Un amant très vétilleux
de Alberto Manguel (Auteur), Christine Le Boeuf (Traduction)
de Alberto Manguel (Auteur), Christine Le Boeuf (Traduction)
Poche: 88 pages
Editeur : Actes Sud (3 mars 2005)
Collection : Un endroit où aller
Ah, la beauté parfaite de cette forme arrondie ! Etait-ce un coude ? Etait-ce un svelte genou ? Etait-ce un élément de cette anatomie secrète que je n'aurais pu nommer ? Peu m'importait. [...] Cette petite parcelle de femme scintillait et frémissait sous l'effet de la main, et elle me semblait si parfaite, si immaculée dans son existence distincte que j'eusse souhaité connaître un sortilège qui l'eût placée en ma possession, afin de la garder comme un oiseau dans une cage ou un diamant dans un écrin.
Editeur : Actes Sud (3 mars 2005)
Collection : Un endroit où aller
Ah, la beauté parfaite de cette forme arrondie ! Etait-ce un coude ? Etait-ce un svelte genou ? Etait-ce un élément de cette anatomie secrète que je n'aurais pu nommer ? Peu m'importait. [...] Cette petite parcelle de femme scintillait et frémissait sous l'effet de la main, et elle me semblait si parfaite, si immaculée dans son existence distincte que j'eusse souhaité connaître un sortilège qui l'eût placée en ma possession, afin de la garder comme un oiseau dans une cage ou un diamant dans un écrin.
A Poitiers vécut, dans l’entre-deux-guerres – ainsi en attestent les recherches d’un érudit local, étayées par les documents que recèlent diverses archives de la région – un certain Anatole Vasanpeine sur la vie minuscule duquel le présent récit a pour objet d’apporter un éclairage.
Obscur employé des bains-douches de Poitiers, Vasanpeine mena en effet, au fond de sa province natale, une insolite existence d’esthète – et /ou de pervers polymorphe – qui devait s’achever tragiquement. Doté et affligé à la fois de ce type de regard prédateur propre à l’artiste – ou à l’érotomane ? –, Vasanpeine fut soumis, dans le cadre de sa profession, à la permanente tentation de contempler, par quelque fissure propice, l’un ou l’autre des fragments de corps dénudés venus “s’exhiber” à leur insu dans les locaux des bains-douches. Perplexe avant que de se découvrir troublé, il notait dans ses cahiers (dont des extraits apparaissent dans le texte) des impressions plus en plus… ardentes. Cette vocation de voyeur tranquille trouva un moyen de se sublimer en la personne d’un très exotique photographe, Japonais de son état, ayant élu la ville de Poitiers pour lieu de son exil. Cet homme, providentiel, initia le poitevin à son art et aux différentes techniques de reproduction de l’image, nouvelles à l’époque, et surtout en ces lieux, permettant ainsi à Anatole de recomposer, à partir des fragments illisibles des corps nus “capturés” dans l’enceinte des bains-douches, le corps entier de l’insaisissable Eros en personne… Hélas, tel Icare, Vasanpeine, s’était par trop approché de ce divin soleil…
Avec ce récit singulier et allègrement mystificateur, qui reconstitute un destin mi-fictif, mi-réel, Alberto Manguel donne un petit traité subversif du détail érotique, inattendu et savoureux, enchâssé dans une allégorique parodie du fantasme.
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