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à propos de "L'invention Morel"

Par larouge • Bioy Casares Adolfo • Jeudi 18/06/2009 • 0 commentaires  • Lu 597 fois • Version imprimable

Le sujet de ce roman que Borges, dans sa préface, estimait être l'un des plus ingénieux des lettres modernes, demeure toujours d'une originalité hors pair. Dans une île déserte, un justiciable en fuite découvre des choses fantastiques. Répétées à l'infini, les images des anciens habitants de l'île parcourent le paysage, figées dans un discours éternel. L'amour du fugitif envers un des mystérieux personnages le conduira à découvrir Morel et sa machine infernale, puis à intégrer son monde. Un roman qu'il ne faut pas se contenter de ne lire qu'une fois, un petit chef-d'oeuvre.
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Ce roman fantasmatique a inspiré Robbe-Grillet et Resnais pour le film L'année dernière à Marienbad. On le lira cependant avec intérêt, même si on connaît les distorsions temporelles et les reconnaissances impossibles qu'a bien traduites le cinéma, à cause de certains détails qu'il a laissés dans l'ombre et qui donnent à ce texte une singulière résonnance.

Son œuvre majeure, L'Invention de Morel, date de 1940 ; elle était préfacée par Jorge Luis Borges, dont il était l'intime et avec lequel il publia plusieurs livres. L'histoire rappelle moins L'Ile du docteur Moreau, comme on l'a parfois prétendu, que l'univers de H.-G. Wells : une île oubliée, des survivants, un fugitif, un savant fou, une machine fantastique et la mort qui plane - ingrédients d'une « œuvre d'imagination raisonnée », assurait Borges, qui n'hésitait pas à la qualifier de « parfaite ». Officiellement, Bioy Casares, fils d'un estanciero argentin d'origine béarnaise, ne s'engagera dans aucun camp, fidèle à sa réputation solide - et justifiée - de dilettante et de dandy.
Mais le fantastique constitue souvent un révélateur efficace des sociétés étouffées par un pouvoir dictatorial. En témoignent jusqu'au cauchemar d'autres romans de Bioy Casares : Plan d'évasion (1945), où un officier de marine débarque à l'île du Diable comme commandant adjoint du bagne et s'aperçoit que son supérieur réalise des « expériences » sur le cerveau des détenus afin de les « libérer » ; et surtout le Journal de la guerre au cochon, qui met en scène des jeunes gens qu'un démagogue pousse à lyncher les vieux - les « cochons ».
Largement traduits en français (Editions Robert Laffont) et bien représentés dans les collections de poche (notamment 10/18 et Points/Seuil), huit romans de Bioy Casares ont été regroupés dans un volume de la collection Bouquins, présenté par Michel Lafon.
© http://www.karimbitar.org/

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