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à propos de "Lumière des cruelles provinces"

Par larouge • Tizon Hector • Samedi 25/07/2009 • 0 commentaires  • Lu 1203 fois • Version imprimable

Mauvais tours du destin en Argentine

par Alexie Lorca
Lire, mai 1999



Son passé «était tout ce qu'il n'avait pas réussi à être et ce n'était donc qu'un vestige, un simulacre de lui-même. (...) La vie n'était-elle donc qu'une lueur qui se perdait dans ces crépuscules imprévus?» Les lecteurs d'Héctor Tizón ne seront guère étonnés par cette réflexion que l'écrivain argentin prête à l'un des protagonistes de son dernier roman. Depuis L'étranger au village (Actes Sud, 1988), Tizón s'est fait le barde des existences fourvoyées, des impostures involontaires. Nous sommes au début de ce siècle. Sur les conseils pressants de son père, Giovanni décide de quitter le village pauvre où il est né pour aller tenter sa chance en Argentine. Il entraîne dans son exil sa jeune femme Rossana, qui porte leur enfant. Le couple végète plusieurs mois à Buenos Aires avant d'échouer dans un vaste domaine du nord-ouest du pays. Giovanni y meurt quelque temps plus tard. Seule avec son fils Juan, Rossana finit par épouser le vieux propriétaire du domaine. En adoptant Juan, ce dernier lui lègue son nom, ses terres... et son destin. Façonné pour l'existence qu'on lui a choisie, le jeune homme silencieux renonce à son premier amour, épouse une femme qu'il n'aime pas et se résigne à devenir un triste notable de province. Exilé de sa propre destinée, il finit ses jours dans la même solitude que son père adoptif, sans parvenir à retenir le seul être auquel il ait jamais tenu: sa fille Mali. Privé de cette seule preuve tangible de son existence, Juan s'apprête à partir sans dire adieu: «Ce serait ridicule. Je ne prendrai congé de rien parce que je crois que rien n'a existé.»
En contrepoint des ombres et des lumières qui écrasent les terres vertes et vides de ces provinces âpres, Héctor Tizón tisse des dialogues de murmures et de silences et compose un roman crépusculaire admirable de finesse et d'humanité.


source: http://www.lire.fr/critique.asp/idC=35735&idTC=3&idR=217&idG=4

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