Santiago H. Amigorena est né à Buenos Aires en 1962. Après une enfance en Argentine et en Uruguay, il s’installe en France en 1973. Muet de naissance, il se lance très tôt dans l’écriture. Il a écrit une trentaine de scénarios pour le cinéma dont notamment Le Péril jeune de Cédric Klapisch et Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel de Laurence Ferreira Barbosa. Il écrit aussi des articles pour La Lettre du cinéma et Les Cahiers du cinéma. Il a signé quatre romans : Une enfance laconique (1998), Une jeunesse aphone (2000), Une adolescence taciturne (2002) et Le premier amour (2004).
Santiago H. Amigorena est né à Buenos Aires en 1962. Après nombre d’exils, il a écrit une trentaine de films, une dizaine d’articles et quelques milliers de pages qui racontent tout ça. Santiago H. Amigorena, muet de naissance et plus, écrit un livre pour s’oublier, des articles pour s’ennuyer, et des scénarios pour oublier de s’ennuyer. Santiago H. Amigorena, muet du nez jusqu’aux orteils, écrit en plusieurs langues depuis pas mal d’années. Santiago H. Amigorena est heureux de vous annoncer qu’il a un passé. Santiago H. Amigorena écrit. Santiago H. Amigorena ? Santiago H. Amigorena, juif et protestant, s’exalte un peu souvent, contre lui-même et le néant. Santiago H. Amigorena est né à l’extrême sud. Allergique au froid, il s’échauffe en salissant des pages, diverses et improbables. Santiago H. Amigorena écrit depuis sa plus taciturne enfance. Après avoir passé le plus clair de son temps entre son dentiste et son psychanalyste, il a aujourd’hui 35 ans et presque toutes ses dents. Santiago H. Amigorena écrit contre nature et destinée. Santiago H. Amigorena est, et n’est pas, scénariste, journaliste, écrivain.
Des jours que je n'ai pas oubliés
Santiago H. Amigorena (Auteur)
- Broché: 256 pages
- Editeur : P.O.L (2 janvier 2014)
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- Peut-on aimer deux personnes à la fois ? La question est si simple et la réponse inévitablement si compliquée. Surtout lorsqu'elle n'est pas formulée par celui qui a doublement aimé mais par l'un de ceux qui devaient se contenter de la moitié d'un amour.
- Les quelques jours de ce voyage en Italie racontent ce qu'a vécu un homme qui n'était plus aimé qu'à moitié.
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Né à Buenos Aires en 1962 d’un père psychanalyste, Santiago Amigorena vit à Paris depuis 1973. “Muet de naissance” comme il l’exprima un jour, métaphoriquement, pour une fiche biographique demandée par son éditeur, il écrit une série de romans conçue comme une fresque. Il voulait ne la publier qu’une fois achevée, mais il a fini par lâcher les épisodes au fur et à mesure : Une enfance laconique, Une jeunesse aphone, Une adolescence taciturne, Le Premier Amour… Ce dernier titre (qu’il attribuait à un “crapaud graphomane”) imaginant le corps de sa bien-aimée comme une feuille blanche sur laquelle il inscrivait ses calligrammes coquins (tous édités chez P.O.L).
Amigorena romancier écrit tôt le matin. L’après-midi, il est scénariste. Avant d’écrire et de réaliser Quelques jours en septembre, il a conçu l’intrigue de films pour des cinéastes aussi divers qu’Idrissa Ouedraogo (Samba Traoré), Laurence Ferreira Barbosa (Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel), Cédric Klapisch (Le Péril jeune), Brigitte Rouan (Post Coïtum animal triste), Marion Vernoux (Rien à faire), Judith Cahen (La révolution sexuelle n’a pas eu lieu), Raoul Ruiz (The Ground Beneath Her Feet). Venise, où son père (par ailleurs amateur de tango) possède un appartement, est sa ville fétiche. Et “au film d’espionnage ce que Paris est aux histoires d’amour”. Le vin, quelque chose qu’il prend au sérieux, passion qu’il partage avec son ami Jonathan Nossiter, le cinéaste de Mondovino. Il est aussi amoureux de la peinture de Juliette Binoche (”Je lui ai demandé pendant le tournage pourquoi elle n’exposait pas ses toiles, elle m’a répondu qu’elle s’exposait déjà beaucoup”).
Grand lecteur, il a truffé son film de citations dont il s’est refusé à donner les sources sur l’écran. “Je trouve ridicule les cinéastes qui laissent traîner ostensiblement des couvertures de livres dans l’image.” La seule identifiable dans le dialogue est un leurre : Henry Miller n’a jamais dit “l’amour c’est bon, l’inceste c’est meilleur”. Les autres sont de William Blake, de T. S. Eliot… les noms des personnages donnent les clés, Pound en tête.
“Le cinéma, dit-il, est un art politique. Quand j’écrivais le scénario, le 11 septembre 2001 nous a submergés. Comment ne pas souligner que l’attaque du World Trade Center a été précédée par d’étranges “stock exchange operations” ? Il est aussi absurde de penser que la CIA était au courant de la destruction des Twin Towers que d’imaginer que Ben Laden était seul à savoir ce qui allait se passer.” Références, là encore : “Je voulais créer un personnage qui serait le petit-fils adoptif du Troisième Homme, un type que l’on chercherait sans jamais le trouver, parce qu’aujourd’hui, entre le bien et le mal, ce genre d’homme n’est nulle part. Et je tenais à me souvenir que j’ai échangé mon premier baiser dans un cinéma de Montevideo, pendant la projection de James Bond contre Dr No.”
Jean-Luc Douin
Article paru dans l’édition du 06.09.06.
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La première défaite
Santiago Amigorena
- Broché: 632 pages
- Editeur : POL (22 août 2012)
- Collection : FICTION
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- "Après que Philippine a décidé de la fin de notre amour, ai aimé Philippine pendant quatre ans. Pendant quatre ans, j'ai consacré chaque heure du jour et chaque heure de la nuit à une seule et unique activité : l'aimer - l'aimer sans qu'elle fût à mes côtés. Je l'ai aimée enfermé dans la solitude de mon studio de l'île Saint-Louis. Je l'ai aimée enfermé dans la nuit des quais de l'île Saint-Louis. Je l'ai aimée enfermé dans la mémoire et dans la folie. Je l'ai aimée éveillé. Je l'ai aimée endormi. Je l'ai aimée en rêve. Je l'ai aimée au crépuscule du jour. Je l'ai aimée au crépuscule de la nuit. Je l'ai aimée tant que j'ai pu. Je l'ai aimée au-delà de ce qu'elle pouvait. Je l'ai aimée en la suivant dans la rue, ombre de son ombre, pas de ses pas. Je l'ai aimée à distance, respectueuse et irrespectueuse. Je l'ai aimée pour survivre. Je l'ai aimée à en mourir. Je l'ai aimée dans un temps sans temps, dans un temps où seule l'écriture égrenait des instants qui, wagons furtifs d'un train disloqué, ne parvenaient plus à s'accrocher les uns aux autres. J'ai aimé le souvenir de son sourire, le souvenir de son parfum, le souvenir de son souvenir. J'ai aimé l'absence de ses lèvres - et de ses lèvres. J'ai aimé sa peau comme un écorché vif. J'ai aimé son regard d'havane comme cet aveugle qui cherche à être roi chez les borgnes. J'ai aimé sa beauté à m'en rendre laid. J'ai aimé sa différence jusqu'à ne plus savoir qui j'étais. Ne voulant plus me souvenir, je l'ai aimée absolument, obsédé par le moindre souvenir d'elle." C'est bien sûr de la Philippine de "Le Premier amour" qu'il s'agit ici et des tourments endurés par le narrateur, "l'auguste crapaud graphomane" tel que Santiago Amigorena se définit lui-même, après la fin de ce premier amour. Ainsi pendant quatre ans va-t-il traîner son accablement et sa mélancolie , les imposant à ses amis, à ses proches, jusqu'à la délivrance, enfin, à la libération. On a été rarement si loin dans l'analyse du désespoir amoureux, et dans son évolution progressive vers la délivrance. Même en s'y appuyant pour commencer, cela va bien au-delà de l'analyse psychologique gràce à un très étonnant lyrisme introspectif qui ne cesse d'ouvrir de nouveaux territoires à l'investigation inquiète du narrateur. Et aussi gràce à un humour dont Santiago Amigorena est la première cible consentante, un humour ravageur, joyeusement dépressif et, pour tout dire, irrésistible. Et bien sûr il va aussi se passer beaucoup de choses pendant ces années soutenues par la basse continue d'une irrépressible tristesse. Notre héros, par exemple va retourner en Uruguay et en Argentine pour la première fois depuis l'exil forcé en France, à la rencontre de ses souvenirs d'enfance et de ses amis d'autrefois, puis en Grèce et en Italie, il va croiser beaucoup de jeunes femmes, écrire et se relire, et se citer, boire et danser.
Santiago H. Amigorena poursuit sa formidable entreprise d’encyclopédie de lui-même, et sonde le deuil de l’amour et le manque de l’être aimé, dont seule l’écriture peut nous libérer.
L’amour, l’autre, quand ça marche, c’est merveilleux ; mais quand ça ne marche pas, c’est la porte ouverte à l’anxiété, au doute, à l’incompréhension, et souvent à l’écriture pour mieux tenter de saisir une vérité toujours mouvante qui nous échappe. Si, depuis longtemps, nombre d’écrivains ont écrit leurs amours, peu s’en sont bien tirés, cédant trop souvent à l’étalage exhibitionniste, à la thérapie à la petite semaine ou au règlement de comptes à hauteur de grenouilles.
En littérature, ça marche aussi rarement qu’en amour, mais quand ça marche, c’est tout aussi merveilleux, et c’est le cas des romans de Santiago H. Amigorena, formules magiques qui nous délivrent de nous-mêmes, lecteurs empêtrés de nos vies comme l’est ici l’auteur-narrateur, nous ravissent – au sens littéral du terme – pour mieux nous ramener au coeur même de notre existence afin d’en percevoir quelques précieux éclats de vérité. Demande-t-on, finalement, autre chose à la littérature ? C’est pourquoi, depuis 1998 et la parution du premier roman (Une enfance laconique) de cette sorte d’entreprise encyclopédique de lui-même à ramifications multiples et borgésiennes, on ne rate aucun des textes d’Amigorena.
Fétichiser l’être aimé pour s’éviter de disparaître
On en était resté au magnifique Premier amour, paru en 2004, récit du premier amour, donc, du jeune Santiago avec la jeune Philippine. Amour fou qui le mène à l’écriture tant la femme aimée, même présente, lui échappe : comme si toute présence amoureuse portait en elle, intrinsèquement, une part d’absence – comme si l’amour ne pouvait advenir que pour et par cette absence dans la présence de l’autre. L’amour serait déjà cette fiction que l’on invente pour combler le manque dans l’autre, le manque de l’autre.
C’est ce motif, inépuisable, qui hante encore La Première Défaite. Où l’on retrouve un Amigorena au seuil de la vingtaine, quitté par Philippine, défait par la tristesse. L’écriture va entrer en jeu pour se “refaire”, se reconstituer une intégrité trouée, voire pulvérisée par le manque de l’autre aimé. Elle s’impose comme le seul moyen pour reconstituer cet autre disparu, le posséder enfin entièrement, voire le fétichiser pour s’éviter de disparaître, soi-même, à la vie.
“(…) seul celui qui a aimé en étant aimé sait que la jalousie fait partie de l’amour, qu’elle montre que la possession est le but de l’amour et que ce but ne peut jamais être atteint. Depuis que Philippine m’avait abandonné, de la plus désastreuse – et de la plus douloureuse – des manières, depuis qu’elle ne m’aimait plus, je la possédais entièrement. Je la possédais comme on possède seulement ce qu’on a perdu. Je pouvais la contempler aller et venir dans ce monde qui m’était étranger, je pouvais la voir rire dans les bras de ce garçon que je ne connaissais pas, je pouvais surprendre leurs baisers, sans sentir que je la perdais encore : je l’avais déjà perdue.”
La Première Défaite raconte les cinq années qui ont suivi la rupture : cinq années de larmes, de solitude, de souffrance suicidaire. Des amis, quelques amantes, des contrées traversées en tout sens, Rome et Patmos, l’île Saint-Louis à Paris et puis Londres, l’Amérique du Sud… Et l’enfer, toujours : car l’enfer c’est d’être, partout et avec tous, d’abord avec soi-même.
Alors il y a l’écriture de poèmes et journaux au moment où l’événement se vit, insérés au livre qui s’écrit trente ans plus tard et sort aujourd’hui. Il y a le récit des larmes et de la douleur face au manque de sens qu’est la disparition abrupte de la personne aimée, les lectures qui façonnent (Joyce et Proust), les commentaires proustiens, les phrases au charme envoûtant, à la finesse poétique autant qu’intellectuelle, écrites au passé mélancolique, dans une mission impossible (faire revivre ce qui est mort ; ramener à la vie ce cher disparu qu’est le passé), mais à l’issue optimiste déjà gravée dans l’écriture même :
“Seule la pensée de la mort nous permet de vivre pleinement et nos chaînes sont la mesure de notre liberté. Mais peu d’activités humaines nous font comme l’écriture espérer être libérés tout en rendant nos chaînes si flagrantes, si lourdes. Car au-delà de sa source – qui est le silence – et de son but – qui est la mort -, l’écriture porte toujours l’illusoire promesse de nous libérer de cela même qui l’autorise et qui est le véritable gardien de l’être humain, de ce qui nous tient le plus intimement prisonniers et qui le plus intimement nous préserve : le langage.”
Le langage qui capture aussi un temps : les années 80. L’écriture autobiographique n’est jamais pour Amigorena le prétexte romantique pour s’extraire du monde. Il reste toujours politique, car “la politique n’a pas d’autre horizon que l’utopie”. Comme l’écriture, en somme. L’écriture comme acte politique puisque échafaudant une utopie, parce qu’étant elle-même utopie : la seule où l’on puisse se réconcilier avec soi-même et les autres, et même avec ce grand Autre éternellement problématique. La seule où l’on puisse, au fond, réaliser l’idéal de la politique, et cela que l’on soit l’auteur ou le lecteur du texte. C’est pourquoi on n’a plus qu’une envie : rester les captifs consentants, désirants et heureux des romans de Santiago H. Amigorena.
Le premier amour
de santiago h amigorena
Poche: 410 pages
Editeur : Editions Gallimard (30 novembre 2006)
Collection : Folio
J’avais dix-huit ans et j’étais amoureux. Ma vie n’avait qu’un seul but : la traduire. Mais comment trouver les mots justes pour la forme de la forme de ses seins ? pour le secret du secret de son sourire ? pour la profondeur ineffable de son regard sombre ? Je voulais la traduire comme on traduirait un poème d’une langue qu’on aime - mais qu’on ne comprend pas. Je voulais écrire sur elle - et sur elle. Je voulais décrire ses lèvres - et ses lèvres. Je voulais, pour toujours, la tenir toute entière sur le bout de ma langue. Malheureusement, les premiers amours, aussi éloquents soient-ils, ne sont jamais que les préludes des premières défaites.
La presse
dLes Inrockuptibles Le sexe qui parle Scénariste pour Klapisch ou Limosin, Santiago H. Amigorena construit depuis six ans une autobiographie tentaculaire et passionnante, empreinte d’humour et de distance. Ce quatrième volet raconte son premier amour. Et sa première défaite. Ce qui différencie Amigorena de beaucoup d’autres écrivains de soi, autofictionnels ou autobiographes en tout genre qui pulullent aujourd’hui, c’est la conscience de cette ironie-là. Alors que les autres prétendent dire la vérité de leur vie, Amigorena nous dévoile l’impossibilité qu’il y a à la dire… Alors que les autres nous livrent en pâture la chair des faits, Amigorena nous dévoile le squelette de leur perception, de leur narration, comme seule vérité crédible. Quand les autres nous mentent en croyant dire le vrai, Amigorena dit vrai en disant qu’il nous ment. Et c’est cette intelligence-là, philosophique, de la distance, de la faille, qu’il y a autant à vivre qu’à écrire, qui fait de son entreprise autobiographique une des plus intéressantes qui soient. Le Premier Amour est un livre aussi profond que léger, aussi triste que drôle, aussi physique que métaphysique. Une épopée à travers le monde, Paris, une chambre, un corps, où chaque détail contient l’humanité. Avec un Ulysse pathétique dont les pires ennemis - l’autre, les mots - sont invincibles parce qu’intrinsèques à son humanité. Santiago Amigorena a réussi à faire de l’autobiographie d’un seul le roman de tous.
Le Nouvel Observateur, le 26 août 2004 → plus
La Quinzaine Littéraire, le 2 septembre 2004 → plus
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Une enfance laconique
de : Santiago H. Amigorena
Editeur(s) : Pol
Collection : FICTION
Date de Parution : 02/04/1998
Soyez rassurés. De lui, vous saurez presque tout. Il avouera noir sur blanc de quelle étrange manière le têtard taciturne qu’il fut, ce têtard éternellement habité par le désir de devenir bavard comme une grenouille un jour de pluie, se transforma en un gros crapaud graphomane. Soyez rassurés. En attendant le premier exil, vous pourrez goûter l’amer délice de la première lettre, l’onctueux oubli du premier cauchemar. Soyez rassurés. Comme promis, il ne dissimulera pas le moindre doute, la plus infime maladresse, la plus grossière erreur. Voici enfin, pour en finir avec les autobiographies, de la première à la dernière syllabe, la vie intégrale du seul écrivain qui ne voulut jamais écrire.
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Le Monde, 21 août 1998
« Peut-on encore parler de littérature ? La question peut sembler oiseuse mais l’auteur ne cherche pas à l’éviter, affirmant qu’il écrit pour la littérature “sans aucun souci d’écrire de ou sur la littérature, inventant une nouvelle place, écrivant du dehors, comme un artisan, un texte réservé à d’autres artisans,à d’autres textes”. Projet modeste et cependant d’une ambition démesurée, totalement irréalisable, passionnant par ses contradictions mêmes puisqu’il ne cesse de s’interroger sur la validité de l’écriture et prétend, par un dernier texte qui est aussi un premier livre, en finir avec le langage en retournant ses propres armes contre lui. »
Gérard Meudal, Le Monde, 21 août 1998
« A travers cette volonté de tout dire, typique du projet autobiographique, cette chasse à la vérité, illusoire et absurde, Amigorera signe une autobiographie paroxysée, à la limite de la caricature. Avec une vraie question : que faut-il dire pour dire tout? Dans quel repli de sa mémoire traquer ce qui constitue le je (”ne parle pas”) dont l’auteur veut se débarrasser?
Nelly Kaprièlian, Les inrockuptibles, 8 juillet 1998
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Une jeunesse aphone
de S.-H. Amigorena
Broché: 188 pages
Editeur : P.O.L. (4 mai 2000) Collection : Fiction
Voici enfin éclaircies les obscures raisons pour lesquelles chacun d’entre nous naît à l’amour et à la politique en même temps.Voici enfin avoué comment, ravis et dégoûtés, nous avons tous accepté enfants que notre langue se mêlât à une autre. Voici enfin reconnue la part maudite qui dans les souvenirs épars trahit la contingence du passé. Pourquoi les mains volubiles d’Alvaro « El Sopa » Aguirre étaient-elles plus expertes que les miennes ? Pourquoi Gonzalo « Fon » Fonseca aimait-il l’effroyable laideur de Gabriela « Viejos Días » Arnesto ? Pourquoi la langue de Sandra « Narigona » Cladera, langue soyeuse, tempérée, n’a-t-elle pas contaminé celle de la jeune carpe que j’étais ? Pourquoi la mère de Margarita, gardienne et négociante de sa croupe avertie, connaissait-elle mon surnom ? Mais pourquoi diable la pulpe de nos dires demeure-t-elle toujours étrangère aux fruits de notre désir ?
Mai 2000
192 pages, 14,48 € ISBN : 2-86744-767-4
© éditions P.O.L, 1999
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Une adolescence taciturne. Le second exil
de Santiago H. Amigorena
Broché: 231 pages
Editeur : P.O.L. (7 février 2002)
Collection : Fiction
Après le second exil, lorsque j’embrassais une fille, j’avais souvent l’impression que ma bouche abritait trois langues. Était-ce seulement parce que, égaré dans ce pays inhospitalier dont les habitants partout dans le monde sont célèbres pour leur hippophagie et pour leur mauvaise odeur, le français était pour moi un nouveau langage ? Abasourdi par mille et un changements, je ne savais que faire de cet excès de paroles possibles qui ne franchissaient jamais l’enclos de mes dents. J’allais donc ainsi, enlaçant les mots, rendant purs les sons, et propageant mon silence. Car l’exil a ceci de remarquable qu’en nous rendant bilingues, il crée la possibilité de se taire dans une nouvelle langue.
La presse
« Avec Une adolescence taciturne, Amigorena a trouvé le ton juste : en revenant sur l’exil de sa famille de l’Argentine à l’Uruguay pour arriver dans ce froidissime pays qu’est la France, son autobio oscille parfaitement entre automythification littéraire et autodérision, entre considérations graves et réflexions hilarantes, entre visions panoramiques et détails microscopiques, altitude et profondeur, entre volonté de s’approprier la langue, les souvenirs, une terre, et le désir d’oublier pour mieux se libérer, se faire autre pour mieux devenir soi - avec, en prime, une parfaite digestion de Proust, du Foucault des Mots et les Choses, de la psychanalyse et, finalement, de soi-même. Ce qui lui permet de mener parfaitement cette écriture de l’exil, cette écriture d’un soi forcément scindé dès lors que l’on est l’étranger, tiraillé entre cette obligation et la conscience sous-jacente de son échec, cette impossibilité d’en être, d’être ce qui nous échappera toujours. » Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles, 26 février 2002
Février 2002
240 pages, 18 € ISBN : 2-86744-868-9
© éditions P.O.L, 1999.
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1978
de Santiago H. Amigorena
1978, début d’une nouvelle année scolaire dans un lycée parisien, du côté du treizième arrondissement. Un très bel étranger, un Argentin, débarque, en retard dès le premier jour comme il le sera tous les suivants, dans une classe de première qu’il va considérablement marquer de sa personnalité. Mélancolique, talentueux, ombrageux, provocateur et séduisant, il ne laisse personne indifférent et perturbe passablement les cours, au grand dam de certains professeurs, pour le plaisir ou l’agacement de ses condisciples, garçons et filles.
Sans aucun doute, selon un angle assez déconcertant, puisqu’il se présente comme un roman et que cette fois un narrateur (un des élèves de cette classe de première) prend en charge le récit, ce livre s’inscrit dans l’entreprise autobiographique de Santiago Amigorena. Il se situe donc avant Le Premier Amour, à ce moment de la vie où l’entrée dans l’âge adulte, l’adieu difficile à l’enfance, les élans amoureux contrariés, la découverte du monde et des autres, la question de l’engagement politique vous mobilisent tout entier. S’y ajoute pour notre personnage la dimension cruelle qu’apporte un exil non choisi et une personnalité hors du commun qui en fait le centre du groupe de jeunes gens dont nous allons suivre l’existence et les émois durant une année.
C’est qu’en effet, en dehors même du héros, tellement attachant, tellement différent, toujours en train de pleurer, toujours en train d’aimer, ce qui fait le prix de ce livre c’est le talent avec lequel Santiago Amigorena nous plonge non seulement dans ce temps du lycée mais dans celui des commencements de la « vraie vie ».
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