Goya (bilingue)
de Rodrigo Garcia (Auteur)
de Rodrigo Garcia (Auteur)
Editeur : Les Solitaires Intempestifs (23 février 2006)
Début du livre (français) : Je préfère que ce soit Goya qui m'empêche de fermer l'oeil plutôt que n'importe quel enfoiré. Je préfère que ce soit Goya qui m'empêche de fermer l'oeil plutôt qu'Adidas, Findus, Volkswagen, la voisine, un salaud qui prétend être mon ami ou une connasse qui rabâche qu'elle m'aime. Si je n'arrive pas à fermer l'oeil de la nuit, bordel, autant que ce soit à cause d'un tableau de Goya. Et pas à cause d'une bagnole que je ne peux pas me payer. Ni parce que j'ai bouffé de la viande froide en conserve et que j'en suis malade. Ni parce que je m'y suis encore pris trop tard pour les soldes et que j'ai raté le moins cher du pire alors qu'on n'a pas les moyens d'acheter autre chose. En fait, la moindre connerie m'empêche de fermer l'oeil, ça me déprime tellement que je touche presque le fond. Et je déteste ça. A quatorze ans déjà, je m'étais dit : tu ne vas pas toucher le fond. Alors je me suis mis à acheter, à échanger, à emprunter des livres sans jamais les rendre, et à les voler comme un malade, partout et chez tout le monde : que ce soit la FNAC, la Casa del Libro, une bibliothèque municipale ou celle du père de mon meilleur ami. Qu'ils aillent tous se faire enculer.
Début du livre (espagnol) : Prefiero que me quite el sueno Goya a que lo haga cualquier hijo de puta. Prefiero que me quite el sueno Goya a que me lo quite Adidas, Pescanova, Volkswagen, la vecina, un gilipollas que dice ser mi amigo o una cabrona que repite que me quiere. Si no puedo dormir una noche, joder, al menos que sea por un cuadro de Goya. Y no por un coche que no puedo comprar. Ni por una lata de albôndigas que me zampé fria y me sentô fatal. Ni por haber llegado otra vez tarde a las rebajas a pillar lo mâs barato de lo peor, que era para lo que nos alcanzaba el dinero. Lo cierto es que me quita el sumo cada chorrada que me deprimo hasta casi tocar fondo. Y no me gusta nada. Con catorce afios, ya me dije : tû no vas a tocar fondo. Y empecé a comprar, intercambiar y pedir prestados y no devolver jamâs libros y a robarlos como un enfermo, de donde fuera y a quien fuera : da lo mismo la FNAC, la Casa del Libro, una biblioteca publica o la del padre de mi mejor amigo. Que les den por culo a todos.
Début du livre (français) : Je préfère que ce soit Goya qui m'empêche de fermer l'oeil plutôt que n'importe quel enfoiré. Je préfère que ce soit Goya qui m'empêche de fermer l'oeil plutôt qu'Adidas, Findus, Volkswagen, la voisine, un salaud qui prétend être mon ami ou une connasse qui rabâche qu'elle m'aime. Si je n'arrive pas à fermer l'oeil de la nuit, bordel, autant que ce soit à cause d'un tableau de Goya. Et pas à cause d'une bagnole que je ne peux pas me payer. Ni parce que j'ai bouffé de la viande froide en conserve et que j'en suis malade. Ni parce que je m'y suis encore pris trop tard pour les soldes et que j'ai raté le moins cher du pire alors qu'on n'a pas les moyens d'acheter autre chose. En fait, la moindre connerie m'empêche de fermer l'oeil, ça me déprime tellement que je touche presque le fond. Et je déteste ça. A quatorze ans déjà, je m'étais dit : tu ne vas pas toucher le fond. Alors je me suis mis à acheter, à échanger, à emprunter des livres sans jamais les rendre, et à les voler comme un malade, partout et chez tout le monde : que ce soit la FNAC, la Casa del Libro, une bibliothèque municipale ou celle du père de mon meilleur ami. Qu'ils aillent tous se faire enculer.
Début du livre (espagnol) : Prefiero que me quite el sueno Goya a que lo haga cualquier hijo de puta. Prefiero que me quite el sueno Goya a que me lo quite Adidas, Pescanova, Volkswagen, la vecina, un gilipollas que dice ser mi amigo o una cabrona que repite que me quiere. Si no puedo dormir una noche, joder, al menos que sea por un cuadro de Goya. Y no por un coche que no puedo comprar. Ni por una lata de albôndigas que me zampé fria y me sentô fatal. Ni por haber llegado otra vez tarde a las rebajas a pillar lo mâs barato de lo peor, que era para lo que nos alcanzaba el dinero. Lo cierto es que me quita el sumo cada chorrada que me deprimo hasta casi tocar fondo. Y no me gusta nada. Con catorce afios, ya me dije : tû no vas a tocar fondo. Y empecé a comprar, intercambiar y pedir prestados y no devolver jamâs libros y a robarlos como un enfermo, de donde fuera y a quien fuera : da lo mismo la FNAC, la Casa del Libro, una biblioteca publica o la del padre de mi mejor amigo. Que les den por culo a todos.
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