Je m'appelle José et ça me tue que les gens, surtout ceux que je ne connais pas, m'appellent familièrement Pepe. Et cette voix au téléphone, venant de toute évidence de très loin, en rajoutait:
- Pepe! braillait cette femme d'une voix métallique. Marcelo Farnizzi a été assassiné! Carmen vous demande de venir. C'est urgent!
J'étais jusque-là en train de mordiller un crayon en regardant par la fenêtre et de me demander quelle décision importante je serais capable de prendre. Du moins s'il y avait une décision à prendre. C'était bien là le problème: j'étais dans le brouillard, la tête vide, j'avais démissionné du journal, il me restait assez d'économies pour survivre sans grande dignité pendant deux mois et je me sentais comme un gosse privé de son jouet préféré, à qui on refuse de donner de l'argent pour aller au cinéma et qui risque par-dessus le marché de prendre des baffes s'il se met à râler. Ce qu'il sait très bien.
- Qui est à l'appareil? ai-je demandé, plus irrité d'avoir été appelé Pepe qu'attentif à la nouvelle que je n'avais pas encore assimilée.
- Peu importe, je suis une amie de Carmen… Carmen Rubiolo. Je vous répète qu'on a assassiné Marcelo et que Carmen demande que vous veniez. C'est urgent, Pepe!
Elle remettait ça! Mais, tout à coup, je venais de piger.
- Assassiné! Quand?
- Hier soir. On lui a tiré dessus à la porte de la maison. Carmen a très peur, vous comprenez? Et elle n'a que vous, Pepe. Venez, je vous en supplie!
- Dites-lui que je serai là demain, ai-je répondu tout tranquillement, avec un calme qui me semblait s'imposer. Après quoi, j'ai insisté pour connaître son nom et lui ai demandé l'adresse et le téléphone de Carmen à Zacatecas. Elle me les a donnés, ainsi que son propre numéro de téléphone, elle m'a dit qu'elle s'appelait Hilda Fernández et m'a encore donné du Pepe à trois reprises. Je l'ai détestée.
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