El Silencio, de Horacio Verbitsky
"El Silencio" Horacio Verbistky Editorial Sudamericana 256 pages Buenos Aires 2005
"Je sentais la nécessité de plonger dans cette histoire pour comprendre ce qu'il s'est passé dans notre pays"
Tout paraissait être prêt. Les hôtes étaient convoqués, la tente face à la Mairie de Morón était montée, les photos et les vidéos qui refléteraient ce coup d'État de 1976 avaient une fonction spécifique : commémorer cette date, qui a sonné le départ à une des périodes les plus sanglantes et obscures de l'Argentine, et éviter ce qui presque toujours arrive aux argentins, le manque de mémoire. Tout paraissait être en ordre mais personne avait prévu un important facteur : le temps.
Le rendez-vous était le lundi 28 mars sur la Place de Morón. Il manquait une demi - heure pour que commence la présentation du livre "El Silencio" de Horacio Verbitsky et la pluie torrentielle ne s'est pas faite attendre. Après une heure, le journaliste Horacio Verbitsky a cassé la glace en disant "la pluie n'était pas programmée par la Commune, toutefois la tente résiste... Il paraît que l'intendant (de Morón) Martín Sabbatella fait bien les choses ". Le rire s'est installé dans la salle et un bon climat a à nouveau régné.
El Silencio (le silence)
Le mot silence a de multiples connotations : il signifie le fait que quelqu'un à un moment déterminé ne dise rien ; il peut aussi être utilisé comme instrument de pouvoir, ce qui est signe de peur, d'insécurité et de méfiance ou bien le silence est signe de ce qui est imprévisible et difficile à interpréter.
Dans ce cas, l'auteur du « Vol » révèle le mode opérationnel de l'Armée pour dissimuler un groupe de prisonniers dans l'île du Tigre appelée "El Silencio" (le silence), lieu d'agrément du cardinal archevêque de Buenos Aires, quand la commission Interaméricaine des Droits de l'homme a visité l'École de Mécanicien de l'Armée (ESMA) en 1979, et dévoile l'existence d'un camps de concentration dans une propriété ecclésiastique.
Interview :
Horacio Verbitsky est né en Argentine en 1942 et est journaliste depuis 1960. Depuis 1987, il tient une chronique politique hebdomadaire pour le quotidien Pagina 12 de Buenos Aires. Il a publié de nombreux livres comme "Ezeiza", "Rodolfo Walsh et la presse clandestine", "Un monde sans journaliste", entre autres. La Latin American Studies Association (LASSE), qui réunit les académiciens les plus renommés du monde spécialisé dans la région, lui a décerné son prix 1995/96 dans la catégorie médias, en reconnaissance "de la meilleure couverture journalistique de long terme en Amérique latine", pour "son comportement pendant le régime militaire de 1976 à 1983, quand il a joué un rôle essentiel, dans les enquêtes sur les violations des Droits de l'Homme par des forces militaires et paramilitaires et dans le procès ultérieur des responsables".
Pourquoi avez-vous choisi de faire des recherches sur ce sujet ?. telles furent quelques unes des questions du public. "Je sentais la nécessité de me plonger dans cette histoire pour comprendre ce qu'il s'est passé dans notre pays et fondamentalement comprendre le rôle de l'église. J'ai toujours voulu en outre écrire une histoire et comprendre comment il a été possible que cela arrive, c'est pourquoi je me suis concentré sur le sujet de l'église ", a expliqué le journaliste de Pagina 12.
Quel était le concept de l'Église durant les années 60 ? "Toute la vie humaine doit être régie par les principes de l'Église et les civils doivent respecter les percepts de l'Église". Sûrement tel était le mandat de l'Institution Ecclésiastique, mais plus encore Horacio Verbitsky décrit dans son livre "la fascination du mal dans une institution dont le but déclaré est de faire le bien".
Le maire de Morón, Martín Sabbatella a fermé la séance avec cette phrase "nous devons être des protagonistes de la construction d'une société différente, une société avec des citoyens dotés de droits civils, politiques, économiques et sociaux, dans laquelle l'État promeut et garantit ces droits. Cette société ne devra-elle pas se développer sur le mensonge, ni sur l'absence de mémoire, mais sur la Vérité et la Justice, parce que le futur habite dans la mémoire ".
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