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Avec Eva Peron, la nuit de velours prend l'accent argentin

Par larouge • Copi • Samedi 03/07/2010 • 0 commentaires  • Lu 1653 fois • Version imprimable

Édition du samedi 3 juillet 2010


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Avec Eva Peron, la nuit de velours prend l'accent argentin




Quatre comédiens autour du personnage central de la femme de pouvoir, avec la dame de fer la plus réputée au monde. Eva Peron est une farce sur le pouvoir et la manipulation où le monstre d'Evita utilise tous les ressorts, allant jusqu'à jouer sans cesse avec ce qui est le plus tabou et qui effraie tout le monde : la mort. Celle des autres certes, mais surtout la sienne avec un humour et un cynisme monstrueux et cocasses. Ici, nous sommes à l'opposé de l'image idéalisée de la comédie musicale chantée par Madonna. Car Copi a été Argentin avant d'avoir la nationalité française et il nous donne à voir une Evita capricieuse et prise au piège de son pouvoir et de l'univers carcéral qu'il impose, la poussant à des actes et propos délirants et drôles et des rapports orduriers avec ses proches. Ici, une grande esthétique et une obsession du raffinement mais des valeurs complètement inversées à la Jean Genet où la mère a en permanence un comportement enfantins. Car celle qui prend le pouvoir et le rôle maternel, en l'occurrence Eva Peron, montre le plus mauvais des exemples, notamment dans le langage , en traitant sa mère de "salope" et de "pauvre connasse", à inciter sa mère au mensonge et à répéter avec la plus grande classe "merde" à longueur de temps.
L'Eva Perón de Copi n'est toutefois pas une simple fable sociopolitique autour du mythe Eva Perón. En 1969, Copi est âgé de 30 ans et vit à Paris où son père journaliste s'était exilé pour fuir le régime. Poète, romancier, dramaturge, dessinateur humoristique, il a déjà écrit quelques essais et une pièce de théâtre. Ses thèmes de travail, s'ils sont proches politiquement de ceux de la plupart des autres artistes et écrivains argentins ou chiliens exilés à Paris dans ces années-là, commencent aussi à être beaucoup plus décalés, ricanants et hallucinés. Influencé par Genet, Artaud, Jarry et Beckett ainsi que par tout l'univers de révolte, de BD et de libération sexuelle de l'époque, "l'enfant pornographe" ne lésine pas plus sur la subversion que sur la dérision et l'absurde. Ses personnages extravagants - les personnes réelles qui les inspirent le sont ? elles moins ? – évoluent dans un monde de folie qui va de l'anxiété la plus noire à la grandiloquence la plus hystérique. A travers la mort de l'égérie d'un dictateur, Copi nous interroge plus sur le travestissement du réel, l'identité, l'oppression universelle du pouvoir et la solitude existentielle que sur les grotesques et violentes dérives du mouvement péroniste argentin. Bien entendu, cela n'a pas empêché les militaires de l'époque d'interdire ses textes en Amérique latine mais la pièce fut montée à Paris, dès 1970, par Alfredo Arias, et même si elle ne fut traduite en espagnol que trente ans après avoir été écrite, plusieurs auteurs l'ont déjà mise en scène avec succès.


source: www.midilibre.com/articles/2010/07/03/VILLAGES-Avec-Eva-Peron-la-nuit-de-velours-prend-l-39-accent-argentin-1293501.php5


 

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