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La pièce L’action se passe dans la première moitié du XIXe siècle, sous un régime sanguinaire. Un père, riche propriétaire terrien, cherche un précepteur pour sa fille unique adorée, Dolorès. Il le choisit bossu afin que ni elle ni sa mère ne s’éprennent de lui. Raphaël, le précepteur, par sa différence et son courage, inquiète. Il devient alors le jouet du sadisme de Firmin, l’homme de main du père. Mais Dolorès, promise à Pierre-Jean, s’émancipe doucement et découvre l’amour auprès de Raphaël. Par la Compagnie des Argentins. Texte français de Françoise Thanas. Cette pièce, dont l’action se déroule vers la fin du XIXe siècle, fut écrite et représentée sous la dictature argentine. Le texte dénonce le pouvoir absolu et dictatorial qui ne rencontre jamais d’opposition. Tout le spectacle est ponctué par le passage, en arrière plan, de la charrette contenant « les melons » (soit les têtes coupées des opposants au régime) Mais c’est aussi une pièce sociale qui évoque des problèmes de société actuels : - La position de la femme - La discrimination La mise en scène Une couleur : le rouge, tel un coucher de soleil flamboyant, symbole d’un monde en train de se consumer avant d’étouffer dans ses cendres. Symbole du sang coagulé s’échappant des «melons », les têtes coupées des victimes d’un régime totalitaire. Le rouge que l’on retrouve décliné dans les costumes de la caste dirigeante, selon le voeu de l’auteur. Le jeu des comédiens doit être sauvage, sans fioritures, sans apitoiement ni tristesse, tel un fouet qui claque et fend l’air. Aucune joliesse. Rien de ce qui est dit qui ne recouvre une vérité et son contraire. Les personnages se déplacent soit avec la brusquerie de la bête sauvage, soit avec la rapidité du serpent, soit tel un animal battu, chacun d’entre eux ayant une gestuelle, une démarche et une écriture dans l’espace qui lui est propre. La musique : aucune, de peur qu’elle n’apporte une quelconque échappatoire soit par un pittoresque, un exotisme ou un côté illustratif, donc redondant. Les aboiements de chiens et le roulement des charrettes chargées de « melons » seront les seuls éléments sonores récurrents. Sylvie Artel Les costumes Patricia de Fenoyl, Sabine Coquand (créatrices - costumières) Ayant eu accès au théâtre d’Amérique Latine grâce au travail de traduction et de diffusion de Françoise Thanas, j’ai tout d’abord désiré, en tant que comédienne, l’interpréter puis le monter en tant que metteur en scène, afin de le faire connaître. Certes l’appellation « Amérique Latine » est générique. Elle regroupe des identités diverses : ainsi le Venezuela n’est pas l’Argentine, pas plus que l’Uruguay n’est semblable au Chili. Chacun des pays hispanophones possède une langue qui lui est propre, une culture spécifique, une relation particulière avec ses racines indiennes plus ou moins importantes et un contexte économique et politique distinct. Théâtre riche, le théâtre latino-américain est un théâtre de pauvres où le « dit » n’a pas besoin de gadgets pour être. Ce théâtre repose essentiellement sur l’acteur. Il nous touche, nous européens, peut-être parce qu’il nous renvoie à notre propre Histoire. Pour nous comédiens il nourrit notre imaginaire, bouleverse nos conventions. « Le théâtre a besoin de jeunes comédiens… » écrivait Bertolt Brecht au début du Berliner ensemble. Assertion toujours valable, surtout en ce qui concerne le théâtre sud-américain, puisqu’il est important que les comédiens soient libres, vierges de toute idée préconçue, sans tabous. Face aux problèmes de métissage (culturels, linguistiques…) il faut des interprètes disponibles, venant même d’horizons différents mais ayant en commun avec ces pays d’au-delà de l’océan une énergie, un désir de dire, de communiquer, de partager, de (re)construire. Et cela « ici et maintenant », en dehors de toute coterie, de toute mouvance. Comme aurait dit Victor Garcia, metteur en scène argentin trop tôt disparu : pour la « vivance », en dehors de « l’esclavitude ». Sylvie Artel « L’important mouvement théâtral, en Argentine, prend sa source dans une lointaine tradition. Seulement, après la quasi-totale extermination des civilisations autochtones à laquelle se sont ajoutées la colonisation et l’immigration européennes, nous commençons seulement à nous insérer dans les valeurs, les malheurs et bienfaits que cette autre forme de civilisation nous a apportés. Nous donnons naissance à une culture métisse, dont la force est précisément dans le métissage. » Griselda Gambaro "Je suis très heureux de rejoindre toute la troupe de La Malasangre et de partir pour un voyage, qui j'espère, sera beau pour nous tous. J'aime le rythme d'écriture et la densité humaine de cette pièce. Elle nous fait balancer entre vérité nue et non dits rampants. Elle a quelque chose de viscéral. J'aime aussi l'idée que la tempête qui va changer le cours de l'ordre établi, peut venir de là où on ne l'attend pas, d'un simple et léger battement d'ailes de papillon, en l'occurrence celles que portent Raphaël. "C’est avec une grande confiance que je rejoins l’équipe de la Malasangre pour avoir partagé la même formation. C’est avec la Malasangre que j’entreprends ce rôle de la mère pour raconter l’histoire d’une femme traversée par la complexité de ses amours, entourée d’un monde violent et sans tolérance et pour mélanger ce monde à un amour de théâtre rougeoyant." Ebru Erdinc dans le rôle de la Mère "Avant de voir les différentes présentations des pièces sud-américaines montées par Sylvie Artel, je ne connaissais pas les auteurs argentins. Je suis frappée par l’écriture de La Malasangre (La Rage au ventre), parce qu’elle allie écriture « simple » et sujet grave, la dictature. Cet étonnant mariage donne tout d’un coup naissance à la violence de l’univers de la pièce. Le rôle du théâtre est de divertir tout en ouvrant d’autres horizons aux spectateurs. Jouer La Malasangre (La Rage au Ventre), serait alors faire découvrir un théâtre plutôt inconnu en France mais aussi servir la cause d’un texte qui prône la liberté et soulève le problème de ces régimes dictatoriaux encore trop présents aujourd’hui contrairement à ce que l’on aurait tendance à penser." Manon Montel dans le rôle de la fille Dolorès "Mon goût pour cette pièce est venu de la découverte de son auteur au travers de Comprendre un peu est chose nécessaire dont l'univers m’a séduit. De plus La Malasangre (La Rage au ventre) dénonce la terreur et la violence d'un pouvoir totalitaire ce qui lui confère une réelle portée politique. Elle est également un plaidoyer en faveur de la liberté d'expression et de l'acceptation des différences. Enfin, par leur densité, chacun des personnages reflète les différentes facettes de l'humanité et sont tous "C’est avec joie que j’ai accepté le rôle de Raphaël dans La Malasangre (La Rage au Ventre) et cela pour diverses raisons. Tout d’abord la mise en scène, connaissant le travail de Sylvie Artel pour avoir été son élève, je suis certain que nous irons explorer ce texte en partant de nous même pour en exprimer la plus profonde substance. Ensuite l’équipe constituée d’amis, véritables camarades de jeux et dont la bienveillance me remplit de cette confiance si nécessaire à la création. Enfin, pour finir avec le commencement, le texte tranchant comme une lame, vibrant comme un instrument aux accents et aux rythmes d’une Amérique Latine qui m’est proche. Le texte dans lequel la vie des personnages est à la fois suspendue à un fil et tellement lourde de menace et où l’infirme n’est peut-être pas celui auquel on pense." Mathieu Coblentz dans le rôle de Raphaël "Dire oui à un tel projet parait évident. Défendre, humaniser le rôle de Pierre-Jean, moisissure camouflée d’une belle et élégante apparence. Vivre dans ce huis clos, révélateur atemporel d’une société totalitaire. Intervenir dans une histoire, avec des personnages d’une telle intensité qui ont des rapports si forts. Il y a des univers au théâtre avec lesquels on a envie de partager l’aventure en tant que comédien, c’en est un." Xavier Delcourt dans le rôle de Pierre-Jean |
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