Ce que la nuit raconte au jour
de Hector Bianciotti (Auteur)
Poche: 425 pages
Editeur : Gallimard (7 juin 2000)
Collection : Folio
Pour qu’il y eût ce livre, il a fallu d’abord deux continents, et que des Piémontais, poussés par la pauvreté, émigrent et aillent défricher un coin de cette plaine illimitée que l’on appelle pampa, où le centre du monde se déplace avec l’homme qui marche.Il a fallu aussi qu’un enfant promis, tout naturellement, aux travaux des champs, déjoue le plan de ses parents et saisisse la seule chance alors offerte aux gens de son état : le séminaire, où l’attendent, pêle-mêle, amitiés particulières, musique, les livres, qu’il espérait tant, et la découverte de la langue française. Il a douze ans. Là-bas, en Europe, la guerre bat son plein, tandis que, ici, s’installe et prospère la dictature, bientôt celle de Perón et d’Eva Duarte, sous laquelle nul n’échappe à la surveillance et à la délation.Et c’est le meilleur ami qui, se révélant soudain être un mouchard haut placé, et voulant se le faire pardonner, offre à l’ancien séminariste le billet de bateau salvateur. Alors commence pour le narrateur l’exil, les poches vides, mais, au cœur, la certitude que, dans la liberté retrouvée, la vie pourrait, comme pour tous, ressembler à un destin.
Presque quarante ans après son départ de l’Argentine, Hector Banciotti se souvient des premières vingt-cinq années qu’il a vécues dans son pays natal. Il est né, en 1930, le sixième de sept enfants d’une famille de paysans dont les parents avaient quittés le Piémont pour défricher la grande plaine argentine. Les premiers souvenirs de Hector Banciotti remontent à l’âge de six ans, lorsqu’il commence à découvrir son petit monde encore bien fermé. C’est avant tout la grand-tante Pinotta, une vieille femme bien étrange, qui exerce une grande fascination sur le petit garçon. En même temps, il décrit la vie simple et laborieuse de ses parents et de ses frères et soeurs mais aussi les quelques événements exceptionnels qui font sortir la famille de leur vie quotidienne. A l’âge de sept ans, le garçon devient le bouvier de la famille, et, initié par un autre garçon, il s’adonne, dans la solitude de la plaine, à jouir de sa sensualité. A cette époque de sa vie, il découvre également la musique et, à l’âge de neuf ans, il va pour la première fois au cinéma d’où il sort tout-à-fait émerveillé. Pour lui donner une éducation scolaire, ses parents l’envoient à Villa del Rosario chez les Salésiens. Contre la volonté de ses parents, le garçon décide d’entrer au séminaire où il peut poursuivre sa passion pour la littérature et la musique. Plus qu’une amitié ordinaire le lie à un autre séminariste. Mais reconnaissant qu’il ne peut pas se vouer à l’église, il quitte le séminaire à l’âge de dix-huit ans et retourne pour quelques mois chez ses parents. Dans la petite ville, il travaille comme employé de bureau. Restant ensuite quelques temps à Cordoba, où il fait partie d’un groupe de jeunes intellectuels, il gagne enfin Buenos Aires. Après les premières misères, il y vit le bonheur de l’amour, mais, de cette ville, il garde avant tout le souvenir de la peur. C’est la dictature péroniste qui intimide les gens, et le jeune homme doit découvrir que son meilleur ami est un des mouchards. Pour se faire pardonner, celui-ci lui procure un billet de bateau, et le départ pour l’Europe promet une nouvelle vie.
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