VILLACEQUE AFLALLO, Sol.
“El juguete rabioso de Roberto Arlt ou le manifeste de la modernité urbaine. Une fleur du mal dans l’Argentine de la Mescolanza”
Thèse de doctorat (nouveau régime) : et. latino-américaines. Dir. Edmond Cros. MONTPELLIER 3 : 1996. [s.l.] : [s.n.]
MONTPELLIER-BU Lettres
Résumé :
Dans la perspective sociocritique adoptée, El juguete rabioso a été analysé dans sa matérialité langagière et dans le dialogue qu’il entretient avec le contexte historique de l’Argentine des années vingt où il a surgi.
Texte fondateur d’une nouvelle argentinité, il introduit dans la littérature nationale une pensée et des pratiques dissidentes. Dans ce roman inaugural se mettent en place des structures narratives et des constructions imaginaires inédites qui réapparaitront dans ce que Cortazar nomme le “grand récit unique” de Arlt. Parmi ces dernières, la fiction de “la ville encanaillée” va contribuer, tout autant que celles que le tango met en circulation, à la constitution du mythe de la Babylone portègne. Ce texte est également le lieu d’émergence d’une écriture radicalement subversive. Travaillant à partir de matériaux disparates, souvent dévalués, elle témoigne de la souffrance de la langue nouvelle en cours d’élaboration dans l’Argentine moderne de la mescolanza issue du processus immigratoire. En ce sens, Arlt partage avec Borges, qui travaillait d’un lieu idéologique antagonique, le rôle de fondateur de la prose Argentine moderne. On observe aussi comment s’opère dans le texte un travail d’amalgame et de déconstruction de discours hétérogènes.
L’analyse a fait affleurer ainsi des indices nombreux de la présence d’une contre-culture anarchiste. L’esprit du tango, lui aussi, habite ce roman, à une époque où ce produit de la culture de masse s’imposait comme l’expression la plus authentique du vécu des couches moyennes.
L’analyse a tenté, enfin, de mettre en lumière la fonction démystificatrice d’un texte qui démasque la stratégie d’occultation des fractures sociales, l’aliénation et les trahisons de la petite bourgeoisie à laquelle appartient le héros Silvio Astier, dont la conscience divisée est le théâtre d’affrontements idéologiques aux enjeux considérables.
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