Littérature Romans & Nouvelles
Les Enfants disparaissent de Gabriel Báñez La Dernière goutte 2010 / 16 €- 104.8 ffr. / 186 pages ISBN : 978-2-9530540-7-1 Traduction de Frédéric Gross-Quelen. Chronos l'anthropophage “Les enfants sont de l’énergie pure”, explique Macias Möll, héros malgré lui de ce récit qui se crée une place unique, entre enquête, satire et conte de fées. Horloger plus ou moins reclus, Macias consacre sa vie à l’observation du temps, soit avec les horloges qu’il répare en journée ou bien avec les livres philosophiques ou de mathématiques sur le temps qu’il lit le soir. Il se voit plutôt libéré que confiné par son fauteuil roulant, qu’il modifie sans cesse dans l’espoir de battre son temps record de descente sur la pente de la place à côté de chez lui. Ces descentes font partie d’un rite d’amitié unique qui lie l’horloger paralytique aux enfants voisins, qui se réunissent chaque soir lorsqu’il fait ses descentes, pour célébrer ensemble les records battus. Pour Macias, tout est une question de temps. Même quand les enfants commencent à disparaître... Ces disparitions mystérieuses, qui bousculent la tranquillité de la communauté, mettent Macias sur le devant de la scène, en attirant l’attention des policiers, des hommes politiques, des journalistes, et même des agents de pub. Des adultes qu’il comprend peu, fascinés qu'ils sont par la simplicité indéchiffrable de cet homme handicapé, le traitant souvent lui-même comme un enfant ; mais leur impuissance face au mystère et leur égoïsme les ridiculisent : on se demande souvent qui est le plus enfant ici ! Devenu malgré lui le porte-parole de sa communauté, Macias voit son existence tranquille constamment interrompue par les évènements ; il essaie quand même de se concentrer sur ce qui est, pour lui, l’essentiel : la relation entre l’espace et le temps, et surtout, le but ultime de son «entraînement», effectuer la descente en douze secondes. Gabriel Báñez se sert de cette histoire curieuse pour explorer les manifestations du temps dans les vies humaines. Des mesures du temps de toutes sortes sont tissées dans le texte, chacune jouant son rôle et apportant une relation possible : l’horloge, le cadran solaire, le chronomètre, le sablier... Les enfants eux-mêmes ne servent-ils pas aussi à mesurer le temps ? Parce que la relation particulière entre les enfants et le temps est au centre du tout. Est-ce que, comme Macias le dit, les enfants n’ont pas de conception du temps ? Existe-t-il un lien entre les secondes effacées de la descente et les enfants qui disparaissent, parallèlement «perdus» ? À travers le regard de Macias, Les Enfants disparaissent présente d’une manière unique la rationalisation d'un désastre aveugle. La présence sinistre du responsable de ces disparitions inexplicables reste une force invisible qui hante le récit, que les personnages approchent mais qu'ils manquent aussi, qu'ils contournent par leurs paroles sans queue ni tête, par des métaphores qui deviennent physiques, concrètes, coupables. L’imaginaire et le possible se confondent et le malheur inconnu, jamais regardé en face, devient abstrait : une question du temps... Margaret Besser ( Mis en ligne le 27/01/2010 )
source: parutions.com
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