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Rudy Gerdanc



 
Né en 1956 à Buenos Aires, Argentine, après des études économiques et anthropologiques, il vit en France depuis 1986. Ses nouvelles ont été lues à la radio et publiées dans des revues et recueils en Argentine, en France et en Espagne. Chez Barde la Lézarde, nombreuses nouvelles dans des revues (Journal d'un Jour) et à la collection foL'Ivres : Passions partagées, dessins de Nebojsa Bezanic et Mémoire d'un voyage imaginaire, dessins de May Livory. El pacto carnal/Le Pacte charnel. Illustrateur : Valérie Livory. Traduction : Valérie Livory

 

Par larouge • Gerdanc Rudy • Dimanche 11/07/2010 • 0 commentaires  • Lu 1788 fois • Version imprimable

Passions Partagées



 
Rudy Gerdanc, contes empoisonnés et violemment poisseux, traduits de l'espagnol
& Nebojsa Bezanic (dessins à la plume, réhauts encre blanche à la main),150 ex. sur Ingres gris et popset ficelle, 0 à 149 (2000) épuisé

source: shukaba.org/folivres.html



Par larouge • Gerdanc Rudy • Dimanche 11/07/2010 • 0 commentaires  • Lu 1411 fois • Version imprimable

Mémoire d'un Voyage Imaginaire

Mémoire d'un Voyage Imaginaire





Rudy Gerdanc, bilingue français/espagnol, fait suite à Passions Partagées,
traduction Valérie Livory.
& May Livory
(croquis de voyage et photocopy-art réhaussés à l'encre à la main) encart: sachet de fenugrec
150 ex. sur Ingres blanc, de 0 à 149 (2001) épuisé

source: shukaba.org/folivres.html


Par larouge • Gerdanc Rudy • Dimanche 11/07/2010 • 0 commentaires  • Lu 1441 fois • Version imprimable

Le pacte charnel/el pacto carnal

Le pacte charnel/el pacto carnal




Rudy Gerdanc, suite de nouvelles en bilingue français/espagnol,
& Valérie Livory,
traduction
& Valérie Livory
(dessins à la plume encrés en couleurs à la main)150 ex. sur Navigator extra blanc, de 0 à 149 (juin 2008)

source: shukaba.org/folivres-2.html

 

Par larouge • Gerdanc Rudy • Dimanche 11/07/2010 • 0 commentaires  • Lu 1402 fois • Version imprimable

Le pacte charnel - El pacto carnal, extrait

 Madame Hache 

 Toutes les nuits, quand mon mari et mon fils dorment, et que la migraine me laisse un peu de répit, je descends tout doucement à mon bureau, j'évite [… que le grincement du bois de l'escalier ne me trahisse. J'y descends pour composer une pièce musicale, peut-être un opéra, en tout cas c'est une musique circulaire qui habite en moi depuis le suicide de mon père. J'ai tenté un requiem, en vain ; ensuite une marche funèbre, le résultat me sembla futile; je ne sais pas bien moi-même ce que je veux faire. Pour le moment j'ébauche juste des fragments qui alimentent un feu vivifiant.

            Ma santé se dégrade peu à peu, l'arthrose me fait souffrir terriblement. Je passe un bon moment à marcher de long en large, comme pour échauffer mon corps, comme le ferait un sportif pour se préparer au marathon. J'essaye de me concentrer, d'organiser et de corriger mes partitions inachevées. Mais peu à peu, j'entre dans un état second, je commence à transpirer, à trouver la tonalité juste. Les notes n'obéissent qu'à cette loi qui vient du plus profond de moi, quelque chose d'imprévisible, une furie mystérieuse.

Maintenant il pleut. Je me perds dans les souvenirs de mon enfance, dans le paysage de Pont-Aven. La femme face à la mer. Je pense que les bandonéons rendront l'atmosphère dissonante, étrange et personnelle, ensuite j'établirai un dialogue avec les violons pour reprendre l'harmonie. Après, les tubas et les hautbois agressifs complèteront la scène. J'imagine mon père, un baryton récitant des poèmes de Novalis depuis tout là-haut, depuis le ciel.

Mes doigts martèlent le piano. J'improvise un passage d'une seule main, de l'autre je sèche mes larmes. Tout-à-coup les ombres dans le miroir me renvoient la triste image d'une gargouille devant un cercueil. J'ai voulu transcrire métaphysiquement ce passage mais à chaque tentative la feuille finissait à la poubelle.    

            Je suis convaincue que l'inspiration n'existe pas, seule l'expiration existe, c'est-à-dire le travail, l'abnégation artistique et l'imagination à l'état pur.

C'est pour cela que je corrige et retravaille chaque passage jusqu'à m'évanouir ; et avant que la bougie soit consumée —j'allume toujours une bougie pour éviter la condensation— je fais quelques mouvements de yoga dans le silence du petit matin.

            Pour moi, commencer la journée est un effort surhumain, je fais tout mon possible pour être bien. Je change de vêtements plusieurs fois par jour. Je réveille mon mari et mon fils, je prépare le petit déjeuner et j'en conduis un à la gare et l'autre à l'école ; je fais les courses, donne quelques cours de piano à des élèves qui ne présentent aucun intérêt et encore moins de talent. Je déjeune seule, je tente de faire une sieste quand je n'ai pas la migraine. Quand je suis déprimée, je vais dans un club privé et je passe quelques heures dans le jacuzzi, je me laisse caresser le sexe par un habitué, comme ça, juste pour me sentir vivante. C'est vrai, quelqu'un m'a dit une fois que mon corps a quelque chose de masculin —sans doute mes origines allemandes— qui attire les hommes. Ensuite j'aide mon fils à faire ses devoirs, nous dînons, et mon mari fait son monologue, toutes ces choses creuses qui se passent dans l'entreprise. Moi, je n'attends qu'une chose, c'est qu'ils se couchent, je n'attends que ça pour revenir à mon bureau pour …] reconstituer les fragments de cette composition dont je ne vois pas la fin.

 

  Madame Hache

 

Todas las noches, cuando mi marido y mi hijo duermen, y mi jaqueca me lo permite, bajo con cuidado al estudio, evitando […que la escalera de madera no me denuncie; bajo para componer una pieza musical, quizás una ópera, en todo caso es una música circular que habita en mí desde el suicidio de mi padre. Intenté un réquiem, en vano; después una marcha fúnebre, el resultado fue fútil; ni siquiera yo misma sé muy bien qué quiero hacer. Por el momento sólo esbozo fragmentos que alimentan un fuego vivificador.

            Mi salud se degrada poco a poco, la artrosis me hace sufrir terriblemente. Paso un buen momento dando vueltas y vueltas, como para calentar mi cuerpo, como lo haría una maratonista ante la largada. Trato de concentrarme, organizar y corregir las particiones interrumpidas. Pero poco a poco, entro en un estado segundo, comienzo a transpirar, a lograr la tonalidad justa. Las notas sólo obedecen a una ley que viene desde mi interior, algo impredecible, una furia misteriosa.

Ahora llueve. Me pierdo en los recuerdo de mi infancia, en el paisaje de Pont-Aven. La mujer frente al mar. Pienso que los bandoneones darán una atmósfera disonante, extraña y personal, luego entablaré un diálogo con los violines para retomar la armonía. Después, tubas y oboes agresivos completaran la escena. Imagino a mi padre, un barítono recitando poemas de Novalis desde lo alto, desde el cielo.

Clavo mis dedos en el piano. Improviso un pasaje con una sola mano, con la otra seco mis lágrimas. De repente las sombras en el espejo me devuelven la triste imagen de una gárgola frente al ataúd. Quise transcribir metafísicamente este pasaje pero a cada intento la hoja iba a parar a la basura.    

            Estoy convencida que la inspiración no existe, sólo existe la expiración, es decir, el trabajo, la sumisión artística y la imaginación al estado puro.

Por eso corrijo y trabajo cada pasaje hasta el desmayo y antes que se derrita la vela, siempre prendo una vela para evitar la condensación, hago unas sesiones de yoga en el silencio del amanecer.

            Para mí es un esfuerzo sobrehumano comenzar la jornada, hago todo lo posible para estar bien. Me cambio de ropa varias veces por día. Despierto a mi marido y a mi hijo, preparo el desayuno, los llevo uno a la estación de tren, el otro a la escuela; hago las compras, doy algunos cursos de piano a alumnos que no tienen ningún interés y mucho menos talento. Almuerzo sola, intento dormir una siesta cuando no tengo jaquecas. Cuando estoy deprimida me voy a un club privado, paso unas horas en el jacuzzi, me dejo acariciar el sexo por un habitué, así porque sí, sólo para sentirme viva. Por cierto, alguien me dijo una vez que mi cuerpo tiene algo de masculino –seguramente mi ascendencia alemana- que atrae a los hombres. Después, ayudo a mi hijo a hacer los deberes, cenamos, mi marido monologa cosas vacuas sobre los asuntos de la empresa. Yo sólo espero que se acuesten, sólo espero volver a mi estudio para…] armar los fragmentos de esta composición que no le veo el final.

avec la permission de l'auteur

source: http://vericuetos-paris.over-blog.com/article-28843360.html



Par larouge • Gerdanc Rudy • Lundi 16/05/2011 • 0 commentaires  • Lu 1512 fois • Version imprimable

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