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à propos de "Treizième Poesie verticale"

Par larouge • Juarroz Roberto • Mardi 30/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 1310 fois • Version imprimable

Un texte de Gérard Bocholier dans Le Nouveau Recueil, mars-mai 2003 La clé de la poésie de Roberto Juarroz se tient peut-être dans le seizième de ces vingt-six textes qui forment le volume posthume de Quinzième poésie verticale :Comment tamiser la distanceentre nous et l'absencepour trouver à la fin notre présence ?Roberto Juarroz n'aura cessé, dans cette œuvre unique, verticalement dressée au sommet de la solitude, d'essayer d'explorer cette distance, de la réduire sans jamais pouvoir la faire disparaître, distance entre les contraires, «la non pensée qui pense », « la pensée qui ne pense pas ». Il aura donné l'exemple de l'imagination la plus fulgurante alliée à la lucidité la plus vive, exemple très rare d'une poésie qui élève, à chaque page, selon la magnifique expression de Fragments verticaux « une espèce de musique du sens ».« Tout est médiation car ce qui est direct détruit ». Le poète est le médiateur par excellence. Il est celui qui joue des formes et des verbes comme d'un miroir qu'il oriente chaque fois différemment. Chaque reflet donne à voir une part de vérité, ou plutôt nous fait sentir combien la vie dépasse et défie n'importe quelle définition. « La furtive ambiguïté de la vie nous apparaît ainsi dans une œuvre qui n'a de monotone que l'apparence. Véritable poésie ininterrompue et infiniment diverse, elle touche chaque conscience par l'affirmation même de ses négations, comme si l'inquiétude qu'elle soulève était subtilement compensée par la certitude que « tout communique avec quelque chose ».Roberto Juarroz sait aussi que l'expression de ce lien essentiel qui unit toutes les choses et tous les êtres permet de fonder une authentique « sacralisation ». En un monde où « nous avons perdu les marées du silence [. .. I / la teinte de la pensée du silence / et même la pensée silence », son œuvre nous appelle au sacré parce qu'elle a su capter elle-même les appels de ce sacré en toute chose.À ce propos, il conviendrait de relire les passionnantes déclarations de son essai Poésie et réalité (Lettres vives, 1987) : « Il est urgent et indispensable de resacraliser le monde et de restituer à lvie sa transcendance originelle. Mais cette resacralisation, pour certains, ne peut plus s'effectuer que sur un mode laïc, sans dogmes, sans théologies niEglises. La poésie est la véritable resacralisation laïque du monde. »On sera tenté de voir dans cette Quinzième poésie verticale une sorte de testament, ou tout du moins de résumé d'une pensée et d'une poésie qui ont toujours cheminé ensemble, en osant prendre tous les risques face au mystère, avec pour seul instrument « la subtilité combinatoire » des transparences et des mots.

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