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entretien avec Damian Tabarovsky

Par larouge • Tabarovsky Damian • Dimanche 21/11/2010 • 0 commentaires  • Lu 1835 fois • Version imprimable

Damián Tabarovsky : Pour une littérature inutile



Diplômé en sociologie de L'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris, Damián Tabarovsky, né à Buenos Aires en 1967, a publié des essais, des romans et traduit des poètes et romanciers d'avant-garde. Il est aussi éditeur dans une des plus jeunes et plus inventives maisons d'édition de Buenos Aires. Rencontre, à l'occasion de la parution de son excellent nouveau récit tragi-comique "Autobiographie médicale".

Singulier Tabarovsky. Presque aussi connu dans son Argentine natale pour son travail de journaliste, d'éditeur et de polémiste que pour son oeuvre littéraire, ce francophile aguerri (il a étudié à Paris et a traduit Supervielle et Louis-René des Forêts en argentin) refuse absolument de séparer son amour de la théorie (sociologie, psychanalyse, structuralisme et post-structuralisme etc.) de sa passion pour la littérature. Récits d'idées et de pensées mais jamais d'opinions, ses romans « post-flaubertiens » et deleuziens en diable auscultent, désossent, déconstruisent les paradoxes de la psyché humaine aussi bien que ceux du monde contemporain (argentin, et plus si affinités). Ainsi, le protagoniste de son nouveau récit, Autobiographie médicale, ne cesse de rater le coche de la réussite professionnelle et sociale à cause de maladies intempestives survenant toujours à l'avant-dernier échelon de l'ascension. S'agit-il pour autant d'un roman moral, ou d'un roman d'apprentissage ? Heureusement pour la littérature, ni l'un, ni l'autre : à l'instar de ses personnages hébétés par le sort, le lecteur de Tabarovsky n'apprend rien. Tout au plus, il palpite, s'enivre de la brillance des analyses qui s'amoncellent et se contredisent, et se bidonne. Rencontre (en français) avec un amoureux du paradoxe, lui-même belle personne ambiguë.

Chronic'art : Au début de Autobiographie médicale, vous partez d'un paradoxe tout simple (le protagoniste du roman se rend à un examen pour passer son permis de conduire en voiture) pour évoquer le syllogisme, cette étrange règle de trois de la logique. C'est un bon point de départ pour résumer le projet du livre ?

Damian Tabarovsky : Dami, comme la plupart des personnages de mes romans, essaye de comprendre le monde. Mais ce qui m'intéresse le plus, ce sont les répercussions dans son esprit. J'écris des romans mentaux. Les personnages d'Autobiographie médicale ne sont pas Dami ou ses collègues, ce sont ses idées. Un autre personnage est le narrateur qui évoque ces idées. Bien sûr, c'est un jeu paradoxal, et le roman commence sur des phrases paradoxales : « C'était un après-midi venteux, très venteux. Il ne coulait pas une goutte d'air ». Aussi, le roman s'intitule Autobiographie médicale, mais il est écrit à la troisième personne. Et il suit un modèle de progression par la répétition, pour interroger le principe même de progrès. Il n'y a aucun développement, aucune action. Ma référence au syllogisme est ironique : plus on essaye de comprendre, plus on se perd. Dami ne comprend rien. Entre les lignes, il faut lire un commentaire sur la littérature contemporaine, et sur la division des formes. Dans ce récit qui n'est pas tout à fait un roman, il y a des éléments du roman. Mais aussi de l'autobiographie, de critique littéraire, de la satire. C'est très contemporain.

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source: www.chronicart.com/webmag/article.php

 

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