Hernán Ronsino est né en 1975 à Chivilcoy, quelques mois avant le coup d’État. Sociologue, il enseigne aujourd’hui à l’Université de Buenos Aires. Il est l’auteur de nouvelles et d’un premier roman remarqué: La Descomposición. Sa voix est l’une des plus singulières de la «literatura actual» argentine.
Dernier train pour Buenos Aires
«Littérature étrangère»
Liane Levi Editeur Date de parution : 02-09-2010 ISBN : 978-2-86746-539-0 14 x 21 cm - 96 pages D’abord il y a un salon de coiffure. C’est de là que Vicente, le taciturne, observe. Il observe les ouvriers qui démontent les rails. Des rails qui ne conduiront plus à ce bourg perdu, loin de Buenos Aires. Des rails qui laisseront une balafre dans la terre comme dans les têtes. Ensuite il y a le Don Pedrín, ce bistrot où l’on commente. On commente le film projeté dans l’unique cinéma, et le passé… Pourquoi la Negra a-t-elle pris un jour le train pour Buenos Aires et n’est jamais revenue? Elle avait des jambes sublimes, la Negra Miranda, de quoi faire tourner la tête des jeunes hommes, de quoi rendre fou de jalousie un mari policier… À soi-même ou à d’autres, chacun dit ce qu’il sait, les souvenirs estompés, l’abandon, la vengeance. Et c’est seulement à la dernière ligne que tout prend sens. Dernier train pour Buenos Aires— Ecrit le Lundi 12 juillet 2010 dans la rubrique “C'est nouveau”.
“Il est revenu hier. Il est descendu du train, le crâne rasé et la peau rance. Il ne ressemblait pas à Kirk Douglas. Alors j’ai pu voir clairement ma mort.” Dans la série des romans aussi brefs que fulgurants dont la maison Liana Levi a le secret, Dernier train pour Buenos Aires (parution prévue pour le 2 septembre prochain) est d’une remarquable efficacité. Enigmatique, mystérieux et elliptique, ce court western se déroule dans un pueblo anonyme situé à quelques 150 km de la capitale. Ce deuxième roman du jeune auteur (mais néanmoins très prometteur) Hernán Ronsino (1) se présente sous la forme d’un récit polyphonique dans lequel une poignée de personnages centraux prennent la parole à des moments très différents pour raconter non pas leur version des événements, mais avant tout pour se livrer. A travers ces quatre monologues percent alors non seulement leurs diverses obsessions, mais aussi leur propre histoire. Ainsi, ce n’est qu’une fois terminé la lecture de ces quatre récits désarticulés que l’on est en mesure de comprendre ce qui s’est passé au sein de cet univers essentiellement masculin. Par ailleurs, bien que le pivot du roman, dont on gardera longtemps en mémoire l’ambiance sombre et la dimension cinématographique de nombreuses scènes, s’avère être un crime passionnel, l’auteur recourt à un schéma narratif opposé à celui du roman policier puisque celui-ci n’est dévoilé que dans les dernières pages. En toile de fond de ce puzzle littéraire, on retrouve enfin des allusions extrêmement discrètes à un demi-siècle d’histoire argentine, tandis que, lourde de signification, la disparition du train symbolise la mort d’un petit village en proie à la déréliction. (1) Son premier roman, La descomposición, n’a pas encore été traduit en français.
F.A.
Hernán Ronsino, Dernier train pour Buenos Aires, traduit de l’espagnol (Argentine) par Dominique Lepreux, Liana Levi, 92 pages, 12 euros
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http://bonheurdelire.over-blog.com/article-dernier-train-pour-buenos-aires-de-hernan-ronsino-liana-levi-120670789.html très belle chronique. à lire, à lire !! |
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