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à propos (3) de "La mort lente de Luciana B."

Par larouge • Martinez Guillemo • Lundi 19/10/2009 • 0 commentaires  • Lu 1377 fois • Version imprimable

02 octobre 2009

Guillermo Martinez, un vrai n° 10 sud-américain

360_guillermo_martinez.jpgDirection l'Argentine ! Mais avec Guillermo Martinez, on n'est pas dans la découverte exotique ou le polar touristique. De Buenos-Aires ou des salines de l'altiplano, où se déroule "La mort lente de Luciana B.", on ne fait que deviner les contours flous.

Ce suspense psychologique qui tient à la fois d'Alfred Hitchcock et de Jorge Luis Borges, gloire littéraire nationale, repose sur l'affrontement intellectuel entre trois personnages, une femme et deux hommes, dont on ignore lequel berne les autres. Transposé au théâtre, trois comédiens et deux chaises suffiraient à la mise en scène. Un roman noir cérébral qui se dévore d'un trait, jusqu'à la révélation finale.

Luciana B.jpgLes deux personnages masculins de "La mort lente de Luciana B." sont écrivains. La jeune femme est la secrétaire à laquelle ils dictent leurs livres. Leur double rivalité, créative et amoureuse, aveugle le narrateur. Doit-il suivre Luciana lorsqu'elle croit voir dans la mort qui frappe autour d'elle la marque de son adversaire, auteur admiré, hautain, calculateur, mais lui aussi frappé par une tragédie familiale ?

Guillermo Martinez enchaîne ainsi les monologues où chacun confesse tour à tour ses justifications. Petit à petit, il y insuffle cette petite musique qui a déjà fait un succès planétaire de "Mathématiques du crime", le troisième de ses quatre romans, porté à l'écran sous le titre "Crimes à Oxford" avec Elijah Wood et John Hurt.

Brillant, Martinez l'est tout autant comme mathématicien que comme écrivain. Un profil rare. Ici, il sème le doute chez le lecteur en l'amenant à réfléchir sur la loi des séries, sur la réalité du hasard, sur les apparences trompeuses. En plein brouillard, incapable de cerner qui ment de Luciana ou de son rival, le narrateur se met à tirer à pile ou face en répétant son geste à l'infini et en notant le résultat : des suites apparaissent. En est-il de même des événements ou des malheurs qui jalonnent une vie ?

"Celui qui cesse de croire au hasard commence à croire en Dieu", songe le personnage principal. A sa manière, dans une sorte de défi littéraire et intellectuel, jonglant avec son récit, avec les peurs et les arrières-pensées du trio, comme un numéro 10 maradonesque jonglerait avec le ballon, Guillermo Martinez se glisse dans les habits d'auteur de polar pour mieux cerner l'âme argentine.

"La mort lente de Luciana B.", de Guillermo Martinez, Nil éditions, 250 pages, 19€ 

Auteur: Philippe Lemaire

source: blog.leparisien.fr/planete_polars/2009/10/guillermo-martinez-un-vrai-n-10-sud-americain.html

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