Dans les montagnes de Patagonie
par Isabelle Fiemeyer
Lire, mars 2002
L'apparence, voilà tout le propos de ce roman épistolaire. Depuis la Patagonie, la ville de Carmen de Patagones, Ambrosio de Lara, armurier de son état, adresse, le 24 mai 1810, une longue lettre au vice-roi d'Espagne. Il décrit les montagnes sans sommets, que l'on gravit éternellement, les ruisseaux qui grouillent de serpents, les gloussements des oiseaux nocturnes, buveurs de sang, les fornications des hommes et des animaux, des femmes et des requins, les «exhalaisons érotiques» de ces contrées lointaines, la folie sensuelle qui s'empare de chacun, la nature entière qui résonne de cris d'extase. Sur ce continent en formation, non achevé, «une main, parfois celle de Dieu, parfois celle de l'Autre, modèle des images de rêve et de cauchemar où le réel n'est qu'une illusion des sens». Se frayant un chemin parmi les rêves qui «ont la consistance de la pierre, de l'arbre et de l'eau», les hommes fraîchement débarqués se perdent bientôt dans la luxure ou dans les tourments d'une quête sans fin et d'une solitude horrible. Le récit un peu fabriqué, aux ficelles trop apparentes, a le mérite de nous transporter sous d'autres latitudes et de nous y maintenir, entre rêve et cauchemar. Saluons la puissance d'évocation d'Antonio Elio Brailovsky, professeur d'université et écologiste engagé en Argentine.
source: http://www.lire.fr
|
Recherche d'articlesArchives par mois
liens amis
|
Derniers commentaires
→ plus de commentaires