William Henry Hudson
Fils de colons de la Nouvelle-Angleterre établis en Amérique du Sud, il grandit dans les vastes plaines herbeuses du Río de la Plata, parmi les gauchos et leurs troupeaux. Tout enfant, il suit d'un regard émerveillé le vol des oiseaux sauvages ou la course des gracieux guanacos. Il écoute d'une oreille attentive le chant des milliers de chardonnerets nichant au printemps dans les pêchers en fleur. Il épie avec une crainte respectueuse les serpents, venimeux ou non, qui se faufilent parfois à l'intérieur des maisons. Le bleu du ciel, le vert tendre des prairies, le soleil jouant sur l'eau, le plumage étincelant des oiseaux, le parfum des fleurs et des fruits de son pays natal se gravent si bien dans sa mémoire qu'il les restituera, quasiment intacts, bien des décennies plus tard, dans des souvenirs empreints d'une profonde nostalgie. Son ouvrage autobiographique, Là-bas, jadis, paru en 1918, est un classique de la littérature argentine.
Adolescent, il tombe gravement malade et souffre de tels troubles cardiaques que les médecins ne voient en lui qu'un mort en sursis. Contre toute attente, il se rétablit et devient même un jeune homme d'une exceptionnelle résistance. Il effectue de longs voyages à cheval durant lesquels il visite à fond l'Argentine et pousse jusqu'au Brésil et en Uruguay. Il en profite pour observer de près la vie animale. Il s'intéresse surtout aux oiseaux et, à partir de 1868, envoie de nombreux spécimens d'espèces peu connues à la Société zoologique de Londres. Il prend l'habitude de consigner ses observations sur les oiseaux dans des communications qui seront imprimées en Angleterre. Après avoir lu l'ouvrage de Darwin, De l'origine des espèces, il attire l'attention de l'auteur sur une erreur commise dans son livre à propos du carpintero, le pivert d'Amérique du Sud. L'illustre naturaliste avait écrit que cet oiseau ne se perche jamais sur les arbres parce qu'il s'est adapté à la vie dans la Pampa « où aucun arbre ne pousse ». Dans une longue lettre à la Société zoologique, Hudson mentionne que son pays natal compte de nombreux arbres et que le carpintero les fréquente tous, mais que ce pivert a une préférence pour l'ombusolitaire, de très grande taille, qui est largement répandu autour de Buenos Aires. Lors d'une réédition de l'ouvrage, Darwin fera état de cette lettre et des « précieux renseignements fournis par Mr. Hudson, cet excellent observateur ».
L'Argentine ne pouvant plus lui apporter grand-chose, Hudson décide de se rendre en Angleterre. Arrivé dans ce pays en 1874, il découvre avec émerveillement la campagne anglaise, mais va néanmoins s'établir à Londres. Il espère se faire une place parmi les naturalistes. Il n'y parvient pas. Il épouse en 1876 une ancienne cantatrice, beaucoup plus âgée que lui, et qui tient une pension de famille. La vie du couple est précaire pendant de longues années. Hudson se lance dans l'écriture. Installé dans un grenier donnant sur une mer de cheminées, il s'attelle à son premier livre, le Pays pourpre, paru en 1885 et qui n'aura aucun succès. En revanche, le deuxième, le Naturaliste à La Plata, est bien accueilli ; l'ouvrage a un caractère d'authenticité qui ne trompe pas. Après plusieurs livres sur les oiseaux (Oiseaux dans un village, Oiseaux de Grande-Bretagne, Oiseaux londoniens), Hudson publie en 1904 un roman, Vertes Demeures, dont la figure centrale est Rima, mystérieuse créature de la forêt, mi-femme, mi-oiseau. Son imagination, sa sensibilité, sa perception quasi visionnaire de la nature lui valent l'admiration de l'écrivain Joseph Conrad, qui dit de lui : « Il écrit comme l'herbe pousse. » Dans une série d'ouvrages dont le plus célèbre est Une vie de berger (1909), Hudson a fait revivre avec chaleur et intelligence la vie rurale de l'Angleterre de jadis.
Il meurt à 81 ans, laissant presque tout ce qu'il possède à la Société protectrice des oiseaux ; cet ornithologue admirateur de la nature soutenait depuis longtemps le combat que mène cette institution en faveur des espèces menacées.
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