L’origine de la tristesse – Pablo Ramos
Un bande de gamins zonent dans les rues du quartier du Viaduc à Buenos Aires à la découverte des mystères de la vie des adultes : l’alcool, le sexe, mais aussi l’argent qui manquent, la déprime, la douleur, les frustrations et enfin la mort qui les libère la mue de l’enfance pour les confronter brutalement à la vie d’adulte.
L’Epervier, Gabriel, ce gamin du quartier du Viaduc, un quartier populaire de Buenos Aires, veut, cette année pour la Fête des Mères, faire un plus joli beau cadeau à sa maman car elle est enceinte. Alors, il va fomenter quelques combines plus ou moins sordides dans un cimetière, avec son pote habitué de ces pratiques, pour gagner les quelques pesos nécessaires à son achat. Et, à travers toutes ces petites combines, il va découvrir, la débrouillardise, la ruse, la malice mais aussi la douleur, l’hypocrisie et la mort.
C’est ainsi qu’il entreprend, un délicat voyage vers l’âge adulte en franchissant les limites de l’enfance sans passer par la case adolescence et en découvrant le monde des grands plus vite que lui et sa bande ne le pensaient. Et, il nous raconte leurs expéditions orgiaques pour se procurer ce fameux vin des Berges, si doux et qui fait planer ces jeunes consommateurs, comment ils pensent trouver l’argent nécessaire pour payer les putes qui vont leur apprendre la chose et calmer leur corps en ébullition, l’école qui n’est pas franchement marrante mais il peut, parfois, y avoir des jeunes maîtresses qui excitent leur libido en pleine effervescence. Mais la fin de l’enfance c’est aussi, la découverte du manque d’argent, des tensions familiales, de la dépression, des choses honteuses qu’il ne faut pas dire et puis de la mort qui les prend par surprise pour leur faire comprendre que l’âge adulte les attend maintenant avec toutes ces dures réalités.
C’est la vie que Pablo a connu lui-même dans les rues de Buenos Aires qu’il veut nous faire découvrir à travers son P’tit Gibus à la mode argentine qui est plein de malice et de débrouillardise, habillé de l’insouciance et de l’inconscience de son âge et aussi à la recherche d’un peu plus de tendresse et de l’amour qu’il n’a pas forcément dans sa famille qui tire le diable par la queue. C’est un jolie histoire pleine d’émotion que nous raconte Pablo dans le langage des enfants qui mûrissent dans la rue, sur fond d’Argentine qui court directement vers l’une des plus grosses crises économiques de son histoire où, depuis Péron, rien ne semble avoir été fait et où la pollution réussit même à mettre le feu à une rivière.
Certains diront que c’est un roman initiatique, de biens grands mots pour évoquer cette bande de joyeux lurons qui veut jouer aux hommes et qui un jour se retrouve comme des adultes sans s’être rendu compte de ce qui lui arrivait. « Et c’est alors que j’ai su : c’était la fin, j’étais en train de vivre la fin de ce que je viens de vous raconter. » Se retrouvant seul devant leur avenir, avec pour tout bagages, l’expérience de la rue, quelques convictions et une certaine idée de la vie forgée dans la douleur, « la mort n’est pas le contraire de la vie : c’est vivre comme un mort qui est le contraire de la vie. »
source: voyages.ideoz.fr/lorigine-de-la-tristesse-pablo-ramos/
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