« La vida descalzo » d’Alan Pauls, de la plage à la page
Pénélope Laurent
La vida descalzo, publié à Buenos Aires en 2006, apparaît comme un texte singulier dans la production de l’écrivain argentin Alan Pauls. S’il nous avait habitués à des textes aux genres relativement évidents (roman, essai), il nous surprend cette fois-ci par l’aspect inclassable de son dernier livre. Ce texte, a priori un essai sur la plage, abordée depuis diverses perspectives (littéraire, cinématographique, sociologique), pose la question des genres en croisant l’essai à la fiction, à l’autobiographie et à une écriture poétique.
A l’instar des frontières poreuses et mouvantes dessinées par le sable et la mer, les limites des genres semblent s’effacer à mesure qu’on les analyse, comme pour dévoiler que le langage ne tient que par l’illusion de la représentation, pour le bonheur du lecteur.
Cette hybridation des genres n’aboutit pas à un collage mais à un texte homogène et cohérent, et suscite chez le lecteur une prise de conscience du pouvoir du langage. En effet, faut-il considérer La vida descalzo comme un essai, divulguant une Vérité sur la Plage ? comme un témoignage autobiographique, porté par une intention sincère de mise en scène et de mise à nu de celui qui écrit son histoire et son goût pour la plage ? ou comme une fiction dont le point de mire ne serait pas tant la Vérité de l’essai ni une certaine vérité personnelle de l’autobiographie, qu’une promenade au bord de l’imaginaire poétique de Alan Pauls ?
Ces questions, multiples et ouvertes, tentent de restituer l’image que ce texte a suscitée en nous lors de sa lecture : celle d’être un "Livre de sable" que Borges n’aurait certainement pas méprisé...
source voir genres-en-mouvements
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