Lumière de mai : Oratorio, édition bilingue français-espagnol
de Juan Gelman
Editeur : Le Temps des Cerises (1 janvier 2008)
Lumière de mai» ou «Junta Luz»
Une paire de cérises nous accueillent en plein milieu d'un blanc très large, après, tout le reste est poésie.
Cette oeuvre bilingue (français – espagnol) publiée par la maison d'édition «Le temps des cérises» nous offre un des plus beaux monuments littéraires nés du coeur et de la pensée du poète argentin Juan Gelman.
«Junta Luz» ou «Lumière de mai» est un oratoire à la vie ; ce n'est pas dieu, c'est la prière, le chant de celui qui ne peut pas oublier, de celui qui ne veut pas oublier.
Oeuvre qui date de 1982, elle est dévenue un des chants d'amour les plus célèbres du xx siècle : le chant de la mémoire et de la rébellion des Mères de la Place de Mai, leur lutte, leur résistance, leur histoire.
Traduit au francais par Monique Blaquière, cette oeuvre exemplifie la force creatrice dans l'oeuvre de Gelman, qui n'appartient pas seulement au publique hispanophone, mais aussi à la francophonie.
L'oeuvre reprend la structure de l'opera pour mettre en scène quatre espaces clefs à travers lesquels le poète dévoile son texte:
«Je vois la scène ainsi:
* au premier plan à droite : l'orchestre
* au premier plan à gauche : la mère et le choeur
* au second plan à gauche, derrière la mère et le choeur : l'arbre de la vie, qui est aussi la pyramide de la place de mai, les mères autour
* second plan à droite, plus élevé (que le précédent), une espèce de deuxième scène avec des constructions où apparaissent les flashs»
Gelman nous offre une alchimie entre la mémoire de la chanson reprimée et le questionnement existentielle, qui trouve comme seul abris l'écriture et comme seule réponse le poème.
Ses personnages sont des êtres d'une dimension symbolique qui entrent dans un jeu constant de transformations, invocations et réponses. La mère, qui est aussi la terre, ou bien la veuve noire, montée en colère avec son ventre kidnappé; le fils, le disparu, la lumière de mai, l'enfant qui dort et l'homme observé depuis ses propres entrailles ; et le pouvoir : cette sale machine de stupidité insatiable qui se voit représentée par la «Junta Militar» de la dictature qui a eu lieu dans l'Argentine des années septante - quatre-vingt.
La musique aussi assume un rôle capital, car Gelman l'évoque et la mélange avec originalité, en passant par la musique pre-hispanique, la musique chorale et le hard-rock, pour générer des diverses correspondances et des atmosphères tant intenses comme subtiles.
La vie et la mort deviennent la même chose dans ce chant et dans le temps est l'espace que le lecteur pourra consacrer a cette oeuvre majeure de la poèsie latinoaméricaine.
Derniers commentaires
→ plus de commentaires