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Poussière du désert

Par larouge • Diez Rolo • Mardi 23/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1251 fois • Version imprimable

Poussière du désert
de Rolo Diez (Auteur)






 
Poche: 279 pages
Editeur : Gallimard (18 octobre 2001)
Collection : Série noire

Revoilà Carlos Hernández, le flic polygame de Mexico, jouisseur sympathique, rusé, fidèle en amour comme en amitié, mais «ayant tant d'amour à donner» qu'il est obligé d'avoir deux femmes car une seule, il pourrait la tuer. Un flic si honnête qu'il finance ses enquêtes avec le produit de ses magouilles. Cette fois, il fait l'aller-retour entre Tijuana et Mexico pour récupérer la dépouille d'une gamine morte d'une overdose au cours d'une partouze chic. Bien sûr, les choses se compliquent salement quand il apprend que la jeune fille appartenait à un chef du cartel de Tijuana et qu'elle avait un amant de coeur qui voulait l'emmener dans le désert pour la purifier... Comme dans L'effet tequila, Rolo Diez s'amuse à nous raconter un Mexique qui continue à faire ce qu'il peut pour maintenir sa tête hors de l'eau.

Un cadre, Le Mexique : celui de Tijuana à la frontière Californienne - trafics en tout genres, ceux qui entrent et ceux qui sortent, la foule des émigrants, la drogue -, et celui de Mexico, la ville immense, à facettes multiples, où la vie bouillonne au prix d'infinies débrouilles. Un narrateur à la première personne (personnage que Rolo Diez a déjà utilisé dans L'effet Téquila), flic à Mexico et qui, en tant que défenseur de la loi, est obligé de faire comme tout le monde : se débrouiller pour survivre et même pour travailler. Macho mexicain, il a deux maison, c'est-à-dire deux femmes ; la légitime et l'autre, cinq enfants au total qu'il faut entretenir. Sans compter une "gagneuse" qui lui rapporte un peu d'argent et des informations. Voici les ingrédients du dernier roman de Rolo Diez, La vida que me doy. Parti de Mexico pour escorter le cercueil contenant le cadavre d'une jeune fille morte au cours d'une partie dans des circonstances que la police ne souhaite guère élucider, l'inspecteur Hernandez se retrouve piégé dans Tijuana où le cadavre fait l'objet de diverses convoitises. De retour à Mexico, il ne peut que constater qu'il est tombé au coeur d'une affaire bien plus complexe qu'il n'y paraissait où se trouve mêlés gens de la pègre, policiers, indics, gens d'affaire et politiciens. Même son équilibre familial s'en trouve perturbé car intimidations et menaces déstabilisent ses deux foyers, le "grand" et le "petit". Au bout du compte, l'affaire sera élucidée, le flic et son chef félicités, mais bien sûr l'histoire sera un peu édulcorée pour éviter qu'il n'y ait trop de casse chez les notables. Ce bon polar, à l'intrigue rondement menée, avec un suspense bien ficelé, a les qualités qu'on connaît à Rolo Diez : l'acuité du regard porté sur le milieu, les petites phrases assassines qui sonnent juste lorsque la justice sociale est mise à mal. Hernandez, le flic-narrateur est tout à la fois un Mexicain moyen, que les compromissions n'effarouchent pas, tant qu'elles restent dans des limites acceptables - d'ailleurs sans le petits rackets et les petits chantages, le commissariat de police n'aurait aucun moyen de travail - qui est un fidèle infidèle, un patriote désabusé, un cynique au coeur tendre, et au bout du compte, sans doute un optimiste qui s'ignore. Ce livre est moins âpre que les précédents, mais a les mêmes qualités d'humour et les mêmes bonheurs d'écriture.
 

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