Le roman se situe en Argentine alors que s’organise la résistance à la dictature dans la fin des années 1970. L’auteur a fait le choix de faire parler un jeune garçon qui vit chez ses grands parents et se souvient des mois de clandestinité qu’il a vécu avec ses parents et son jeune frère.
Le premier souvenir dont fait état le jeune héros sera celui de son père qui lui confie, avant de disparaître, comme un secret entre eux, un dernier mot, « Kamchatka », nom d’un pays à conquérir dans son jeu préféré.
Puis, il relatera le début de la clandestinité, comment sa mère vient le chercher à l’école et l’emmène, avec son frère à la campagne.
La vie s’organisera alors loin de Buenos Aires, des habitudes et des amis.
L’enfant prendra alors cette clandestinité comme un jeu reprenant le nom de ses héros et s’imaginant dans une vie avec de « supers pouvoirs » à la hauteur de son idole, un magicien.
A travers chaque chapitre, calqué sur les différentes matières étudiées dans une journée scolaire, l’enfant nous présentera ce qui constitue son univers familial - ses parents, son frère, qu’il surnomme « le lutin » ( chapitre « biologie ») - le lieu où ils sont réfugiés (« géographie »). Petit à petit, les descriptions du climat politique deviendront plus criantes, relatées dans des chapitres qui s’intensifient en symboles… « histoire »… « langage ».
D’un rythme assez lent et d’une histoire enfantine presque banale : jeux, jalousies et frayeurs d’enfants, découverte de la nature …, on s’enfoncera alors vers une analyse plus psychologique du jeune héros et une traduction de ses émotions lorqu'on apprendra alors la disparition de ses parents.
Ce roman dénonce de façon poignante le régime dictatorial de l’Argentine d’autant plus qu’il vient contrarier l’amour de cet enfant pour ses parents. L’évocation du souvenir donnera à cette histoire une résonance d’une rare puissance émotionnelle. Chaque description et chaque portrait revient vous hanter vous faisant alors bien comprendre l’impact de cette politique sur la vie de personnes et l’intensité de leur souffrance. B.N © D.R.
La toile de fond du second roman de Marcelo Figueras c’est l’Argentine de 1976, l’année du coup d’état des généraux.
C’est à travers les yeux d’un petit garçon que Marcelo Figueras évoque cette époque : Harry a dix ans, son père est un avocat qui défend les prisonniers politiques, sa mère est docteur ès physique et tous les deux ne partagent pas les idées des gens au pouvoir.
Son petit frère surnommé « Le Lutin » est un grand amateur de Nesquik et de Roger Moore dans la série télévisée « Le Saint ». Au mois d’avril ils doivent quitter précipitamment leur appartement de Buenos Aires, embarquant dans la 2CV verte familiale pour partir quinze jours à la campagne vivre dans la clandestinité.
Tous les quatre choisissent une nouvelle identité et jouent à être une autre famille : les Vincente. Harry se souvient de ces deux semaines si particulières de son histoire personnelle tantôt avec les yeux de ses dix ans, tantôt avec ses yeux d’adulte : les parties de Risk avec son père, « le sourire désintégrateur » de sa mère, les manies et les lubies du Lutin, les silences embarrassés de ses parents ou leur accès de stress à certains moments.
C’est la grande force de ce roman, Figueras nous fait sourire, rire et pleurer. Ce roman est un vrai bonheur.
Aude Samarut, le Merle Moqueur
Le Merle Moqueur - Paris 20e, le 19 décembre 2007
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