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A propos de la comtesse sanglante

Par larouge • Pizarnik Alejandra • Dimanche 12/07/2009 • 0 commentaires  • Lu 1237 fois • Version imprimable

A propos de la comtesse sanglante
de Alejandra Pizarnik (Auteur), Jacques Ancet (Traduction)






 
Broché: 42 pages
Editeur : Editions Unes (décembre 1999)
A propos de la comtesse sanglante
(traduit de l'espagnol et préfacé par Jacques Ancet)

Oui, Jacques Ancet a raison. Il convient de prévenir le lecteur. A propos de la comtesse sanglante d'Alejandra Pizarnik vaut par lui-même et pour ce qu'il nous apprend des hantises qui traversent sa poésie, peu traduite encore en France, notamment celle de la mort. A quoi je rajouterai volontiers qu'il a cette qualité de présence qu'ont les écrits qui s'arrachent tout saignant de la vie et dont "chaque mot dit ce qu'il dit et plus encore et autre chose aussi".D'Alejandra Pizarnik on ne saurait dire telle vie, telle œuvre comme on le dit souvent mais bien telle œuvre, telle mort. Alejandra Pizarnik rejoignit ses poèmes le 25 septembre 1972. Son sang la noya. A moins que ce ne soit le seconal qui le glaça.Le sang ! Celui qui brille dans tant de nos expressions ! Sang de la vie et de la mort.Erzsébet Bathory ne pouvait que fasciner Alejandra Pizarnik.La comtesse - ses "dents de loup" - et ses quelques 600 victimes. Toutes des jeunes filles. Toutes torturées. Toutes saignées. La comtesse et sa hantise de la mort. Du vieillir. La comtesse qui se baignait dans le sang des vierges pour rester jeune et belle . La comtesse et "la beauté convulsive" de son combat. De son affrontement à l'impossible : "nul jamais ne voulut à ce point ne pas vieillir, c'est-à-dire mourir. C'est pourquoi elle représentait et incarnait peut-être la mort ; Car, comment la mort pourrait-elle mourir ?". La comtesse et son silence : "assise sur son trône" et qui "regarde torturer et écouter crier". La comtesse et son miroir, habitante du pays froid des reflets. La comtesse et sa mélancolie, ce mal du XVIème siècle.Alejandra Pizarnik pouvait-elle ne pas s'identifier à la comtesse ? Entendons-nous. L'une tue pour se maintenir en vie, l'autre écrit pour la même raison. L'une croit dans les vertus régénératrices du sang humain, l'autre se fait un sang d'encre. Les deux occupent la place de la mort. Si elle est "la Dame qui ravage et dévaste tout comme et où elle veut" quand elle prend les traits de la "Dame des ruines", elle est celle qui "(dit) un mot sans jamais cesser" de ne pas le dire, celle qui interdit aux "mains de poupées" d'Alejandra Pizarnik de se mêler aux "touches" et d'entrer "dans le clavier pour entrer dans la musique et pour avoir une patrie".Alejandra Pizarnik restera donc parmi nous. Noir sur blanc. Présente dans les pages qui accueilleront ses écrits, leur amour sans fin du silence et du "langage des corps".
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