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Jorge Baron Biza



 
Jorge Baron Biza est né à cordoba, argentine en  1942. il est décédé en 2001.

Par larouge • Baron Biza Jorge • Jeudi 11/08/2011 • 0 commentaires  • Lu 1854 fois • Version imprimable

Le désert et sa semence

Le désert et sa semence
de Jorge Baron Biza, dessins de Lorenzo Mattoti





 
Broché
Editeur : Attila (25 août 2011)
Collection : HORS COLL


Résumé

Inspiré par l'histoire de ses propres parents, J. Baron Biza décrit le destin de Mario, le narrateur, qui prend soin de sa mère Eligia, depuis que son père l'a vitriolée avant de se suicider. Leur vie est rythmée par les opérations du visage. En filigrane, l'histoire des luttes argentines des années 1960 est racontée, Mario comparant ses parents au couple Peron.


Quatrième de couverture

Jorge Barón Biza est le fils de Rosa Clotilde Sabattini et de Raúl Barón Biza : lui, figure paradoxale de la politique argentine et auteur de romans sulfureux inspirés du Marquis de Sade ; elle, femme engagée et pédagogue influente, rivale d'Eva Perón. Un couple romantique et passionnel, qui a passé la moitié de sa vie en exil, alternant ruptures et réconciliations. Un jour, le père vitriole sa femme sous les yeux de leur fils. Jorge a 20 ans. Commence pour lui un voyage à travers les meilleures cliniques de la planète, pour tenter d'aider à la reconstruction du visage maternel. De Buenos Aires à Milan, il oscille entre quête de la mère, mémoire du père et perdition dans les bas-fonds délétères des grandes villes. C'est cette histoire que raconte le roman. Le nom des Biza est aujourd'hui entouré, en Argentine, d'un halo méphitique. Le père, Raúl Barón Biza (1899-1964), millionnaire, auteur de romans provocateurs, intellectuel rebelle à tous les régimes, s'est donné la mort après avoir agressé son épouse, qui s'est défenestrée plusieurs années après. Deux de leurs enfants se sont également suicidés et l'un deux, Jorge, a écrit avant sa disparition un roman inspiré de ces destins : Le Désert et sa semence. Au cours de sa vie, Raúl Barón Biza a défendu tour à tour des leaders et des partis rivaux entre eux, s'exposant à la persécution, puis à l'expatriation en Uruguay, où il est même incarcéré au début des années 1940. Il termine en prison son oeuvre la plus connue, Le Droit de tuer, un roman philosophique et pornographique immédiatement censuré. Il se marie secrètement à la même époque avec Rosa Clotilde Sabattini, une brillante intellectuelle qui a 20 ans de moins que lui. Trois enfants naissent. Jorge Barón Biza (1942 - 2001 ) est donc ballotté, durant l'enfance, entre l'Argentine et l'Uruguay, puis, à l'adolescence, entre son père et sa mère, qui à partir de 1950 vivent le plus souvent séparés. À l'âge de 22 ans, il assiste, lors d'une ultime procédure de divorce, à une scène atroce : Raúl vitriole Clotidle, puis prend la fuite. Peu après, la police le retrouve dans sa chambre, avec une balle dans la tempe. Jorge part en Italie avec sa mère, pendant plus d'un an, pour l'assister et surveiller les opérations chirurgicales de reconstruction du visage. C'est principalement de cette expérience que se nourrit son roman, qu'il écrit près de 35 ans après (1998), dans un style d'une étrangeté et d'une froideur recherchées pour créer un effet de distance et échapper au pathos. De retour en Argentine, Jorge devient journaliste, travaille pour des publications d'hôpitaux psychiatriques comme pour des revues mondaines. Il est aussi critique d'art, professeur d'université, correcteur, nègre littéraire et traducteur... de Marcel Proust et de Thomas Mann. À sa mort, il n'a publié qu'un roman : Le Désert et sa semence est d'une telle force qu'il a influencé plusieurs générations d'écrivains argentins (Osvaldo Lamborghini, Oliviero Coelho, ...)


 

Par larouge • Baron Biza Jorge • Jeudi 11/08/2011 • 0 commentaires  • Lu 1716 fois • Version imprimable

à propos de "Le Désert et sa semence"

  Au cinéma, on imagine un film d’Alain Resnais, dans une coproduction franco-américaine, combinaison improbable entre Les Yeux sans visage et L’Enfer pour miss Jones. Mais c’est un roman, de Jorge Barón Biza : Le Désert et sa semence, paru en 2011 aux éditions Attila.

L’auteur, qui s’est suicidé en 2001, deux ans après la publication de cet unique livre, en grande partie autobiographique, est une figure légendaire de la scène littéraire en Argentine. Son père, lui-même écrivain de romans jugés pornographiques à l’époque, était un personnage singulier, millionnaire et marginal, qui, après une énième dispute avec sa femme, adversaire politique d’Eva Peron, va, un jour de 1964, lui jeter du vitriol au visage, devant son fils, avant de se tirer une balle dans la tête de retour dans l’appartement qu’il partage avec celui-ci. 
Jorge Barón Biza accompagne alors sa mère, pendant plus d’un an, de clinique en clinique, jusqu’en Italie, à Milan, l’aidant à supporter les multiples opérations chirurgicales de reconstruction du visage et la longue rééducation. 
Écrit 35 ans plus tard, Le Désert et sa semence est le roman de cette errance.

Au début du livre, la transformation du visage vitriolé de la mère du narrateur est décrite comme « une époque agitée et colorée de la chair », scène horrifique, où, dans la voiture qui l’emmène à l’hôpital, cette femme, aidée par son fils, exécute un terrible strip-tease, arrachant ses vêtements rongés par l’acide, tandis que son apparence se modifie, la matière de son visage s’étant « totalement libérée de la volonté de son propriétaire ».
De la même manière, le livre donne l’impression d’échapper à son auteur, d’abord, dans l’utilisation parcellaire du « cocoliche », langue argotique, mélange d’italien et d’espagnol, dont Jorge Barón Biza précise dans une note en postface, qu’il ne la domine pas du tout et qui donne au roman un aspect rugueux, brutal et décontenançant pour le lecteur, et ensuite dans la narration elle-même, cheminement hésitant et partagé, entre les moments auprès de la malade, où le fils observe minutieusement les moindres changements dans l’anatomie de sa mère, les longues attentes, quand l’ennui ou la fatigue s’installe, dans un bar populaire de Milan, où une prostituée finira par l’alpaguer, l’entraînant dans une relation commerciale et amoureuse, et des interludes, lettres et extraits de journaux, comme celui relatant la découverte du corps momifié d’Eva Peron dans un cimetière près de Milan, non loin de la clinique.
Le Désert et sa semence devient alors une étrange et fascinante balade triste, sans but et sans espoir, à la fois parabole littéraire sur la décomposition de l’Argentine, à travers celles du corps d’Eva Peron et du visage de la mère, et expérience chaotique pour le lecteur, ballotté entre l’évolution physique de la malade et des épisodes pornographiques, où le narrateur, embarqué dans des aventures sexuelles, tarifées et sinistres, devient l’assistant d’une putain qui l’aide, malgré tout, à supporter son mal de vivre.

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Denis et Robert Amutio. Dessins de Lorenzo Mattotti.


Jean-Yves Bochet 


Par larouge • Baron Biza Jorge • Lundi 09/07/2012 • 0 commentaires  • Lu 1506 fois • Version imprimable

à propos de "Le désert et sa semense"

 

Le Désert et sa semence, de Jorge Barón Biza – éd. Attila

Desert et semence Jorge Baron Biza 213x300 Le Désert et sa semence, de Jorge Barón Biza – éd. AttilaUn jour, le père, homme politique argentin et écrivain atypique, vitriole le visage de la mère, femme engagée, adversaire d’Eva Perón, avant de se mettre une balle dans la tête. Voilà l’événement auquel assiste le jeune Jorge Barón Biza, vingt-deux ans, au début des années 1960. En 1998, il décide d’en faire un roman. Partant du jour de l’accident, Jorge Barón Biza (Mario dans le livre) raconte son voyage, aux côtés de sa mère Eligia, pour tenter de réparer son visage délabré. De Buenos Aires à Milan, le fils assiste à la difficile reconstruction de sa mère, tandis que, la nuit, il s’abîme dans l’alcool, sillonnant les bas quartiers des villes qu’il traverse.

Pour échapper au pathos et parvenir à raconter cette histoire tragique, Jorge Barón Biza opte pour une écriture froide, clinique, ponctuellement relevée par les intrusions ducocoliche, cette langue hybride mêlant italien, espagnol, allemand ou anglais, que les traducteurs ont soigneusement restituée. Ce ton changeant imprime sur le roman une atmosphère étrange : les descriptions de la blessure de la mère se métamorphosent au fil des pages. La corrosion du vitriol dégage d’abord un érotisme inattendu, dans la première scène, lors de “l’ardent strip-tease” de la victime, arrachant les vêtements qui la brûlent. Ensuite, elle évoque les faces composites des tableaux d’Arcimboldo, assemblages de fruits qui forment des personnages appétissants et inquiétants à la fois. Puis les cicatrices s’apparentent à une géologie labyrinthique, territoire inconnu, encore à découvrir. Tout le roman semble reposer sur l’évolution de l’architecture des traits tourmentés d’Eligia : de leur réparation dépend l’affirmation de l’identité de tous les personnages.

Le rythme vaporeux, irréel du récit se calque sur les errances de Mario. Hanté par la figure de son père dont il ne comprend pas le geste, constamment au chevet de sa mère, il tente de retrouver une figure maternelle dans ce visage neuf qui se construit, opération après opération, pour enfin comprendre qui il est, et trouver le moyen d’accepter ce lourd héritage familial. Alors il boit, suit une prostituée chez ses clients, tente de se lier avec une jeune fille, joue les guides improvisés pour des touristes… Chaque jour, il semble changer de peau pour trouver la sienne.

Texte bizarre, magnétique, terrifiant par instants, magnifique d’autres fois, Le Désert et sa semence se lit autant comme un roman autobiographique aux relents œdipiens que comme un ouvrage politique : le parallèle constant entre Eligia et sa rivale Eva Perón lie étroitement la brûlure de l’acide et la déliquescence de l’Argentine. Comme si le monde entier était connecté aux courbes ravagées d’un visage maternel.

source: http://laccoudoir.com/romans/le-desert-et-sa-semence-jorge-baron-biza-1267/

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Denis et Robert Amutio, août 2011, 320 pages, 19 euros. Postface de Daniel Link, couverture et poster de Lorenzo Mattotti.



Par larouge • Baron Biza Jorge • Jeudi 04/10/2012 • 0 commentaires  • Lu 1502 fois • Version imprimable

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