Le Monde des livres, 17 décembre 2004. Hymne à la liberté, liberté de créer, d’interpréter, de vivre tout simplement, tel est le fil conducteur d’Angleterre, une fable, roman dense et touffu de Léopoldo Brizuela, publié en 1999 en Argentine et aujourd’hui traduit en français. Si Shakespeare joue un rôle majeur dans cette fable, c’est qu’à travers son œuvre Léopoldo Brizuela redonne une vigueur toute primitive à la recherche du destin que chacun tente de maîtriser. Le nom de mon destin ? Voilà bien l’interrogation de bon nombre des personnages réels ou fictifs qui se croisent depuis l’époque de Merlin le Magicien jusqu’à ce début de XXe siècle, dans les missions religieuses installées tant bien que mal en Patagonie. On est un peu dérouté au début de la lecture par ces va-et-vient temporels des trois premiers actes du récit mais la puissance des personnages et leur parcours épique nous forcent à les suivre à travers les pérégrinations d’une troupe de théâtre dévouée corps et biens à l’œuvre du grand William Shakespeare. Traits d’union entre ce passé théâtral, dans tous les sens du mot, et la réalité bien cruelle des peuples de la Terre de Feu, Ona et Yaghan, le “sauvage” Caliban de La Tempête de Shakespeare nous propulsent brusquement dans 1’horreur de la disparition violente de ces habitants originels de l’extrême sud patagonien. L’image de ce Caliban se coupant lui-même la langue pour ne pas parler devant la cour du roi d’Angleterre où on l’exhibe comme une bête curieuse, fait écho à l’envie de révolte des peuples indigènes face aux irruptions brutales des chercheurs d’or, des éleveurs de moutons et des missionnaires occidentaux de toutes nationalités qui affluent vers ce bout du monde.(...) À travers des siècles pourtant bien éloignés de ce début de millénaire, ce sont les interrogations profondes de chaque être humain qui jaillissent de ces très belles pages de la littérature sud américaine, décidément foisonnante pour notre plus grand bonheur.Leerlo o no leerlo ? La réponse est évidente: il faut lire ce roman de Léopoldo Brizuela.
Alain Valadon, Espaces Latinos n° 219 – janvier 2005 source: www.jose-corti.fr |
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