de Rodrigo Fresan
Editeur : Passage du Nord-Ouest (6 septembre 2006)
Collection : PASSAGE DU NORD
Il est possible que Mexico soit une tumeur géographique. Ce qui est sûr et certain, c'est que cette ville ne cesse de grandir. Comment faire tenir tout Mexico dans un livre ? C'est ce que je me suis proposé de faire dans ce roman démontable qu'est Mantra. Je trouvais intéressant qu'un livre sur une ville aussi gigantesque qu'un pays puisse correspondre à la forme et à l'esprit qui l'avait inspiré. De là la monstruosité de Mantra, qui est presque une aberration littéraire où les narrateurs se transforment en d'autres narrateurs (le roman commence sur le récit d'une tumeur cérébrale et se poursuit dans la bouche d'un mort français qui raconte ce qui se passe dans un inframonde précolombien ; il se conclut entre les dents et la langue d'une sorte de momie-robot qui cherche son père dans les ruines futures d'un District Fédéral apocalyptique où le temps est circulaire et où les morts relatent l'histoire)...
J'irai même plus loin : je crois que Mexico est franchement une autre planète où culture terrienne et culture extraterrestre s'entrechoquent. [...] C'est un grand cut-up, un crack-up, un up-up en soi, un tremblement de terre permanent. "
à propos de Mantra:
Avec déjà six romans, Rodrigo Fresán s’affirme comme le plus doué des jeunes écrivains argentins. Pour preuve, son dernier livre, Mantra, un récit à l’humour féroce qui décortique la capitale mexicaine.
Parmi les nombreux romans qui traitent du Mexique, les meilleurs sont probablement anglais, et certains, nord-américains. D.H. Lawrence a écrit un roman volontaire, Graham Greene un roman moral et Malcolm Lowry un roman total, c’est-à-dire un récit qui plonge dans le chaos et essaie de lui donner un ordre. Peu d’écrivains mexicains contemporains, à l’exception peut-être de Carlos Fuentes et de Fernando del Paso, se sont lancés dans pareille entreprise, comme si un tel effort leur était interdit ou comme si ce que nous appelons le Mexique, qui est à la fois une forêt, un désert et une foule bigarrée sans visage, était un territoire réservé aux seuls étrangers. L’Argentin Rodrigo Fresán remplit cette condition, ainsi que d’autres, pour écrire sur le Mexique. Mantra est un roman kaléidoscopique, marqué par un humour féroce, parfois excessif, écrit avec une prose d’une précision rarissime qui se permet d’osciller entre le document anthropologique et les délires de fin de nuit d’une ville, celle de Mexico, qui se superpose aux autres cités de son sous-sol comme si elle était un serpent s’avalant lui-même.
Roberto Bolano
source: www.loeilauvert.com/blog/
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