‘Grande fugue’ est le récit d’un retour aux sources. Celui de Gutiérrez, qui après 30 d’absence, revient dans la Santa Fé chère à Juan José Saer, celle qui habite chacune de ses oeuvres. Mais aussi celui de Nula, le nouvel ami qui cherche à démêler les fils d’un passé trouble dans lequel la fille de Gutiérrez est impliquée. Autour d’eux, une nuée de personnages tissent une réflexion autour d’époques révolues qu’ils se refusent à admettre comme telles. ‘Grande fugue’ est composé de sept jours. Le dernier, lundi, ne comporte qu’une seule phrase : l’auteur a entre-temps passé l’arme à gauche. Le reste de la page demeurera d’une blancheur immaculée, comme s’il avait laissé le soin à chacun de se projeter, encore, comme s’il nous tendait à nouveau un miroir qu’il nous convient désormais de compléter. Cette oeuvre posthume est à l’image des précédentes : des techniques narratives maîtrisées côtoient une multitude de points de vues, sur fond de quotidien, de questionnements, de silences qui cachent la difficulté à oublier. Car pour Saer, la réalité n’existe pas : seul le passé a vocation à éclairer le présent, à rassembler les êtres, à donner du sens à nos actes. Un livre d’une grande sagesse, d’une infinie beauté, qui inscrit définitivement l’auteur dans la lignée des grands de ce siècle.
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