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Selva Almada

 


Née en 1973 à Entre Ríos, elle vit aujourd’hui à Buenos Aires. Elle a écrit plusieurs recueils de nouvelles. Après l’orage est son premier roman.

 
 

Par larouge • Almada Selva • Jeudi 20/03/2014 • 0 commentaires  • Lu 1356 fois • Version imprimable

Après l'orage

 

Après l'orage

Selva Almada , Laura Alcoba 
  • Broché: 133 pages
  • Editeur : Editions Métailié (6 mars 2014)
  • Un garage au milieu de nulle part, dans le nord de l'Argentine. La chaleur est étouffante, les carcasses de voiture rôtissent au soleil, les chiens tournent en rond. Le révérend Pearson et sa fille Leni, seize ans, sont tombés en panne ; ils sont bloqués là, le temps que la voiture soit réparée. El Gringo Brauer s'échine sur le moteur tandis que son jeune protégé Tapioca le ravitaille en bières fraîches et maté. 
    Dans ce huis clos en plein air, le temps est suspendu, entre deux, l'instant est crucial : les personnages se rencontrent, se toisent, s'affrontent. C'est peut-être toute leur vie qui se joue là, sur cette route poussiéreuse, dans ce paysage hostile et désolé, alors que l'orage approche.
    Selva Almada signe ici un premier roman époustouflant de maîtrise, dans une prose sobre, cinématographique, éminemment poétique.
Extrait
Le mécanicien toussa et cracha quelques glaires.
- Mes poumons sont pourris, dit-il, tandis qu'il passait le revers de sa main sur ses lèvres et se penchait une nouvelle fois sous le capot ouvert.
Le propriétaire de la voiture s'essuya le front avec un mouchoir et glissa sa tête à côté de celle du mécanicien. Il ajusta ses lunettes fines et regarda l'amas de tuyaux brûlants. Puis il regarda le mécanicien, d'un air interrogateur.
- Il va falloir attendre que les tuyaux refroidissent un peu.
- Vous pouvez la réparer ?
- Je pense, oui.
- Et ça va mettre combien de temps ?
Le mécanicien se redressa - il le dépassait d'une bonne tête - puis il leva les yeux au ciel. Bientôt, il serait midi.
- En fin d'après-midi, elle sera prête, je suppose.
- Il faudra que nous attendions ici.
- C'est comme vous voulez. On n'a pas le confort, comme vous voyez...
- Nous préférons attendre ici. Avec l'aide de Dieu, vous allez peut-être finir plus tôt que vous ne le pensez.
Le mécanicien haussa les épaules et sortit un paquet de cigarettes de la poche de sa chemise. Il lui en offrit une.
- Non, non. Grâce à Dieu, j'ai arrêté il y a plusieurs années. Si vous me permettez, vous devriez faire la même chose.
- Le distributeur de boissons est en panne. Mais, dans le frigo, il doit rester quelques canettes, si ça vous dit.
- Merci.
- Dites à la demoiselle de descendre. Elle va étouffer dans cette voiture.
- C'était comment, votre nom, déjà ?
- Brauer. El Gringo Brauer. Et lui, c'est Tapioca, mon assistant.
- Je suis le Révérend Pearson. Ils se serrèrent la main.
- J'ai quelques trucs à finir avant de m'occuper de votre voiture.
- Allez-y, je vous en prie. Ne vous en faites pas pour nous. Que Dieu vous bénisse.
Le Révérend se dirigea vers l'arrière de la voiture où sa fille Leni était assise, furibonde, dans le tout petit espace laissé vacant par les caisses remplies de bibles et les revues qui s'entassaient sur le siège ainsi qu'à ses pieds. Il tambourina contre la vitre. Leni le regarda à travers le carreau recouvert de poussière. Il saisit la poignée, mais sa fille avait verrouillé la portière de l'intérieur. Il lui fit signe de baisser la vitre. Elle ne l'ouvrit que de quelques centimètres.
- Ils vont mettre un peu de temps à réparer la voiture. Descends, Leni. On va boire quelque chose de frais.
- Je suis bien ici.
- Il fait très chaud, mon enfant. Tu vas te sentir mal. Leni remonta la vitre.
Revue de presse
D'emblée, Après l'orage, ce bref roman divisé en vingt-trois chapitres, a des allures de film. Un endroit perdu sous un soleil de plomb...
L'atmosphère est poisseuse, le lecteur est immédiatement englué dans le texte - mais au meilleur sens du terme, collé aux personnages, à ce qui pourrait leur arriver, ou pas...
Une impression de lenteur se dégage d'Après l'orage, comme si la chaleur pesait sur chaque geste, et pourtant cela va à toute vitesse. (Mathieu Lindon - Libération du 13 mars 2014)

 
 

Par larouge • Almada Selva • Jeudi 20/03/2014 • 0 commentaires  • Lu 1360 fois • Version imprimable

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