(Cette nouvelle est la suite dix ans plus tard de la nouvelle Maud, qui se trouve sur le livre Le Saint Cleptomane et la fille au vagin doré)
- Pendant des années, j'ai eu ton poème collé sur le mur, au-dessus de mon lit, dit-elle, mais son visage semblait délavé, comme si sur lui la beauté n'avait été qu'un vernis que les années s'étaient chargé de voler. « Comme si elle était morte et qu'on ne l'avait pas prévenue », pensa-t-il, avec une inutile cruauté. Et il sut que ça n'avait aucun sens, il eut envie de s'enfuir en courant mais, par fidélité au passé, il serra les dents et dit :
- Je vois que tu ne m'aimeras jamais comme je t'ai aimée.
Non, il était clair que ce genre de phrases n'était pas sa spécialité. Mais ce n'était pas non plus une situation simple : il espérait qu'elle ferait les gestes magiques, qu'elle prononcerait les mots interdits, qu'elle transformerait le passé, qu'elle ressusciterait les morts, qu'elle le libèrerait des remords et d'avoir rêvé d'être quelqu'un d'autre.
Oui, bien sûr, c'était peut-être un peu trop - même pour une fille solitaire.
- Je crois que ce n'était pas moi que tu aimais, mais une image, lui répondit-elle. S'il s'était agi entre eux d'une compétition de phrases abominables, cette fille l'avait définitivement surpassé. Aucun livre ne s'apitoierait jamais sur leur mémoire.
Immédiatement, il la détesta. Oui, ce qu'elle disait pouvait être vrai, mais ce n'était pas pour une analyse psychologique de son moi passé qu'il était là. Furieux, il décida de jouer le tout pour le tout.
lire la suite ici Maud II
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