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Cahiers de tout et de rien

Par larouge • Fernandez Macedonio • Jeudi 25/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1169 fois • Version imprimable

Cahiers de tout et de rien
de Macedonio Fernández (Auteur)







 
Broché: 131 pages
Editeur : Jose Corti (19 janvier 1996)
Collection : Ibériques Langue : Français

Dans son Macedonio Fernández, Borges écrit : “Au cours d’une vie déjà longue, j’ai côtoyé des gens célèbres : aucun ne m’a impressionné autant que lui ou comme lui… L’érudition lui semblait chose vaine, une façon grandiloquente de ne pas penser. Dans une cour intérieure de la rue Sarandi, il nous dit un soir que, s’il pouvait aller à la campagne, s’allonger par terre à midi, fermer les yeux et comprendre en se distrayant des circonstances qui nous distraient, il pourrait résoudre sur-le-champ l’énigme de l’univers. J’ignore si ce bonheur lui fut accordé, mais il l’entrevit certainement.”Après Papiers de Nouveauvenu et Continuation du Rien, ensemble de textes publiés en Argentine dans les années trente dans diverses revues, dont la célébrissime Proa, et qui s’articulaient autour du personnage donquichotesque de Nouveauvenu, les Cahiers de Tout et de Rien évoquent une nouvelle fois les titres ineffables d’Erik Satie (on pense aux Heures séculaires et instantanées, aux Aperçus désagréables ou aux Peccadilles importunes). Ils se présentent comme une suite de réflexions, d’aphorismes, de notations qui brassent dans un désordre exquis les thèmes chers à l’auteur. On y retrouve l’amour : “Aimer, c’est trouver chez un autre plus de grâce de vivre qu’en soi, ou du moins une grâce équivalente, si l’on en possède une très fine, délicate”, l’absurde : “– Je suis né le 1er juin 1874. – Et l’autre fois ? – Comment ? Je ne suis né que cette fois-là ! – Et cette unique fois vous a suffi jusqu’à présent ?”, Le poisson naufragé, le refus absolu de la médecine : “Avec les statistiques sur les accidents – y compris l’accident scientifique appelé "traitement médical", dont le chiffre est le plus élevé –, on s’aperçoit que Vivre est très dangereux : il faudrait chercher autre chose ; (…) Mon opinion n’implique pas de nier que l’on puisse mourir même sans remèdes ; (…) Arrêtez-vous, médecins, une trêve ! Les cimetières sont épuisés !”, la dérision : “Ce n’était pas qu’il fût laid, mais son visage allait mal avec sa physionomie. Avec la barbe, c’est-à-dire sans visage, sa figure était cependant assez gracieuse”, l’autodérision : “– Je vous vois un peu triste, mon ami. – Oui, je viens de publier un livre de vers et tout le monde l’a compris”, la distance extrême vis-à-vis de la chose politique : “Vouloir gouverner, c’est avoir envie d’être responsable de la pluie et de la non-pluie. L’envie de commander révèle l’infériorité et s’oppose à l’envie de convaincre ; ceux qui grognent d’obéir en ont davantage.”Écrits avec un désir manifeste de ne pas être lus par plaisir mais par nécessité (d’où un style souvent obscur, crypté, avec des répétitions, des constructions périlleuses, des raccourcis étonnants), les Cahiers mêlent l’humour à la gravité, la logique à l’absurde, la tendresse à l’ironie, nous laissant entrevoir l’extrême originalité de la pensée de celui que son éditeur sud-américain qualifie de génial Argentin.

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